"Demain, le jour" de Salomon de Izarra
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L’histoire : France, 1936. Le bruissement d'une nouvelle guerre se fait entendre. Un train traverse les Vosges mais n'arrivera jamais à destination. De la carcasse encore fumante, alors que la nuit tombe, trois survivants trouvent refuge dans un petit village abandonné, au creux de la forêt, au milieu de nulle part.
Accueillis par le Maire, harcelés par des créatures mystérieuses, ils sont pris pris au piège et devront plonger dans les souvenirs les plus sombres de leurs vies pour découvrir les raisons de leur présence en ces lieux.
La critique de Mr K : Aujourd’hui, je vous propose de vous parler d’un livre étrange, entre huis clos et fantastique sorti à l’occasion de cette rentrée littéraire. Demain, le jour de Salomon de Izarra paru chez Mu est un drôle d’objet livresque qui rompt avec ce qu’on peut avoir l’habitude de lire. Tortueux dans son contenu et sa narration, il propose un véritable voyage immersif et décalé qui cependant ne m’a pas convaincu à 100% malgré des qualités certaines. Voici pourquoi.
Après un accident ferroviaire d’une violence inouïe, trois survivants sortent quasiment indemnes du terrible événement. Paul, Suzanne et Armand ne se connaissent pas et vont devoir cohabiter face aux événements. Et quels événements ! Perdus au milieu de nulle part, ils cherchent un abri et pénètrent dans la touffue forêt des Vosges. Ils finissent par arriver dans un village interlope, accueilli par un maire devenu alcoolique qui leur raconte une terrible histoire. Des créatures rodent et sèment la terreur en ces lieux oubliés de Dieu...
Le pitch est assez énorme dans son genre et c’est ce qui m’avait attiré en premier lieu vers cette lecture. Attention, cette trame n’occupe cependant qu’à peine un quart de l’ouvrage. En fait, chaque chapitre alterne entre ces trois protagonistes (et un quatrième qui fait son apparition un peu plus tard et dont je ne vous parlerai pas pour ne rien gâcher de votre éventuelle découverte) qui sous forme de journal, de confession revient sur son passé. Les flashback occupent donc une place prépondérante dans le récit et permettent de lever le voile sur la personnalité et les motivations intimes de chacun. Allant du très peu recommandable Paul, un manipulateur sans foi ni loi, à Suzanne, une jeune journaliste qui essaie de se faire une place au soleil, en passant par un Armand marqué par un passé tragique, on côtoie des personnages complexes, attachants (oui oui même Paul), très bien ciselés et dont on finit par comprendre pourquoi ils sont là.
L’ambiance général est assez glauque, ténébreuse. On ne sait pas vraiment vers où on va, on navigue vraiment à vu et c’est plutôt agréable de se laisser porter. Le climax fantastique est très bien rendu avec à l’occasion des fulgurances d’horreur pure lorgnant vers Lovecraft que j’aime tellement. Les questionnements intimes des différents protagonistes, leurs passés, leur enfermement dans ce village et les monstruosités qui s’y trouvent font mouche et dérangent bien souvent. Beaucoup de thématiques sont donc abordées en filigrane, se mêlant, se répondant et interpellant bien souvent le lecteur : la famille, la construction de soi, l’ordre et la morale, le pouvoir... autant d’éléments qui font échos à des réalités expérimentées.
Mais voila, cela ne suffit pas pour faire de ce titre un incontournable. J’ai trouvé le rythme vraiment très lent, pas forcément justifié au regard du dénouement. Certes l’idée du puzzle à reconstituer est alléchante, tout se tient mais on se perd un peu en circonvolutions et le contenu ne correspondait vraiment pas à mes attentes. D’où une certaine frustration et même parfois la sensation que l’auteur s’écoutait écrire, dégageant une certaine forme de pédanterie qui m’a dérangé. Je n’ai pas totalement adhéré et j’ai ressenti aussi une certaine lassitude par moment avec la sensation qu’on n’avance pas.
Mon avis détone un peu dans la blogosphère, beaucoup de mes camarades ont porté aux nues cet ouvrage et je pense qu’il vaut le détour. Il mérite que chacun se fasse sa propre opinion car ce roman est vraiment à part et il ne vous laissera pas indifférent.