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Le Capharnaüm Éclairé
8 juillet 2023

"Jamais" - T 1 et 2 de Bruno Duhamel

JamaisX2

L’histoire : Troumesnil, Côte d’Albâtre, Normandie. La falaise, grignotée par la mer et le vent, recule inexorablement de plus d’un mètre chaque année, emportant avec elle les habitations côtières. Le maire du village parvient pourtant, tant bien que mal, à en protéger les habitants les plus menacés. Tous sauf une, qui résiste encore et toujours à l’autorité municipale. Madeleine, 95 ans, refuse de voir le danger. Et pour cause. Madeleine est aveugle de naissance.

La critique de Mr K : Aujourd’hui, je vous présente une lecture très sympa qui une fois de plus m’a été conseillée par la professeur-documentaliste de mon LP. Dans Jamais et Jamais : le jour J, Bruno Duhamel nous invite à la rencontre de Madeleine, une mamie à poigne aux punchlines acérées qui nous charme instantanément et qui n’est pas du genre à se laisser faire.

En Normandie, non loin des fameuses plages du débarquement, dans un petit village nommé Troumesnil, la falaise s’érode et recule inexorablement. Peu à peu, les habitants de la côte doivent quitter leurs maisons. Tous ? Non ! Madeleine, 95 ans, aveugle de naissance refuse de partir de son logis. Pas question de quitter la maison où elle a vécu les plus belles années de sa vie en compagnie notamment de son défunt mari pêcheur trop tôt disparu lors d’une expédition en mer. Elle résiste donc aux sirènes de la maison de retraite locale (on la comprend aisément), aux démarches du maire qui lui rappelle régulièrement la dangerosité de sa situation... Non elle ne partira pas, elle et Balthazar son gros matou resteront quoiqu’il en coûte !

1

La BD en elle-même ne se démarque pas par son côté esthétique. Autant vous dire de suite, à part quelques planches réussies sur les paysages grandioses du coin, le reste est anecdotique. C’est bien dessiné mais sans réelle identité propre, on est dans du classique pur et dur. Non, l’intérêt ici est tout autre, à commencer par des personnages iconiques à mort et un sens du dialogue fun poussé au maximum.

2

On ne peut qu’aimer Madeleine. C’est une teigneuse à la tendresse sous-jacente qui vous enveloppe directement. Une gouaille d’enfer (gare à ceux qui croisent sa route et qui voudraient lui imposer quoique ce soit), franche et droite dans ses bottes, au fil des deux volumes on en apprend plus sur elle. Son mari qu’elle fait vivre au quotidien, son attachement aux rituels (le petit déjeuner, la nourriture du chat, le jardin...) autant de détails qui pourraient faire penser qu’elle sucre les fraises et ne se rend pas compte de la menace qui plane sur son petit paradis. Mais elle n’est pas née de la dernière pluie, elle n’est pas dupe et va résister contre vents et marées à coup de sorties verbales imparables, d’isolement et même de grenades datant de la Seconde Guerre mondiale !

 

3

Pour que ça marche, qu’un tel personnage marque autant le lecteur, il faut des personnages secondaires qui la mettent en valeur. Balthazar le gros matou est un tout premier rôle, feignant, gourmand, friand des câlins de sa maîtresse, chacune de ses apparitions est un ravissement pour le lecteur et source d’amusement constant. Le pompier du village et Madeleine qui se dragouillent, le maire qui du simple emmerdeur va devenir un tout autre homme dans le deuxième volume, les gens du village qui par moments font irrémédiablement penser à un certain village gaulois... On passe vraiment un bon moment, l’humour est volontiers corrosif et on s’en paie une bonne tranche.

4

Par ailleurs derrière ces ouvrages humoristique, il y a aussi un accent dramatique à l’occasion avec cette vieille dame qui vit dans ses souvenirs, avec un mari qu’elle ressuscite tous les jours, sa solitude qui lui colle à la peau et nous explose au visage. L’ensemble est vraiment bien plus fin qu’il n’en a l’air et les deux volumes se lisent très rapidement avec un plaisir qui ne se dément jamais. Un diptyque à découvrir absolument.

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Commentaires
L
J'ai adoré le premier tome, paru il y a longtemps. Mais je n'ai pas encore acheté le second : le principe du diptyque non prévu dès le départ et des avis négatifs m'en ont dissuadée. Mais j'avoue que je retrouverais Baltazar et Madeleine avec plaisir.
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Z
J’étais passée à côté de cette sortie, qui ne m'attirait pas, mais tu le vends si bien, que j'ai trop envie de le lire maintenant !
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