"L'étoile du soir" de Siècle Vaëlban
L’histoire : Le vrai courage, c'est de dire au revoir. Si on ne sait pas dire au revoir, on n'ose jamais aimer.
Fille de la montagne, Kinjal entend le chant des pierres et le murmure des arbres. Chaque soir après l'école, elle court retrouver ses parents et sa grande sœur, la belle Chadna, si parfaite... Mais bientôt, la vie de Kinjal bascule : sa sœur est victime de la maladie des fleurs de chair. Sa rencontre avec Étoile du Soir et Petit Matin, deux panthères des neiges, aidera-t-elle Kinjal à retrouver son chemin ?
La critique de Mr K : Belle découverte que je vous présente aujourd’hui avec ce roman jeunesse qui s’apparente à un conte initiatique et qui m’a littéralement transporté et enchanté. L’Étoile du soir de Siècle Vaëlban est le genre d’ouvrage qu’on ne peut relâcher une fois qu’on l’a débuté.
Kinjal, une petite fille des montagnes indiennes de neuf ans est l’héroïne très attachante de ce récit, elle vit avec ses deux parents et sa grande sœur Chadna. Très douée à l’école, intelligente, vive, curieuse et sensible, Kinjal aime plus que tout comprendre le monde et en faire partie. Pour se rendre en cours, tous les jours, elle doit traverser la forêt sacrée pour aller sur l’autre versant de la montagne d’or. Elle se plaît à croire qu’elle communique avec la nature et les esprits qui l'entourent. Un chant d’oiseau, le bruissement d’un ruisseau, la disposition des pierres sont autant de signes parlant pour elle et qui nourrissent sa vie.
Tout bascule lorsqu’un soir rentrant chez elle, on lui annonce que sa sœur est atteinte d’un mal incurable. Son monde bascule, la grisaille envahit sa vie et l’école devient secondaire alors que jusque là c’était l’endroit où elle s’épanouissait le plus. La tension au sein de la famille monte, Kinjal souffrait déjà de la comparaison avec sa sœur et le compte à rebours funèbre semble ne faire qu’accentuer incompréhensions et jugements entre ses géniteurs et elle. Lors d’un retour à la maison, elle va rencontrer une panthère des neiges et ses deux petits. Moment effrayant mais aussi magique, que peut-il signifier ? Sans doute quelque chose d’important en corrélation avec le drame qui se joue à la maison, tout est lié dans le mysticisme oriental et si Kindjal pouvait tout changer en passant un accord avec les puissances de la montagne ?
Dès le premier chapitre, l’auteure nous tend la main et nous propose un voyage à nul autre pareil. Le récit initiatique a cette vertu de nous parler de manière universelle et cet ouvrage en est une très belle illustration. Le personnage de Kinjal à travers la terrible épreuve qu’il traverse nous offre une belle leçon d’existence à la lumière des divers thèmes traités avec finesse, douceur et une humanité à fleur de mots : la famille et ses relations complexes, l’apprentissage de la vie avec son lot d’espoirs et de déceptions, les rites de passage qui nous construisent en nous éprouvant, l’empathie et la compassion envers autrui et la nature qui nous environne et devrait nous inspirer. Et puis le deuil, l’approche inéluctable de notre fin qui ici prend un parfum très particulier car vécu par un être innocent, pur.
Malgré cette épée de Damoclès au dessus de notre tête, ce roman est porteur d’espoir, de beauté. Entre les descriptions oniriques de la montagne, les scénettes familiales parfois bien enlevées et le passage à l’école, l’écriture nous berce, nous accompagne avec de belles révélations, des échanges emplis de sagesse sans pour autant tomber dans le cliché ou la morale prosélytique. C’est tout simplement juste, équilibré et profond. Cette magie pourrait bien changer le monde et on se prend à y croire par moment (même s’il y a du travail).
L'étoile du soir fut donc une superbe lecture que je vous conseille grandement de découvrir à votre tour. L’ouvrage peut se lire à partir de 10 ans et procure un bonheur de lecture rayonnant. Ça fait du bien par les temps qui courent !