Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
29 août 2018

"Nous, les vivants" d'Olivier Bleys

9782226326072-j

L'histoire : Perché dans les Andes à 4 200 mètres d’altitude, le refuge de Maravilla défie la raison. C’est là, au ras du vide, que Jonas, un pilote d’hélicoptère venu ravitailler le gardien, se trouve bloqué par une tempête.

Dans la petite maison cernée par les neiges, il fait la connaissance d’un personnage étrange prénommé Jésus que l’on a chargé de surveiller l’improbable frontière entre l’Argentine et le Chili. Commence alors, dans l’immense solitude des montagnes, une longue randonnée dont le lecteur – et peut-être le narrateur – ne sait plus très bien s’il s’agit de la réalité ou d’un rêve.

La critique de Mr K : Voila un étrange roman qui fait son petit effet en ces temps de rentrée littéraire. Tout juste paru chez Albin Michel, cet ouvrage fait la part belle à l'introspection, la Nature mais aussi à la spiritualité. Suivez-moi en pleine Cordillère des Andes pour un voyage livresque vraiment pas comme les autres et qui m'a particulièrement plu.

Jonas travaille comme pilote d'hélicoptère. Il est argentin, vit au pied des montagnes et ses missions consistent essentiellement en du ravitaillement de refuges isolés en altitude et des sauvetages occasionnels de randonneurs / alpinistes égarés. La région est très dangereuse entre la météo capricieuse, le milieu naturel hostile et rigoureux, l'enclavement de la région qui la plonge dans un certain isolement... Autant dire que le travail du héros est essentiel. Marié et père d'une petite fille, son existence simple le rend heureux et épanoui.

Lors d'une mission de routine qui l'emmène à plus de 4000 mètres dans le refuge de Maravilla, Jonas se retrouve bloqué au sol par le mauvais temps. Difficile en effet de manœuvrer sans danger un hélicoptère en pleine tempête de neige ! Il doit prendre son mal en patience en compagnie du gardien du refuge, de son vieux chien neurasthénique et de Jesus, le mystérieux garant du bon tracé de la très très très longue frontière argentino-chilienne. Le temps, les jours passent, la situation perdure, Jonas ne peut rentrer chez lui. Comme si, son destin, sa vie étaient liés à cet endroit. Rêve et réalité vont se rencontrer et la vérité sera révélée lors d'une randonnée aux accents métaphysiques...

Long de 180 pages, Nous, les vivants se lit d'une traite. J'ai plongé dedans quasiment immédiatement grâce à la langue simple, épurée et d'une grande douceur d'Olivier Bleys. Il y a du Fermine et du Schmitt ici, car derrière la trajectoire de Jonas, se cache une belle parabole sur l'homme. Difficile de creuser et d'expliquer toutes mes impressions sans dévoiler le retournement final. J'avoue simplement l'avoir deviné assez vite mais sans que cela ne me gâche ma lecture car l'intérêt de ce livre réside tout autant dans le récit pur que dans ce qui l'implique, les réactions qu'il suscite et les réflexions qu'il peut nourrir.

Tout est source d'émerveillement, de mystère et de réflexion au fil de la lecture. Complètement happé dès les premières pages, j'ai suivi allègrement les pas de Jonas. Partageant avec lui ses joies d'une vie simple qui l'apaise et le rend heureux, on l'accompagne par la suite dans ses doutes et ses réflexions plus profondes quand les choses se gâtent. C'est un homme nu qu'on nous livre ici, un homme désarmé face aux événements, face à un fatum qui semble le poursuivre et lui imposer une séparation très douloureuse. Tout autour la nature magnifiée, les personnages étranges et taiseux qui l'entourent soulignent le personnage principal et le font encore plus ressortir pour l'exposer davantage. Solitude, isolement mais aussi rudesse du milieu se mêlent inextricablement et quand le contenu prend une portée plus symbolique encore, l'oeuvre s'évade vers une dimension supplémentaire et propose un récit quasi initiatique qui nous emmène loin, très loin...

Très belle lecture donc que cet ouvrage à la fois très abordable et riche en sous-texte. Le récit décolle et ne relâche jamais la pression sur son protagoniste principal et le lecteur. De beaux ingrédients pour une recette à retenir!

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Quelle belle, profonde et délicieuse écriture, la forme et le fond sont à l'unisson - le sujet évoqué nous amène loin, très loin dans les entrailles de notre MOI physique, psychologique et mystique, de la naissance à la mort de l'AME qui l'habite, car c'est bien d'elle dont il s'agit. <br /> <br /> Sur son site-blog, Olivier Bleys parle "d'une étrange attente ponctuée d'espoirs et de chagrins, de colères et de rebellions, qui conduira le visiteur au seuil de la folie et de sa propre vérité intérieure..." <br /> <br /> Tout au long du récit, nous ressentons cette hésitation poignante, déchirante entre le réel et le surnaturel, l'ici-bas et l'au-delà ... jusqu'à la "passe aux anges" frontière où l'acceptation mène à la délivrance dans le cadre majestueux de la cordillère des ANDES. Salut l'Artiste et Merci.
Répondre
C
C'est exactement le genre de roman qui sans un avis tel que celui que je viens de lire, et en ne me basant que sur le titre et la couverture, ne susciterait pas plus que ça mon intérêt. Mais voilà, ça c'était avant de lire ton avis...4
Répondre
N
Olivier Bleys est un amoureux de la nature, c'est pour cela que j'apprécie ses récits ainsi que pour sa plume. Evidemment il a beaucoup écrit mais, pour l'atmosphère, je te recommande Concerto pour la main morte
Répondre
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité