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Le Capharnaüm Éclairé
6 avril 2019

"Le Vol de l'Autruche" de Crysten Sullivan

levoldelautruche

L'histoire : Maggie, jeune fille de vingt-trois ans, est obèse. D’origine américaine, elle est installée à Paris depuis quelques années. Un jour, Maggie est embauchée dans une entreprise qui veut faire d’elle l’égérie des employés pour sa prochaine campagne de communication sur le bien-être au travail. Petit à petit, au gré des rencontres qu’elle fait, Maggie va se transformer et s’épanouir.

Il y a d’abord Louis-Valentin, le jeune médecin de la boîte, qui apprécie ses rondeurs et l’invite à sortir avec elle. Il y a ensuite Leïla, sa collègue, qui lui coud des vêtements à la mode parfaitement adaptés à sa silhouette. Il y a enfin, "Bouddha", atteint d’une maladie orpheline, qui partage avec elle de gigantesques repas et s’occupe d’un forum internet dédié aux personnes en surpoids. Maggie "l’autruche", complexée, inhibée et mal dans sa peau, va progressivement découvrir ses atouts et prendre son envol, à mesure qu’elle devient une icône.

La critique de Mr K : Le Vol de l'Autruche est un ouvrage qui m'a fait de l’œil quand j'ai lu pour la première fois la quatrième de couverture. Il est assez rare en effet de mettre au cœur d'un récit une personne obèse (une femme de surcroît), la faute aux conventions et aux idées reçues. Avec cette couverture attirante (et thrash comme je les aime), je me disais que j'allais lire quelque chose de différent, de frais et source de réflexion. Au final, ce fut une lecture très rapide, plutôt agréable même si je trouve que le pari n'a été relevé qu'à moitié. J'en attendais sans doute plus...

Le sujet m'intéresse beaucoup. Je ne suis pas gros et je n'ai jamais connu de souci de surpoids. Par contre, dans ma vie quotidienne et surtout au travail, j'observe attristé et révolté la mise à l'index des personnes en surcharge pondérale. Chez les jeunes notamment, le dictat de l'apparence est prégnant et il est difficile de se construire (de guérir pour certains) quand on est victime des moqueries et mises à l'écart qui en découlent. Ségrégation sociale, professionnelle mais aussi sexuelle sont souvent de mise pour les obèses qui ne se limitent pas simplement à des personnes aimant manger jusqu'à en perdre la raison. Ce livre arrive à point nommer pour remettre les choses à leur place, casser les idées reçues et explorer la psyché d'une jeune fille mal dans sa peau.

Maggie est une expatriée américaine qui vit désormais à Paris. Pesant 120 kg, elle se pose là. Même si on devine son malaise, son déficit d'estime de soi et sa solitude (elle n'a jamais connu l'amour et le loup qui va avec), cette jeune juriste en devenir profite de la vie comme elle peut. Petit appartement, un ami fidèle (et gay, cliché!), elle cherche du travail et profite de la gastronomie locale. Adepte ultime du camembert (cela donne de délicieuses pages pleines de verve), elle vivote en attendant de trouver un travail. Écrite à la première personne comme une confession, cette première partie de roman est lumineuse entre les réflexions pleines d'humour, les bons mots et les autocritiques parfois féroces de Maggie. On l'apprécie beaucoup, on ne tombe pas dans le misérabilisme et même si parfois on la plaint face aux injustices dont elle peut être victime, on se dit qu'elle a tout pour plaire même si elle ne le sait pas encore.

Puis, à l'occasion d'une embauche presque inespérée, elle va remonter la pente. C'est justement sa différence qui va la lancer dans la vie. Prenant conscience de ses carences tant physiques qu'affectives, elle va faire les bonnes rencontres pour reprendre confiance, élargir son cercle d'ami et finalement s'épanouir. La route est longue mais en quelques mois, sa vie va radicalement changer et lui permettre de toucher du doigt le bonheur. C'est là que le bât blesse, j'ai trouvé cette deuxième partie too much. Les planètes s'alignent trop facilement, le monde du travail est merveilleux (rappelons tout de même que nous sommes en macronie...), le prince charmant existe et finalement tout le monde est très très gentil. J'exagère, elle rencontre quelques obstacles mais au final, on est plus dans le domaine du conte moderne que dans le réalisme. C'est justement cela qui est dommage, le ton premier de l’ouvrage intimiste, touchant, nuancé cède la place à une guimauve sirupeuse. Entendons-nous bien, j'aime les feel-good reading mais j'ai trouvé ici que l'on tombait dans l'excès.

Pour autant, Le Vol de l'Autruche fut tout de même un petit plaisir de lecture. L'écriture de Crysten Sullivan est belle, pleine de dynamisme (notamment la première partie) et les pages s’enchaînent facilement. Reste une fin que j'ai trouvé indigeste et un peu trop cucul. Peut-être est-ce le fait que je sois un homme (cliché !) ou que je n'ai pas connu les mêmes soucis que Maggie. À chacun de tenter l'expérience ou pas...

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