"Creed" de Ryan Coogler
L'histoire : Adonis Johnson n'a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d'être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D'abord réticent, l'ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter...
La critique Nelfesque : Rocky et moi c'est une grande histoire d'amour. J'ai été biberonnée à la saga du même nom, j'ai toujours aimé la boxe, j'ai regardé les retransmissions de matchs à la TV avec mon père et j'ai même voulu en faire à la Cité U lorsque j'étais étudiante (et puis j'y ai renoncé parce que je voulais surtout taper dans des sacs, sauter à la corde et faire des entraînements mais on ne pouvait pas s'inscrire uniquement pour ça). Bref, j'ai une vraie tendresse pour Rocky même si je suis consciente de ses faiblesses et quand j'ai vu qu'un nouveau volet arrivait au cinéma, j'avais à nouveau 12 ans !
Et pourtant j'ai failli ne pas le voir en salle, faute à un Mr K qui ne verse pas du tout dans la licence mais qui finalement à concéder à me faire plaisir. Vu l'effort que j'avais fourni pour "Knight of cup" quelques jours plus tôt, il me devait bien ça... Oui je sais, ce n'est pas du tout le même genre de film et je ne me risquerai même pas à les comparer. BREF ! Je suis bien contente d'avoir pu voir "Creed" au cinéma, dans la plus grande salle du coin d'ailleurs et de m'être pris les plus gros uppercuts de ma vie en pleine poire (oui en terme de taille, c'était bien les plus gros).
"Creed", comme tous les "Rocky", ne déroge pas à certaines règles. Il est très codifié et pour ma part, je ne m'attendais pas vraiment à être surprise avec ce septième opus. Ce ne fut donc pas le cas, on a ici un jeune "quin'enveut", un peu foufou et pas au niveau mais qui a l'oeil du tigre (gné !) et de bons gènes puisqu'il s'agit du fils d'Apollo Creed, grand rival puis grand ami de Rocky par le passé (first they meet, second they fight and third they fuck). Contre l'avis de tous, il va poursuivre son rêve et va aller à Philadelphie pour y rencontrer Rocky et essayer de le persuader de devenir son entraîneur. No surprise, il va obtenir ce qu'il veut.
On a le droit aux training scenes qui n'ont pas à rougir des précédentes avec du sang, de la sueur et des larmes. Ça court dans les rues de la ville, ça monte les marches du musée des beaux-arts de Philadelphie, ça ne ménage pas sa peine et on revient aux fondamentaux de la licence, des entraînements roots dans des salles sobres, loin du tape à l'oeil et avec des entraîneurs efficaces et aux valeurs qui ne sont plus à prouver. La boxe dans son plus simple appareil, on se bat pour la gagne, pour soi-même, pour la beauté du ring et non pour de l'argent ou par fierté. C'est simple, c'est peut-être couillon ou too-much mais moi ça me plaît ! Et avec le "Gonna Fly Now" en fond, moi ça me fout toujours autant les poils et ça me donne envie de me lever sur-le-champ et d'aller courir 30 bornes (bon euh... je ne le fais pas pour autant, je tiens à ma vie).
Et hop une compil' de training scenes pour le plaisir (comme dirait Herbert)
Le jeune Michael B. Jordan qui interprète le rôle d'Adonis est très convaincant. Il joue bien et physiquement il a donné de sa personne pour nous offrir un jeune boxeur crédible et sculpté. On ne peut pas en dire autant de sa copine, Tessa Thompson dans le rôle de Bianca, qui non seulement à un nom de souris mais qui est particulièrement niaise (même si elle est extrêmement jolie). Mais bon, ça aussi ça fait partie des codes des Rocky. Les histoires d'amour sont un peu beaucoup gnian-gnian et la psychologie des rapports amoureux met toujours mal à l'aise (souvenez-vous d'Adrian... Non franchement, entre Rocky et elle c'est bien mignon mais c'est quand même du lourd...).
