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Le Capharnaüm Éclairé
27 octobre 2021

"Pour que je m'aime encore" de Maryam Madjidi

L’histoire : La petite fille qui prend la parole dans ces pages meuble de ses rêves les grands espaces de la banlieue parisienne. Son enfance et son adolescence sont une épopée tragi-comique : le combat avec son corps, ses parents, son école... et ses rêves d’ascension sociale pour atteindre l’autre côté du périph'. Riche de désirs comme de failles, rendue forte par le piège douloureux de l’intégration et de l'initiation, elle offre une vision singulièrement drôle, aimante et charnelle d’une cité ordinaire.

 

La critique de Mr K : Superbe lecture et découverte d’une nouvelle auteure très talentueuse aujourd’hui avec Pour que je m’aime encore de Maryam Madjidi. Une fois de plus les éditions Le Nouvel Attila frappent forts avec cette chronique du quotidien d’une adolescente puis d’une jeune femme déracinée qui découvre les affres de la vie et certaines vérités dérangeantes sur la société française. C’est frais, c’est juste et ça illustre à merveille les contradictions de notre société.

 

La narratrice est d’origine iranienne et l’exil la fait atterrir à Drancy, une commune du 93. Durant tout l’ouvrage, elle ne fera pas vraiment cas de son pays si ce n’est au détour de certaines considérations sur son physique ou certains éléments culturels. En fait, on s’attarde plus ici sur les changements qui s’opèrent en elle, sur le corps, l’évolution mentale et sa quête de sens au cœur d’une vie bien mouvementée pour une jeune fille de son âge.

 

L’ouvrage se centre beaucoup sur les années collège, âge ingrat où les jeunes ne sont pas tendres entre eux. C’est le règne de l’apparence, le désir d’appartenir à un groupe et de se confronter à l’autorité. L’héroïne fréquente les gros durs, pour se faire une place mais aussi parce qu’elle aime leur compagnie, la glande et leur aura si particulière. Elle reste cependant une excellente élève et cela comptera quand elle quittera le lycée pour tenter une aventure sans lendemain dans une filière d’exception.

 

Écrit à la première personne, l’empathie fonctionne à plein régime et l’on plonge réellement dans le quotidien de cette adolescente sans chichis ni superficialité ou grosses ficelles. Rares sont les écrivains qui réussissent cet exploit de raconter la jeunesse et de rendre l’écrit crédible. Ici, c’est le cas de bout en bout. Que ce soit les tourments liés à un corps qui change, l'alignement sur l’avis des autres, le poids des regards et des pensées, les portraits de profs comparés à des guerriers vaincus (passage terrible où l’émotion est palpable), le rapport aux parents qui change et au final la nécessité de s’élever de la masse, tout cela est décrit avec un luxe de finesse et une économie de mots salutaire. L’immersion n’en est que plus grande et plus réussie. Une bien belle expérience que je ne saurais que trop vous conseiller.

 

Pour ma part, je vais prolonger cette lecture et la diffuser tant elle m'a plu. Je vais le prêter à la documentaliste de mon CDI et il rentrera sans aucun doute dans notre programme de lectures à voix haute dans des lieux insolites du lycée en dehors des heures de cours. Nul doute que les passages que j’ai pu retenir toucheront nos jeunes pourtant fortement réfractaire à toute forme de lecture.

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