"Fog" de James Herbert
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L’histoire : Cela commença par un tremblement de terre. Dans la confusion, au milieu des cris des victimes, personne ne prêta vraiment attention à ce brouillard jaunâtre qui s’échappait de la terre éventrée et que le vent eut tôt fait d’emporter vers la campagne anglaise. Puis des massacres inexplicables, déments, furent signalés sur le passage de la nappe de brouillard. Elle se mit à croître, progressant inexorablement vers les zones les plus peuplées d’Angleterre...
La critique de Mr K : Chronique d’un petit plaisir bien régressif aujourd’hui avec Fog de James Herbert, un auteur que j’aime pratiquer à l’occasion. Auteur d’ouvrages horrifiques sentant bon la série B, il me déçoit rarement, sachant que j’attends avant tout de ce genre de lecture de la détente entre suspens, gore et action. On peut dire qu’au niveau hémoglobine et scènes détonantes on est servi, pour le suspens c’est plutôt râpé... mais vraiment dans l’ensemble on passe un bon moment.
Suite à un tremblement de terre aussi soudain que destructeur, un mystérieux brouillard est libéré des profondeurs de la terre. Il sème le chaos sur son chemin car il a la propension à rendre fous les êtres vivants qui le respirent. Des animaux aux êtres humains, tous deviennent des psychopathes en puissance se réjouissant de la souffrance et de la mort qu’ils peuvent essaimer. Holman lui, en a réchappé, hospitalisé et maintenu en contention le temps que les effets disparaissent, le voila immunisé contre le Mal. Il devient, bien malgré lui, le champion de la cause humaine face à cette menace d’un nouveau genre dont les origines vont révéler bien des secrets cachés et obliger les autorités à utiliser les grands moyens.
Je vous le dis tout de go, pour l’originalité on repassera. Clairement, le scénario est cousu de fil blanc pour qui aime le genre et le pratique depuis un certain temps. On devine très vite les origines de ce brouillard meurtrier mais au final on s’en fiche un peu. L’intérêt est d’abord de suivre les descriptions du mal que l’auteur se complaît à faire le long de chapitres intermédiaires bien barrés qui ne lésinent pas sur le sadisme et le gore. Certains vous diront que c’est de la violence gratuite, que c’est trop... Pour ma part, c’est tellement exagéré, gros, qu’on n’y croit pas une seconde. Ce côté outrancier au contraire provoque de belles marades et ravira les amateurs de thrash bien saisi. Les âmes sensibles s’abstiendront par contre, au risque de faire des cauchemars à n’en plus finir. Il faut dire que le brouillard réveille en chacune de ses victimes ses pulsions les plus viles, les plus secrètes et gare à celles et ceux qui croisent son chemin.
Au delà des scènes bien salées que propose l’ouvrage, j’ai aimé l’ambiance de fin du monde qui y règne. Les règles n’ont plus cours, l’anarchie guette et le chaos et la destruction sont de mises. Il y a une ambiance à la Romero qui plane dans ces pages, cela donne lieu à des scènes dantesques et même à ce que l’on appelle des "plans monuments" au cinéma. Je ne vous dévoile pas grand-chose mais sachez que même la capitale y passe à un moment et que cela donne lieu à des scènes assez indescriptibles. La tension est bien rendue notamment quand on pénètre dans les arcanes du pouvoir et que l’on assiste de l’intérieur à la gestion de crise. C’est plutôt bien mené même si l’on peut relever quelques incohérences de ci de là avec des situations pour le moins abracadabrantesques.
Le scénario comme dit plus haut ne surprend pas, il en va de même pour les principaux personnages qui sont des archétypes lus et relus. Pour autant, on éprouve une certaine satisfaction à subir nombre de situations bien horribles. Plutôt creux dans leurs motivations, parfois risibles dans les sentiments qu’ils éprouvent (l’histoire d’amour entre Holman et Christine est d’une ringardise absolue), on ne s’attache pas vraiment à eux et l’on est plus là pour attendre la prochaine scène d’horreur. L’écriture fait le job sans briller mais se révèle efficace avec le découpage classique chez cet auteur (comme dans la très bonne Trilogie des Rats) où il alterne de courts chapitres qui s’apparentent à des mises à mort de persos plus que secondaires et un retour à la trame principale. Le rythme est effréné et ne laisse pas de répit sauf au milieu du roman lors de la révélation de la nature du mal qui pour le coup est un peu longuette.
Mais ne boudons pas notre plaisir, prenons ce livre pour ce qu’il est avant tout : un bon divertissement pour tout amateur d’horreur. On ne peut pas crier au génie mais les pages se tournent toutes seules et l’on a sa dose de sensations fortes. Des fois, cela suffit et c’est le cas aujourd’hui.
Ouvrages déjà lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
-Le Sombre
-Pierre de Lune
-La Lance
-Le Survivant