"Dans l'immensité du vide" de David Roberts
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L’histoire : En août 1930, Henry George Watkins (surnommé Gino), un jeune Britannique de 23 ans, fraîchement émoulu de l'université de Cambridge, pilote et amateur d'alpinisme, prend les rênes d'une ambitieuse expédition au Groenland. Treize scientifiques et explorateurs l'accompagnent. Leur mission : cartographier la région et installer une base météorologique à plus de 2000 mètres d'altitude. Leur but : explorer un territoire encore inconnu afin d'établir une voie aérienne arctique entre l'Angleterre et les Etats-Unis.
Mais lorsque August Courtauld décide d'hiverner sur cette calotte glaciaire balayée par de féroces orages et où règnent des températures épouvantables, le projet initial se transforme rapidement en une série d'épreuves de survie épiques...
La critique de Mr K : Chronique d’une lecture exigeante et intéressante à la fois aujourd’hui avec Dans l’immensité du vide de David Roberts. Depuis ma prime jeunesse, j’ai toujours aimé les récits de voyage, l’aventure avec un grand A, la vraie, celle des hommes face à la nature à une époque où l’on ne maîtrisait pas encore toute la géographie du monde et où une expédition prenait un aspect réellement initiatique. Le thème du livre était donc fait pour moi et même si je l’ai lu en pointillé pour ne pas me lasser, j’ai adoré cette plongée dans le Grand Nord au cœur des multiples expéditions d’Henry George Watkins.
Surnommé Gino, ce jeune aventurier impétueux a effectué en tout quatre expéditions pour la BAARE (British Arctic Air Route Expédition) au Groenland et dans l’Arctique afin d’établir une route entre l'Angleterre et le Canada. Il fallait pas moins de 430 pages pour relater ces différents voyages à haut risque en compagnie de Watkins et de la dizaine de compagnons qu’il a réuni pour partir.
Comme évoqué plus haut, il faut s’accrocher avec cette lecture, il faut même être passionné pour aller au bout tant l’ouvrage s’apparente à un compte rendu ultra-précis, au jour et à l’heure près parfois. Les détails sont très nombreux (trop diront certains, on pouvait élaguer le récit je pense) du milieu social du héros à son enfance, ses préparatifs futurs et ses voyages, tout est passé au crible de manière quasi chirurgicale. Il ressort donc de cet ouvrage, un aspect mécanique qui pourrait lasser de nombreux lecteurs sur le chemin, d’où d’ailleurs mon choix de le lire en alternance avec d’autres ouvrages. Cela m’a vraiment permis d’éviter de me perdre en route.
Très documenté, Dans l'immensité du vide propose une belle évocation des années 30, des mœurs et en sous-texte des rapports géopolitiques. Plus prosaïquement, j’ai aussi beaucoup aimé la vie à bord, les relations entre personnages, la survie au sens large avec des moments particulièrement éprouvants. Une tension constante est présente surtout si l’on sait comment tout cela se termine. Petite déception par contre sur la contextualisation géographique, je m’attendais à être davantage bouleversé par les paysages, la vie de la faune et des autochtones. J’ai trouvé cela froid finalement (sans mauvais jeu de mot) et l’empathie est rarement présente à part un passage vraiment rude sur la vie des chiens de traîneau et quelques personnages secondaires.
Un ouvrage qui fournit donc des émotions et un ressenti assez contradictoires, la matière est dense, parfois passionnante, parfois plus rédhibitoire. L'écriture reste très factuelle et ne recherchez pas ici d’effets de style ou même du rêve éveillé. L’aventure est à tenter vraiment si le sujet vous intéresse.