"Les Temps assassins T2 : Les Uchronautes" de Pierre Léauté
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L’histoire : Immortel. La vie semble plus douce. Pourtant, les démons de nos âmes vivantes continuent de nous hanter. Guerrier, mentor, révolutionnaire, Darwen Longville cherche la paix et n’ignore pas qu’elle a un prix...
L’éternité a ses héros. Elle a aussi ses victimes.
La critique de Mr K : Il s’est déjà passé quatre ans depuis ma lecture du premier tome de la trilogie des Temps assassins de Pierre Léauté, Rouge Vertical. Honte à moi tant j’avais aimé ce premier volume aussi virevoltant que réussi. Heureusement, nous avons croisé l’auteur aux Utopiales de 2019 et il s’est rappelé à mon bon souvenir lors d’une entrevue aussi chaleureuse que sympathique. C’est donc avec une grande envie que je commençais ma lecture du tome 2 : Les Uchronautes. Et là... l’addiction totale et malgré une Little K en forme, je n’ai pu me résoudre à relâcher ce volume encore plus réussi que le précédent !
On change de point de vue avec ce deuxième tome laissant de côté Charlotte Backson (aka Milady de Winter) pour suivre le parcours tortueux et haut de couleur lui aussi de Darwen Longville, l’homme par qui le chaos va survenir chez les Immortels, êtres mystérieux capables de voyager dans le temps et ses différentes fractales. Fils de nobliaux ne s’étant jamais remis de la mort de son jeune frère, il aiguise ses compétences de combattant hors pair à force d’épreuves et d’entraînements, il finit par s’engager dans l’armée de Guillaume le conquérant et participe à la bataille d’Hasting durant laquelle il trouve la mort... Mais ne vous y trompez pas, ceci n’est que le début de son incroyable destin ! Possédant le Don, il devient un Immortel. Il rejoint leur confrérie secrète Analekta et devient un exécuteur chargé de chasser les renégats de l’ordre. Obéissant à la lettre au décalogue, une liste de dix commandement à respecter absolument sous peine de mort (et oui on peut mourir en étant immortel), il commence cependant à douter et un événement va tout faire basculer.
Écrit à la première personne, ce livre est hyper immersif. On suit au plus près le parcours de Darwen un personnage aussi attachant que complexe. La première partie s’attache à sa vie humaine si je puis dire et l’on retrouve tout le talent de l’auteur pour ciseler ses personnages, leur donner vie et les faire évoluer dans des directions parfois désarçonnantes. On ne tombe jamais ici dans la caricature, chose qui malheureusement est souvent le cas dans ce type de littérature. Ici tout être est pétri de contradictions et chaque personnage inspire des sentiments mêlés au lecteur. D’initiatique le roman se transforme vite en récit de vendetta et en rébellion qui met toutes les certitudes entre parenthèses et donne lieu à une multitudes de scènes épiques, de trahisons et révélations qui produisent leur petit effet. On ne s’ennuie pas une seconde avec en plus une science de la narration millimétrée qui réserve son lot de surprises. La fin de l’ouvrage est un vrai déchaînement de fureur qui mène à une conclusion très mélancolique qui m’a personnellement comblé. On n’a pas affaire à un auteur qui propose un bel écrin pour accoucher d’une souris, ici tout est poussé à son paroxysme et on ne tombe pas dans la facilité.
De par leur capacité de se déplacer dans le temps, le récit est vraiment échevelé, surprenant. On peut tout se permettre quand on écrit ce type d’histoire et Pierre Léauté ne s’en laisse pas compter. Il maîtrise la matière historique avec fun, jubilation et panache (il n'est pas prof d'Histoire dans le civil pour rien !) ; les amateurs d’Histoire mais aussi d’uchronie seront aux anges avec une multitude d’époques explorées toujours avec justesse et un souci de clarté appréciable. Et puis, tout le background est passionnant à commencer par cette mystérieuse confrérie qui révèle peu à peu son vrai visage, les factions concurrentes qui ne sont pas des plus claires non plus, pléthore de personnages mystérieux qui cachent bien leur jeu et se révèlent parfois être de véritables fous furieux (même dans le soit disant bon camp)... Les humains ne sont finalement que des pions interchangeables voire jetables lors de certaines séquences pour le moins explosives.
Le tout est emballé de la plus belle des manières avec une langue toujours aussi plaisante à parcourir : accessible, précise, jamais rébarbative et toujours en mouvement. C’est un pur bonheur en mots, phrases et chapitres. C’est bien simple, les pages se tournent toutes seules et il m’a été impossible de lâcher le volume. Une super lecture qui se prolonge avec un troisième tome dont je vous parlerai plus que très prochainement puisque j'en ai déjà terminé la lecture...