"Fanny et la nuit" de Maylis Daufresne et Ian De Haes
Nous approchons du changement d'heure où la nuit va prendre ses quartiers dans nos foyers bien plus tôt... Avec l'obscurité arrivent des peurs et des angoisses. Laissez-moi vous présenter aujourd'hui un album jeunesse merveilleux qui permettra à chacun d'apprivoiser ce moment et apprécier la nuit.
L'histoire : Fanny a peur quand la nuit tombe. Elle a peur de toute ce qui se cache dans l’obscurité. Mais sa maman la rassure, et lui conseille de parler avec la Nuit. Alors, se dévoilent sous les yeux de Fanny des possibilités toujours plus nombreuses, car la nuit est belle, douce et pleine de surprises.
La critique Nelfesque : Fanny est une petite fille comme il y en a beaucoup. Alors qu'elle croque la vie à pleines dents, profitant de ses journées au maximum et jouissant de leur beauté, elle sent l'angoisse poindre lorsque la nuit arrive. Plus de son, plus d'image, la nuit est pour elle une tâche d'encre oppressante. Avec ce constat apparaissent les fantasmes. En automne et hiver, les jours se font de plus en plus courts, on va se coucher dans la nuit noire et on prend même son bain en allumant la lumière. La nuit derrière les fenêtres est opaque de plus en plus tôt et s'infiltre dans la maison. Les dessins de Ian De Haes retranscrivent à merveille l'invasion de la nuit et le sentiment d'oppression de Fanny.
Lorsque la petite fille parle à sa mère de son angoisse, cette dernière ne lui dit pas qu'il ne faut pas avoir peur. Elle lui dit simplement de parler à la nuit, de lui exprimer ses craintes et qu'elle lui montrera sans doute sa beauté. La nuit est belle pour qui sait la regarder. Cette façon d'appréhender la peur de cette petite fille est très fine. Dire à un enfant de ne pas avoir peur, sans explications et avec conviction, parce qu'avec nos yeux d'adultes cela nous semble logique, n'a pas d'effet sur leurs craintes. En revanche, éveiller leur curiosité, les faire changer de point de vue et les amener à l'apaisement avec douceur et bienveillance porte ses fruits.
Commence alors un dialogue entre Fanny et la nuit. Un dialogue fait de partage, de découvertes, d'écoute. Fanny verbalise ses craintes et peu à peu les apprivoise. La nuit se fait page blanche et laisse la petite fille explorer ses contours et la découvrir. Pas à pas, Fanny fait connaissance avec la nuit, apprécie ses nuances, ses subtilités. Elle joue avec elle et en fait son amie.
On a peur de ce qu'on ne connaît pas, de ce qu'on ne comprend pas. Au-delà d'évoquer la nuit et les angoisses qu'elle peut susciter, "Fanny et la nuit" nous parle, avec les mots de Maylis Daufresne, de l'autre, de curiosité, de bienveillance et de respect. Le respect que l'on se doit aussi à soi-même et de notre capacité à affronter les obstacles et les craintes. Un très bel album qui aidera les plus jeunes à prendre confiance en eux en douceur et véhicule de jolies valeurs dans un écrin illustré de la plus belle manière qu'il soit. Un coup de cœur !