Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
14 septembre 2023

"Abi et les enfants perdus" d'Alexandre Feraga

couv8672894

L’histoire : Abigaïl, je ne sais pas comment tu as pu entendre parler de ces enfants, mais... il ne faut pas s’amuser avec leur histoire.

Abi et sa famille s’installent dans la petite ville de Mandore pour démarrer une nouvelle vie, au milieu des collines et des forêts. Entre une vieille ferme à retaper et des amitiés à recréer, elle prend peu à peu ses marques. Une étrange rencontre avec deux garçons bouleverse bientôt tous ses repères. Abi s'apprête à découvrir les mystères de Mandore…

La critique de Mr K : Chronique d’un ouvrage de littérature jeunesse aujourd’hui avec ce très beau livre à l’écriture fine et l’héroïne attachante. Dans Abi et les enfants perdus, Alexandre Feraga nous invite à suivre les débuts difficiles d’une jeune fille déracinée, confrontée à des difficultés d’intégration et à d’étranges manifestations paranormales. Mêlant habilement chronique adolescente et fantastique, ce roman se lit d’une traite avec un plaisir qui ne se dément jamais.

Abigaïl et sa famille débarquent donc à Mandore, petite bourgade champêtre où ils recommencent leur vie. On apprend très vite que la mère, architecte de profession, est dépressive et que ce nouveau départ doit lui permettre de rebondir. Le projet de vie est séduisant, c’est une vieille maison et des dépendances à retaper avec l’idée d’aménager une salle de fête avec accueil de musiciens. Le papa, élagueur et amoureux de la nature, est dans son élément et très vite le frère d’Abi fait son trou entre son groupe de musique rock et une petite amie dont il est très épris.

Pour notre héroïne la transition est plus difficile. Elle a du mal à se faire des amis et n’a comme copine que Carmen, une fille rejetée de tous au caractère bien trempée et qui ne trouve pas sa place non plus. À la maison, ce n’est guère mieux, Abi se sent isolée dans le quatuor familial, elle se pouille régulièrement avec son frère, son père est plutôt effacé et laisse les choses se dérouler sans intervenir. La mère est aux abonnés absents au début du récit. Mais surtout, Abi commence à percevoir d’étranges choses. Des musiques qu’elle seule entend, des flash lumineux et la rencontre improbable en pleine forêt de deux garçons étranges sortis de nulle part. Petit à petit, Abi va mettre à jour des secrets de famille et apprendre à dépasser ses appréhensions.

On se plaît à suivre Abi et les siens. La jeune fille force l’empathie tant cette phase de sa vie s’avère difficile pour elle. On se sent proche d’elle, elle se livre sans concession et représente bien les questionnements propres à l’adolescence à l’heure des changements. Hésitations, doutes, révolte, chamailleries avec le frangin mais aussi espoirs et moments de joie peuplent ces pages qui donnent à voir un portrait très réaliste d’une adolescente en perte de repères confrontée à l’indicible. Toute la famille est à l’avenant avec un beau portrait de groupe, les scènes s’enchaînent de manière naturelle, réaliste. Tout s’imbrique parfaitement et plonge le lecteur dans une vie de famille certes complexe mais très bien retranscrite.

L’aspect fantastique de l’ouvrage est plus insidieux, l’auteur sème les indices tout en douceur, l’irruption des éléments irréels se fait au compte goutte, s’accumulent pour peu à peu peser de plus en plus lourdement sur les épaules d’Abi. C’est malin, drôlement bien mené et l’auteur dose à merveille ses effets. Pas de surenchère, d’effets de manche, juste ce qu’il faut pour inquiéter l’héroïne (et le lecteur), procurer l’étrange sensation que tout n’est pas explicable, que quelque chose se cache derrière le visible. La révélation finale n’est pas forcément très surprenante pour les habitués de la lecture mais la construction d’ensemble est remarquable et l’efficacité est au rendez-vous.

La lecture d'Abi et les enfants perdus fut donc un pur plaisir. C’est simple mais très nuancé dans la caractérisation des personnages, on est à fleur d’émotion sans tomber dans la sensiblerie ou le cliché. Le rythme reste toujours soutenu avec une narration qui fait mouche et ne laisse jamais le lecteur à la traîne. Tout ici a de l’importance et la toile tissée par Alexandre Feraga se referme irrémédiablement sur le lecteur pris par sa lecture sans réel espoir d’y échapper. Un pur bonheur de lecture pour un ouvrage que je ne saurais que trop vous conseiller et à lire potentiellement dès l’âge de 10 ans.

Publicité
Publicité
Commentaires
E
Et hop, dans ma liste de livres à lire avec ma souricette... merci pour cette découverte
Répondre
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité