Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
28 juillet 2020

"La Clé de l'abîme" de José Carlos Somoza

L’histoire : Puissant, immense, tout de verre et d'acier, le Grand Train de 7h45 vient de s'ébranler à destination de Hambourg, quand, à son bord, le modeste employé Daniel Kean distingue une flaque rouge sang aux pieds d'un passager. Pour déjouer l'attentat imminent, le jeune homme amorce le dialogue avec le kamikaze agonisant qui lui susurre quelques mots à l'oreille. Le voilà dépositaire malgré lui d'un effroyable secret : l'emplacement de la "Clé" qui pourrait détruire Dieu, détruire surtout la crainte qu'il inspire aux hommes. Flatté, menacé ou manipulé par deux bandes rivales qui se disputent cette boîte de Pandore, Daniel s'immerge dans un univers peuplé d'ombres, traverse des ténèbres et affronte des mythes et des divinités archaïques.

 

La critique de Mr K : Chronique d’une lecture bien perchée aujourd’hui avec La Clé de l’abîme de José Carlos Somoza, un ouvrage paru chez Actes sud qui végétait dans ma PAL depuis maintenant trop longtemps. Je me rappelle l’avoir adopté dès le premier regard avec cette couverture attrayante au possible qui m’a attiré de suite, la quatrième ayant achevé de me convaincre avec de grandes promesses. Au final, je n’ai pas été déçu, l’histoire est prenante au possible, les références nombreuses (dont une à laquelle je ne m’attendais pas) et malgré une lecture parfois âpre, on prend beaucoup de plaisir à suivre les aventures déjantées de cet infortuné de Daniel.

 

Daniel Kean sur le papier n’a pas grand chose d’un héros. C’est un être ordinaire. Il vit modestement avec sa femme et leur fille, travaille pour les transports publics, ne cherche pas à sortir du lot, se contente de ce qu’il a et franchement se trouve heureux comme cela. Lors d’une ronde dans un wagon, il remarque un voyageur saignant abondamment. Il s’en approche et se rend compte qu’il s’agit d’un déséquilibré qui s’apprête à commettre un acte terrible. De fil en aiguille, il gagne sa confiance et finit par se voir confier un secret qui pourrait changer la face du monde. Ça il ne le sait pas encore en fait, il attire les convoitises de deux groupes distincts qui se battent pour mettre la main sur la fameuse clé de l’abîme qui donne son titre à l’ouvrage. Tout bascule à ce moment là, Daniel se retrouvant bien malgré lui au cœur de la lutte éternelle entre le Bien et le Mal avec en point de mire la croyance et la crainte de Dieu qui pourraient bien disparaître... ce qui livreraient à coup sûr la Terre au Chaos.

 

Étrange, vous avez dit étrange ? Vous n’êtes pas au bout de vos surprises car le roman ne peut se résumer à cela. L’histoire se déroule dans un futur indéfini et on sait juste qu’il y a eu de grosses catastrophes naturelles (le passage se déroulant dans un monde englouti enfermé dans un cercueil de verre est tout bonnement bluffant), que l’apocalypse a eu lieu et qu’une nouvelle société futuriste est apparue, que les hommes ne naissent plus naturellement ou très peu (vive l’eugénisme !), qu’une religion nouvelle est apparue se basant sur une bible contenant quatorze chapitres comme cet ouvrage d’ailleurs, chaque partie faisant référence à une œuvre de H.P. Lovecraft ni plus ni moins... Cela vous donne un bref aperçu de l’ouvrage qui fait la part belle à l’ésotérisme, aux références au maître mais interroge aussi beaucoup sur la foi et le sens de l’existence.

 

L’ensemble s’apparente donc à un road movie, une chasse au trésor mystique qui voit notre héros brinquebalé en tout sens, lui faible humain confronté à des forces et des organisations qui le dépassent. L’empathie fonctionne à plein régime pour lui, ses faiblesses nombreuses le rendent attachant, parfois pitoyable mais profondément humain. Il est le grand point fort de ce roman où l’on croise de multiples personnages et entités avec au cœur de la bagarre deux camps antagonistes que rien ne semble arrêter et fomentant de terribles actions pour arriver à leurs buts. Et puis, il y a LE personnage marquant, la Vérité, ni plus ni moins, personnage énigmatique à souhait, inclassable, qui se range d’un côté puis de l’autre, parsemant l'ouvrage de maximes sibyllines qui font froid dans le dos. La fin vient nous cueillir littéralement et provoque la réflexion du lecteur sur plusieurs jours, accompagnée de l’impression durable qu’on a lu un ouvrage à part.

 

Mené tambour battant, La Clé de l'abîme fait la part belle aux rebondissements inattendus, aux rencontres improbables, aux descriptions dantesques et aux questionnements philosophiques. Pas le temps de s’ennuyer même si j’avoue qu’il faut un temps d’adaptation pour goûter pleinement à la richesse de la langue employée. Ce roman ne conviendra pas à tout le monde car il se mérite mais une fois son armure fendue, quel bonheur et quelle ivresse ! Une sacrée découverte que les amateurs du genre doivent tester à leur tour au plus vite.

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Il est dans ma PAL il me semble, ou alors c'est "La théorie des cordes" , ou peut être les deux. Mais j'hésite à chaque fois. J'avais tellement aimé "La caverne des idées" de lui il faut dire, que j'ai peur d'être déçue.
Répondre
N
Me voilà prévenue ! Je pense qu’il pourrait me plaire
Répondre
M
Super*
Répondre
M
Wow ! Ça me donne trop envie de le lire et en même temps, il me fait peur, peur de ne pas comprendre... Je me tâte ! Merci et duper chronique comme tjrs ^^
Répondre
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité