Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
30 décembre 2017

"L'Ombre du tueur" de Ian Rankin

L_Ombre_du_tueur

L’histoire : A la fin des années soixante, un serial killer surnommé "Bible John" a semé la terreur en Écosse avant de se volatiliser. Trente ans plus tard, Édimbourg est le théâtre d'une série de meurtres similaires. Bible John serait-il de retour ? La police serait prête à le croire, si elle n'avait la preuve que le meurtrier, auquel elle donne le sobriquet de "Johnny Bible", est jeune.

John Rebus, officiellement chargé d'une autre affaire, suit une piste qui va le mener à Johnny Bible...

La critique de Mr K : Il s’en est fallu vraiment de peu pour que je ne lise pas une aventure de l’inspecteur Rebus en 2017. Heureusement un moment de lucidité m’a remis sur le droit chemin en cherchant un ouvrage à lire dans ma PAL. J’avais alors pas moins de trois ouvrages de Ian Rankin ! Je choisissais celui-ci qui se déroule antérieurement à certains titres que j’ai pu déjà lire de la saga de cet inspecteur au charisme incroyable. L’Ombre du tueur ne déroge pas à la règle et m’a confirmé une fois de plus tout le talent que possède l’auteur pour tenir en haleine ses lecteurs.

On retrouve John Rebus en très fâcheuse posture. Placardisé suite à une affaire qui a mal tourné, le voila muté loin de St Leonard dans un commissariat de seconde zone d’Edimbourg. Il y traite les affaires courantes, des conflits de moindre importance qui le brident et l’empêchent d’exploiter l’étendue de ses talents. Il s’agit d’un travail de routine dans un quartier en crise où les tensions entre la population et les forces de l’ordre sont monnaie courante. Rebus boit pour oublier, on suit ses incessants passages au pub où il collectionne pintes de bière et lampées de whisky, fuyant par ce subterfuge un passé qu’il ne peut surmonter. Triste sire que ce Rebus diminué mais cependant toujours investi dans son travail, sa vocation...

Le récit débute avec une enquête sur un tueur en série dont le modus operandi ressemble à s’y méprendre à Bible John, un ancien serial-killer jamais arrêté et qui sévissait dans les années 60 et 70. Rebus va se retrouver mêlé à cette affaire en poursuivant la piste de voyous ayant assassiné indirectement un homme à priori innocent (la scène d’ouverture vous met dans le bain directement et de manière assez choquante). On alterne donc des références au passé avec un présent qui remet au goût du jour les meurtres d’un tueur insaisissable qui n’apprécie pas qu’on le copie et qu’on l’imite. Pour le coup, c’est deux limiers que l’on accompagne sur la piste du copycat avec leurs techniques et méthodes bien distinctes !

D’Edimbourg à Glasgow en passant par Aberdeen, on replonge avec délice dans l’Écosse de Rankin. Le climax de ce volume est très poisseux, dérangeant même. En plus d’un Rebus complètement borderline, on explore la face sombre de cette partie du Royaume-Uni: la mafia de la drogue et ses méthodes expéditives, l’industrie pétrolière et ses pratiques toutes aussi douteuses parfois, la pauvreté et la misère sur lesquels prospèrent le crime et la violence. Saisissant de réalisme comme toujours, Rankin n’a pas son pareil pour planter une ambiance et densifier le contexte tout en ne négligeant pas l’enquête et ses multiples circonvolutions. Dans ce volume, on croise aussi de vieilles connaissances comme Siobhan Clarke, Gill Templer ou encore Jack l’ancien coéquipier de Rebus. C’est un peu comme si on se retrouvait dans une vieille réunion de famille. Tous, à leur manière, s’inquiètent pour notre héros et lui apporteront leur aide au moment voulu pour son enquête mais aussi dans sa quête de rédemption.

Il ne faut pas moins de 640 pages à l’auteur pour nous conter cette nouvelle aventure et on ne les voit pas passer. Pas de longueur ni de passages inutiles, le lecteur est hypnotisé par le chemin de croix d’un Rebus encore plus touchant que jamais. La séduction de l’écriture fine et incisive de Rankin est toujours aussi accrocheuse et nous sommes emportés par les remous d’un récit à tiroir qui cloue le lecteur à son livre, l’empêchant même de le reposer pour vaquer aux occupations du quotidien. Ce livre est donc redoutable dans son genre, une sacrée expérience pour un plaisir de lecture optimum. À découvrir au plus vite si vous êtes amateur du genre et du personnage principal. Ce serait péché de passer à côté !

Egalement lus et chroniqués au Capharnaüm éclairé :
"Nom de code: Witch"
"Le fond de l'enfer"
"Rebus et le loup-garou de Londres"
"L'Étrangleur d'Edimbourg"
"La Mort dans l'âme"
"Le Jardin des pendus"
"Causes mortelles"
"Du Fond des ténèbres"
- "La Colline des chagrins"

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité