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Le Capharnaüm Éclairé
20 décembre 2017

"Revanche" de Dan Simmons

L’histoire : Joe Kurtz, tout juste sorti de douze années de prison pour s'être fait justice, croyait bien avoir vengé la mort de sa femme en défenestrant le coupable. La vérité, même froide, est parfois plus subtile. Traqué par un chef de la mafia qui lui envoie les pires bouchers, sollicité par un père désireux d'élucider la mort d'une fillette et harcelé par des flics véreux, Kurtz, véritable surdoué de la guerre urbaine, va devoir éviter les coups. Alors que rôde sur la ville un psychopathe aux identités multiples et qu'une femme, deux fois veuve à moins de trente ans, tente de le manipuler, Kurtz n'a qu'une priorité : protéger sa fille de douze ans.

 

La critique de Mr K : Cela fait un bon bout de temps que je n’ai plus pratiqué Dan Simmons, un auteur que j’aime beaucoup notamment pour ses grands cycles de SF (liens vers les chroniques en bas de celle-ci). J’ai rarement eu affaire à lui dans d’autres genres même si à chaque fois que l’occasion s’est présentée, la lecture fut toujours un plaisir. Revanche trônait dans ma PAL depuis trop longtemps, je décidai donc de lui faire un sort et je débutai ma lecture avec enthousiasme.

 

Joe Kurtz a passé douze ans derrière les barreaux pour s’être fait justice lui-même. Ex détective privé, il est désormais en liberté conditionnelle et n’est plus totalement libre de ses mouvements. Il continue néanmoins ses activités en sous main avec sa fidèle secrétaire. Cependant très vite, le passé le rattrape. Il est surveillé de près par des flics ripoux qui veulent venger à leur manière un collègue que Kurtz aurait exécuté, des tueurs à gage ne faisant pas dans la dentelle sont aussi sur ses traces et un père désespéré veut faire appel à ses services pour retrouver le meurtrier de sa fille. Rajoutez là-dessus l’ombre terrifiante d’un serial killer qui plane au dessus de l’ouvrage, une veuve noire appartenant à la mafia et vous obtenez un roman policier déjanté qui fait fi des codes et peut s’avérer tout à fait imprévisible.

 

Dans cet ouvrage, on nage en plein polar hardboiled, comprendre par là que tout est violence et hargne. Pas beaucoup de personnages peuvent se vanter d’être irréprochables, on côtoie la misère crasse, la haine féroce et les manipulations les plus iniques. Kurtz qui au départ peut rebuter le lecteur n’est finalement pas le plus pourri de tous, j’ai trouvé que l’ambiance crépusculaire proposée faisait diablement pensé au Sin City de Miller. Peu d’espoir dans ces pages si ce n’est celui de se venger, de reprendre la main et de mettre fin à une spirale infernale entre crimes, poursuites, alliances changeantes, rédemption et recherche d’une certaine paix intérieure. Clairement ces 356 pages sentent la poudre et ça défouraille sec entre deux dialogues bien sentis et des révélations en cascade.

 

L’addiction prend de suite grâce à un scénario à tiroir qui ménage bien ses effets. On retrouve certes des figures obligées du genre (le lien indéfectible entre Kurtz et sa collaboratrice, le serial killer malin comme un singe qui semble insaisissable, la figure innocente d’une enfant en danger, la corruption qui ruine la moralité de la Police…) mais l’ensemble s’enchevêtre parfaitement, se complète et livre une trame sans pitié et sans temps morts. On ne s’ennuie pas un instant et l’on peut compter sur l’art de la narration de Dan Simmons pour tenir le lecteur en haleine, l’empêchant même à l’occasion de se coucher suffisamment tôt. Il faut dire que le héros en prend vraiment plein la tronche et qu’il est au bord du précipice plus d‘une fois pour le plus grand plaisir sadique du lecteur complètement accroché par un récit haut en couleur.

 

L’écriture reste toujours aussi limpide et exigeante. Loin des polars conventionnels (parfois certains sont à la limite de la soupe littéraire), ce roman s’apparente clairement aux montagnes russes avec des émotions contradictoires qui s’enchaînent et un plaisir de lire renouvelé à chaque fin et début des courts chapitres qui le composent. Nerveux, foisonnant mais aussi parfois très intimiste, il ne donne pas à voir le meilleur de l’humanité mais procure une sacrée expérience de lecture. Les âmes sensibles s’abstiendront, les autres - si vous êtes amateurs - peuvent y aller sans souci, vous ne le regretterez pas !

 

Lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
Ilium
Olympos
Terreur
L'Homme nu
Les Chiens de l'hiver
- L'épée de Darwin

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Commentaires
E
oh un peu "too much" pour moi ! tu vas loin !
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S
De Dan Simmons, j'avais lu Terreur que j'avais adoré. Mais je ne connaissais pas ce titre par contre.
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