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Le Capharnaüm Éclairé
26 novembre 2019

"Askja" de Ian Manook

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L’histoire : Dans le désert de cendre de l'Askja, au coeur de l'Islande, le corps d'une jeune femme assassinée reste introuvable.

Près de Reykjavik, des traces de sang et une bouteille de vodka brisée au fond d'un cratère, mais là non plus, pas le moindre cadavre. Et dans les deux cas, des suspects à la mémoire défaillante.

Ces crimes rappellent à l'inspecteur Kornelius Jakobson, de la police criminelle de Reykjavik, le fiasco judiciaire et policier qui a secoué l'Islande au milieu des années 70 : deux crimes sans cadavres, sans indices matériels, sans témoins, que des présumés coupables finissent par avouer sans pourtant en avoir le moindre souvenir.

La critique de Mr K : Ayant beaucoup aimé le précédent opus de Ian Manook, c’est avec une joie non feinte que j’entamai la lecture d’Askja pour retrouver notamment l’enquêteur Kornelius Jakobson, personnage atypique, souvent en roue libre et totalement attachant qui cette fois ci se retrouve face à un crime sans cadavre ! Le postulat de départ va le mener sur les pistes d’une machination de grande ampleur et le confronter à un passé plus que douloureux...

Comme dans son précédent thriller (voir chronique de Heimaey), l’auteur ne perd pas de temps en exposition. Perdu en pleine lande islandaise, Kornelius a été appelé par un jeune homme qui dit avoir filmé avec son drone un cadavre de jeune femme nue. Preuve photographique à l’appui, il maintient sa déposition alors qu’arrivé sur place il n’y a plus rien à part quelques traces de sang ! Intrigué, Kornelius commence son enquête, l’occasion de recroiser des personnages déjà ébauchés dans le précédent volume avec notamment Ida, médecin légiste avec qui il vit une relation complexe (pour ne pas dire compliquée), Botty, une jeune enquêtrice qu’il a contribué à former lors de ses classes, ou encore Komsy et Spinoza, un duo de flics drolatique qui nous assènent régulièrement quelques citations philosophiques bien placées. On retrouve, à l’instar d’une enquête du commissaire Adamsberg chez Vargas, l’impression de retrouver une sorte de famille avec ses fêlures, ses non-dits et ici de beaux pétages de plombs.

Kornelius reste Kornelius, mi homme mi troll, sa stature gigantesque, sa force quasi surhumaine, son aplomb ne peuvent masquer durablement un cœur d’or, doublé d’une incapacité chronique à parler aux autres et à alléger son fardeau. Au delà de l’enquête qu’il poursuit et qui pourrait bien le mener à sa perte, le récit le mettra aux prises avec son passé et notamment la relation tendue qu’il a avec son paternel, un ancien des forces spéciales au passé nébuleux. Et puis, il y a toujours sa relation difficile avec les femmes, incapable de se livrer, il passe clairement à côté de son histoire avec Ida, le déroulé de l’enquête et les circonstance vont encore plus ternir le tableau et amener des développements qui m’ont profondément ému. Ben oui, je suis comme ça, quand j’aime un perso, je vis littéralement ce qu’il vit lui-même et je peux vous dire que la fin de l’ouvrage n’est pas tendre avec lui. Qui sait ce que lui réserve l’auteur pour la suite...

L’enquête au premier abord ne semble pas très poussée. On visite plutôt les lieux les uns après les autres, alternant petites révélations et affinement des relations entre les personnages principaux. C’est bien mené, très régulier dans le rythme qui ne désemplit pas mais on se demande où tout cela va nous amener. À mi parcours, les banderilles plantées, l’auteur lâche les chevaux. Beaucoup de fausses pistes sont levées, Kornelius tombe littéralement de Charybde en Sylla, l’affaire de meurtre prend une toute autre ampleur et met en cause des personnes publiques qui cachent bien des choses. C’est l’occasion de descriptions bien senties sur le système politico-judiciaire islandais (que je ne connaissais pas du tout) et sur les collusions qui peuvent exister, la raison d’État et le développement du pays notamment. Je peux vous dire qu’on râle et que l’on tombe des nues par rapport à certaines figures rencontrées précédemment. L’effet est là en tout cas, l’attirance augmente et il est impossible de relâcher le volume avant d’avoir lu le fin mot de l’histoire.

Rajoutez là-dessus les codes du thriller / polar respectés à la lettre, des descriptions toujours plus somptueuses d‘un pays fascinant et que je rêve de visiter, une écriture qui va à l’essentiel sans pour autant tomber dans la facilité et vous obtenez un sacré page-turner qui mettra vos sens en ébullition. À lire absolument quand on est amateur du genre !

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Commentaires
E
je viens de lire cinq ou six polars et du coup je fais une sorte d'overdose<br /> <br /> je n'ai jamais lu Manook je ne sais pas pourquoi...
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