Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
9 novembre 2020

"Monde mutant" de Jan Strnad et Richard Corben

L’histoire : Dans un onde ravagé par la guerre nucléaire, les ruines de la civilisation sont le théâtre d'une lutte sans merci pour la survie. Tandis que les mutants primitifs et violents hantent les décombres et commencent à s'organiser, les derniers hommes sombrent dans la barbarie sans perdre l'espoir de parvenir à reconstruire un monde meilleur. Après des années d'attente, voici enfin réédité l'un des grands classiques de la bande dessinée de science-fiction post-apocalyptique, signé Jan Strnad et Richard Corben, Grand Prix d'Angoulême 2018.

 

La critique de Mr K : Je vais vous parler aujourd’hui du traditionnel cadeau que je m’offre à l’occasion de la rentrée scolaire. Cette année, j’avais opté pour l’intégrale Monde Mutant de Strnad et Corben, récit post-apocalyptique de haute volée paru chez Delirium, un label que j’aime pratiquer régulièrement car il me donne toujours entière satisfaction. D’abord édités sous forme de feuilleton pour un magasine de SF dans les années 70 puis les années 90 pour sa suite, les deux récits ont été réédités et complétés pour la présente édition qui propose de réunir en un seul volume Monde Mutant et Fils du monde mutant. La lecture fut délectable à souhait, seul souci : ça se lit trop vite et l’on en aurait bien repris !

 

Le monde est mort, on ne sait pas vraiment pourquoi mais c’est arrivé. Après la confusion, la mort en masse et la destruction des civilisations, la vie a repris ou du moins ce qui s’en rapproche le plus... Des enfants ont continué à naître mais des êtres dont personne ne veut vraiment... Radiations va de pair avec mutations et les mutants règnent désormais sur le monde ravagé où seule une règle semble de mise : la loi du plus fort. La seule obsession qui guide les êtres qui hantent ces paysages désertés est la faim. Trouver de la nourriture quelle qu’elle soit est l’objectif de chaque journée qui débute et justifie toutes sortes d’exactions où la morale élémentaire n’existe plus. Autant dire qu’à l’enfer originel s’est substitué un enfer durable où chacun fait ce qu’il peut pour survivre sans se préoccuper des autres.

 

SP-05-45-p1

 

Dimento est l’un de ces mutants qui survivent bon gré mal gré. C’est un solitaire qui erre sans but réel. Très naïf, c’est même un miracle qu’il ait réussi à tenir jusque là tant il se fait avoir par tous ceux qui le croisent et lui dérobent bien souvent le fruit de ses trouvailles et cueillettes. C’est en voulant tuer son cheval qu’il va rencontrer une jeune fille qui ne va pas le laisser de marbre. C’est peut-être le premier être qui lui témoigne un semblant d’affection même si en fait, elle le manipule un peu aussi (du moins au départ). Il va suivre sa trace et cela va changer sa vie à tout jamais, il va commencer à comprendre certaines choses et mesurer qu’une vie ne peut se contenter d’être subie. Dans le deuxième récit, nous suivons sa descendance (sa fille Dimentia en l’occurrence) en quête d’un Eden, un lieu où elle pourra enfin vivre en paix loin des pillards et assassins qui ont brisé sa famille. Le voyage sera long et éprouvant là aussi...

 

monde_mutant_01

 

Voilà un ouvrage qu’on dévore littéralement. Impossible de relâcher son attention tant on est happé par l’ambiance et les dessins. Comme toujours avec Richard Corben, l’immersion est totale avec ses dessins si particuliers et une colorisation qui explose les rétines. Les amoureux du huitième art ne peuvent que tomber en pâmoison devant ces planches qui s’apparentent pour certaines à de véritables tableaux. Et puis, il y a son art unique pour dessiner ses personnages. En plus de femmes diablement séduisantes aux formes plus que généreuses (comprendre sexy et charpentées), on ne peut que remarquer l’aspect non stéréotypé des protagonistes que l'on rencontre, leurs poses et visages sont originaux et détonent par rapport au genre. C’est très réaliste au final, très humain et force l’admiration.

 

PlancheA_10526

 

Le scénario bien que classique tient toutes ses promesses avec deux héros très attachants plongés dans un univers brisé et déviant où l’on croise nombre de mutants affamés, d’êtres trompeurs, de militaires aux plans secrets et même un intégriste religieux ! Pour autant, on n’est pas dans une œuvre pessimiste car au milieu de cette souffrance et de certains traumatismes, la nature humaine par ses bons côté persiste à exister avec une forme de chaleur, de compassion qui subsiste malgré tout, une tendresse parfois très touchante. Les pages se tournent avec un plaisir croissant, c’en est même frustrant tant on s’approche rapidement de la fin de l’ouvrage, recueil qui ne fait que 150 pages malheureusement. C'est en tous les cas un pur bonheur de lecteur qui ravira les amateurs de BD underground et 100% naturelles, sans filtre ni morale bien-pensante.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité