"Vango" de Timothée de Fombelle
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L’histoire : Paris, 1934. Devant Notre-Dame une poursuite s'engage au milieu de la foule. Le jeune Vango doit fuir. Fuir la police qui l'accuse, fuir les forces mystérieuses qui le traquent. Vango ne sait pas qui il est. Son passé cache de lourds secrets. Des îles siciliennes aux brouillards de l'Ecosse, tandis qu'enfle le bruit de la guerre, Vango cherche sa vérité.
La critique de Mr K : Quelle belle lecture que ce diptyque qui une fois de plus m’a été conseillée par ma collègue professeur-documentaliste ! Vango de Timothée de Fombelle est une œuvre magnétique dont on ne peut s’extraire avant la toute fin, qui mêle habilement aventure, romance et récit initiatique sous fond d’époque historique complexe et inquiétante. Lu et dévoré en un temps record, cette lecture a illuminé mon début de vacances en matière littéraire.
Vango est un jeune homme bien mystérieux qui semble poursuivi par un fatum impitoyable. On ne sait pas grand-chose de lui au départ, sinon qu’il s’apprête à devenir prêtre lors d’une cérémonie solennelle sur le parvis de Notre Dame. La police est à sa recherche et un mystérieux tireur attente à sa vie. Vango doit s’enfuir par la façade de l’édifice puis par les toits. Pourquoi ? Qu’a-t-il fait ? Que lui veut-on ? Ce sont toutes ces interrogations qui vont accompagner le lecteur durant sa lecture des deux tomes. Je peux vous dire que l’auteur sait tenir son lectorat en haleine et qu’on est accroché jusqu’au bout.
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On voyage beaucoup durant cette lecture, on alterne les lieux mais aussi les points de vue. De nombreux personnages très diverses naviguent autour de Vango et on apprend à les connaître au gré des éléments que l’auteur veut bien nous donner. Comme en ce qui concerne le personnage principal, il faut accepter de ne pas tout saisir tout de suite, il faut être patient. Les pièces du puzzle sont nombreuses, très nombreuses même, ça illustre bien la complexité des personnages. Leur développement est un modèle du genre, bien loin des sentiers battus avec des nuances bienvenues et une absence de manichéisme bien pensant. C’est assez délectable car on est souvent mis à mal par les chemins qu’ils empruntent et les éclipses narratives qui parsèment le récit accentuent cet effet.
On se prend très vite d’affection pour Vango, un jeune homme en fuite perpétuelle qui n’arrive jamais vraiment à se poser et qui est en quête de ses origines. On tremble pour lui tant les forces antagonistes semblent disposer de tous les appareils étatiques pour mettre la main sur lui. On se doute bien que c’est son identité elle-même qui est la source de tous ses problèmes, on se plaît à essayer de deviner et ce n’est qu’en milieu de deuxième tome que j’ai commencé à lever le voile grâce aux indices savamment distillés ici ou là. Il y a aussi cette mystérieuse alliance conclue en pleine Grande guerre de 14-18 entre trois (puis quatre) hommes que tout oppose, la belle orpheline amoureuse de Vango, les hommes de l’ombre aussi cruels et sournois qui peuplent ces pages sont pas mal non plus. Tout est déployé pour offrir un casting alléchant, attirant et diablement séduisant. Bien qu’étiqueté jeunesse, cet ouvrage est remarquable dans l’intelligence de traitement de ses personnages. Si je l’avais lu plus jeune, je crois que je l’aurai relu une dizaine de fois comme ce fut le cas pour moi avec Le Seigneur des anneaux, 20 000 lieux sous les mers ou encore L’Ile au trésor.
J’ai beaucoup apprécié aussi le traitement du background avec une évocation juste et fidèle des différents moments historiques évoqués comme les deux guerres mondiales, la crise de 29, la montée des totalitarismes. Les destins individuels mettent bien en lumière les époques, le quotidien des gens, les inquiétudes et espoirs qui les habitent. L’auteur se fait aussi très malicieux quand il sous-entend que certains événements du roman sont à l’origine d’événements très connus, mention spéciale à l’évocation du crash du zeppelin Hindenburg. Les allers retours se font aisément y compris pour les novices ou les non spécialistes de l’Histoire contemporaine. Jamais de lourdeur dans les explicitations, l’auteur réussit à camper décors et temporalité avec une pédagogie légère servant toujours le récit et non comme une accumulation de connaissances indigestes. Franchement, on prend sa petite claque dans cet enchâssement Histoire et fiction, l’un ne pouvant fonctionner sans l’autre quand toute la trame nous est finalement révélée.
Le rythme ne se dément jamais. À la manière d’un page turner, chaque chapitre apporte son lot de révélations qui titille la curiosité et pousse le lecteur à continuer sa lecture. Pas de place pour l’ennui, les tergiversations, il faut savoir qui est Vango, ce qui va lui arriver. En filigrane, la romance évoquée m’a touché aussi, j’ai mon petit côté fleur bleue qui s’est réveillé et je dois avouer que ça fait du bien aussi. Enfin, je découvrais l’auteur avec ce diptyque et sa plume est vraiment magistrale. C’est beau, léger, inventif, très évocateur et contribue à un plaisir de lire vraiment optimum.
Vous l’avez compris, on a affaire ici à un bon et grand roman d’aventure à côté duquel il ne faut pas passer si on est amateur du genre. Personnellement, je reviendrai très vite vers Timothée de Fombelle pour découvrir d’autres titres de lui, certains m’ont d’ores et déjà été conseillé par des relations IG et il me tarde de continuer l’exploration de sa bibliographie.