"J'ai tué le Soleil" de Winshluss
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L‘histoire : Avec pour unique bagage un sac à dos et un fusil à la main, un homme marche en quête de nourriture. Il tente de survivre jour après jour dans une nature belle mais sauvage. Et il s'en sort plutôt bien, quand il n'est pas surpris par un ours ou par une meute de chiens errants. Calme, il paraît pourtant seul au monde. Qui est-il ? Pourquoi son regard vrille-t-il d'un coup lorsqu'il découvre une empreinte de chaussure dans la neige ?
La critique de Mr K : Un bonne bande-dessinée post apocalyptique au programme de la chronique du jour au Capharnaüm éclairé avec J’ai tué le soleil de Winshluss, un auteur que l’on apprécie à la maison notamment avec le très punk In god we trust, une revisite hilarante de la Bible ni plus ni moins !
Le démarrage est très classique. On suit un homme seul, barbu dans un monde où il n’y a plus personne. Le danger est cependant partout notamment des hordes de chiens errants affamés. Errant au gré de ses besoins, il visite maisons abandonnées et autres petites villages pour y trouver de quoi subvenir à ses besoins. C’est le règne du silence, l’humanité résumé à sa plus simple expression face à une nature désormais libérée de l’empreinte de nos civilisations et qui commence à reprendre ses droits. La "rencontre" avec l’ours à ce propos est assez savoureuse ! Volontiers contemplative, cette première partie s’attache à suivre Karl dans son quotidien survivaliste et il y a peu à lire sauf les jurons du héros face aux difficultés et un méga flippe face à une meute de chiens.
Puis, on vire dans une autre ambiance. Il finit par croiser des humains patibulaires qui veulent exécuter un homme, l’altercation est furieuse et notre héros sauve le membre d’une communauté qui vit en marge. Cet accès de fureur, ces réflexes guerriers interrogent le lecteur, les réponses vont venir durant le séjour qui débute pour Karl avec des flashback qui éclairent son passé et donne à voir un tout autre visage à cet homme qui semblait simplement bourru jusque là. Les révélations pleuvent et notre antihéros surprend et effraie à la fois...
Deux parties, deux climax traités avec finesse avec le trait si particulier d’un dessinateur qui semble s’être s'éclater dans sa proposition. Noir et blanc cendré, longues planches descriptives et irruption momentanée et fulgurante d’actions souvent bien thrash, le monde d’après fait peur et l’immersion est totale. L’avenir est ici très noir, l’espoir bien mince et l’on explore les instincts primaires de l’homme comme jamais même si par moment une pause apparaît, une lueur dans la nuit mais pas pour longtemps.
L’ouvrage se lit tout seul, malheureusement trop rapidement (seulement 20 minutes pour moi), presque un goût de trop peu alors que l’ouvrage se compose tout de même de 148 pages. Plus qu’une BD post-apocalyptique de plus, J’ai tué le soleil présente une étude de personnage fouillée et complexe, un pur bonheur qui montre bien qu’on peut aborder un genre très codifié tout en respectant ses lecteurs, en leur proposant une vraie réflexion sur notre espèce. Du caviar à consommer sans modération !