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Le Capharnaüm Éclairé
6 mai 2019

"La Colombienne" de Wojciech Chmielarz

L’histoire : La Colombie, plein été. Un groupe de Polonais choisis pour tourner une publicité Coca-Cola passe les vacances de sa vie dans un hôtel de luxe au bord de l'océan. Tous frais payés. Mais bientôt, le séjour vire au cauchemar : la pub est annulée, et la facture est salée... Pour rembourser leur dette et récupérer leur passeport, les touristes insouciants se voient proposer par les Colombiens une offre difficile à refuser. Et le paradis se transforme en enfer. Tout le monde ne reviendra pas de ce voyage...

 

Varsovie, un samedi à l'aube. Le corps d'un homme d'affaires est retrouvé pendu au pont de Gdansk – le ventre déchiré, les mains attachées derrière le dos et une cacahuète à la main. L'inspecteur Mortka, de retour à Varsovie après ses quelques mois de purgatoire, est chargé de l'enquête. Rapidement, le Kub flaire une sale histoire de blanchiment d'argent qui le mènera sur la piste de réseaux internationaux dont les tentacules s'immiscent jusqu'au cœur de la vie financière polonaise.

 

La critique de Mr K : C’est à mon tour aujourd’hui de chroniquer une enquête de l’inspecteur Mortkar après Nelfe qui vous avait parlé de La Ferme aux poupées, il y a quelques mois au moment de sa sortie en librairie. Elle avait apprécié l’ouvrage, j’ai donc décidé de lire La Colombienne car je trouvais la quatrième de couverture intrigante et puis, avec Agullo je ne me suis jamais trompé ! Au final, j’ai adoré cet ouvrage et je compte bien rattraper mon retard par la suite et lire les deux opus précédents.

 

Dans un prologue saisissant, Wojciech Chmierlarz nous conte la mésaventure catastrophique d’un groupe de polonais arnaqué par des trafiquants de drogue colombiens. Ils se retrouvent piégés et obligés de participer aux activités illicites de leurs ravisseurs. Mais très vite, on laisse de côté ces pauvres touristes pour enquêter à Varsovie sur le meurtre sordide d’un homme d’affaire. Retrouvé pendu, les tripes à l’air sur un pont enjambant la Vistule (rivière traversant la capitale polonaise), l’homme n’avait pas d’ennemis connus et semblait mener une vie des plus monotone. L’inspecteur Mortkar (aka le Kub) en compagnie de la Sèche, une nouvelle partenaire haute en couleur dont il hérite, commence à fouiner, croise les affaires et va tomber de Charybde en Sylla avec une enquête plus tortueuse qu’elle n’en a l’air au premier regard. Milieux de la haute finance, mafia sud américaine, psychopathe misogyne, ombres du passé et fantômes du présent vont se dresser sur sa route.

 

Au rayon policier, on est servi. J’ai été conquis dès les premiers chapitres avec des postulats narratifs qui ne laissent aucune chance au lecteur de s’échapper. Difficile au départ d’ailleurs de faire le lien entre des touristes séquestrés, un assassinat spectaculaire et une série de suicides de femmes... De chapitre en chapitre, on avance prudemment en compagnie de Mortkar car les apparences plus que jamais sont trompeuses. Indices, fausses pistes, vérités révélées au compte-gouttes sont au programme d’une enquête plus que plaisante à lire et qui fait la part belle aux surprises. Moi qui suis un habitué du genre, je me suis bien fait balader (ce qui n’est pas pour me déplaire) ! Et puis, il y a cette pression lancinante qui pèse sur le héros notamment avec le procureur chargé de l’enquête et son chef direct. Face à cette obligation de résultats, Mortkar doit parfois jouer avec les limites et s’affranchir de toute morale.

 

Bien que classique dans sa caractérisation, j’ai adoré découvrir cet inspecteur polonais cassé par la vie. Divorcé, ne voyant presque plus ses enfants (malgré le fait qu’il conserve un bon lien avec leur mère), en roue libre et dans l’angoisse de la découverte d’une maladie grave (conséquence d’un acte commis dans le volume précédent qu’il faudra que je lise), on ne le sent pas au mieux pour réussir à démêler les fils de l’intrigue. Mais il a ce flair particulier, une technique rodée et une volonté de fer qui le poussent toujours plus loin. En cela, il est bien secondé avec La Sèche, un personnage féminin atypique rebelle (mais par pour autant caricatural) qui a sa propre carapace pour se protéger du machisme ambiant et révèle de sacrées qualités au fil de l’enquête. C’est une relation particulière qui se crée entre les deux policiers, mélange subtile de méfiance et d’admiration, je pense qu’on sera amené à suivre cette évolution dans un futur volume.

 

L’ouvrage explore donc une Pologne interlope où la corruption est présente dans les hautes sphères où certains se croient tout permis du fait de leur position (toute ressemblance avec certaines réalités françaises seraient fortuites évidemment) avec des liens inavouables avec le crime organisé international, le blanchiment d’argent sale, le monde de la finance et en filigrane une vengeance inextinguible qui chamboule tout. Toujours crédible, sans en faire trop mais avec de très bons effets tout de même, on en prend plein la tête avec ce roman navigant en eaux troubles et proposant une expérience de lecture addictive.

 

En effet, La Colombienne est le genre de roman qui se lit tout seul et sans aucune difficulté. Le style est limpide, accessible et suffisamment fin pour proposer un rythme élevé constant, des situations prenantes, des personnages aussi charismatiques que fouillés et un plaisir de lecture renouvelé à chaque chapitre. Un très bon livre policier qui comblera les amateurs et donne envie de poursuivre l’expérience en lisant les deux ouvrages précédents déjà sortis chez Agullo.

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Commentaires
V
de belles qualités qui parlent à l'amatrice de polars que je suis !
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