Et puis on retrouve Rocky, fidèle à lui-même, solitaire, un brin timide et toujours humble. Encore plus ici puisqu'il a pris de l'âge et n'est plus capable de monter sur un ring. Stallone n'a plus la même gueule, plus due à la chirurgie esthétique qu'aux coups de poing, mais il a toujours la posture et incarne toujours à merveille son personnage phare. L'ombre de Mickey plane sur ce long métrage. Un vieil entraîneur qui coache un petit jeune, forcément on y pense...
Bon, vous l'aurez compris, je suis allée voir "Creed" uniquement par amour pour Rocky. L'histoire au fond m'importait peu et même si ça avait été un documentaire sur la fabrication de la pâte à pizza dans l'arrière cuisine du restau italien de Balboa j'y serai allée la tête haute. Parce qu'on a tous nos madeleines de Proust dans la vie, parce que quand je sais qu'une œuvre va me faire du bien je ne boude pas mon plaisir et parce qu'un Rocky est un formidable booster de niaque ! Il parait qu'il va y avoir un "Creed II". Je l'attends avec impatience.
La critique de Mr K : 3,5/6. Vous vous souvenez tous du désastre que ça a été pour Nelfe d'aller voir le dernier Malick. Elle avait passé un très mauvais moment et ceci uniquement pour me faire plaisir... C'est beau l'Amour! C'était à mon tour de lui prouver le mien en l'accompagnant voir un film dont je n'étais vraiment pas sûr d'en apprécier la forme et le fond, n'étant vraiment pas un fan des films de boxe et de Rocky en particulier. Plus jeune, j'étais plutôt Schwarzenegger que Stallone, guéguerre en cours à l'époque au collège entre fans de Prédator et de Rambo. Non mais franchement, ce dernier n'aurait pas tenu un round face au chasseur venu de l'espace... mais je m'égare!
Bref, me voilà dans la salle en compagnie de Nelfe pour voir le dernier volet en date de la saga Rocky avec en arrière plan l'idée d'un passage de témoin pour le fils caché d'Apollo Creed (figure marquante des films de base). Film de boxe oblige, il est question de rédemption par le sport, de filiation compliquée et d'épreuves personnelles et professionnelles. Clairement, on n'est pas face à une œuvre originale et novatrice mais malgré des ficelles scénaristiques minces, l'ensemble fonctionne plutôt bien. Pas de surprises au rendez-vous mais des passages obligés efficaces et porteurs de sens. Honnêtement, je ne me suis pas ennuyé. Croyez-moi, j'en suis le plus surpris!
La réalisation est plutôt bonne avec des combats magistralement tournés qui nous plongent dans l'ambiance un peu folle qui entoure un combat de boxe: musique de cakos, show à l'américaine, explosion de violence et notion de respect mutuel. Sang, sueurs et larmes chères à Churchill sont au RDV pour des scènes d'anthologie et un jeune premier qui en prend vraiment plein la tronche! Malgré mon désintérêt profond pour la discipline, j'ai aimé la tension amenée par ce métrage et les fulgurances surgies de nulle part ici ou là. Le plaisir du spectateur est au RDV surtout que l'image est belle et que la musique accompagne à merveille le métrage.
Les acteurs sont au diapason proposant des prestations très réussies notamment Stallone impeccable dans le rôle du boxeur vieillissant accablé par la maladie et le jeune premier, Michael B. Jordan, est charismatique à souhait et donne vraiment du corps à son personnage plutôt caricatural en lui conférant une âme. Il en devient touchant malgré son côté petit fils de bourge et c'est avec une certaine satisfaction qu'on suit ses doutes et sa quête de lui-même. Plus anecdotique, le personnage féminin que j'ai trouvé très cliché et assez creux malgré une beauté plastique indéniable et le bad guy grimaçant et méchant au delà du raisonnable. Il en devient ridicule et chacune de ses apparitions m'a fait doucement sourire.
Au final, un bon petit moment de cinéma même si je ne pense pas le revoir un jour tant le film reste trop fléché dans les codes inhérents au genre auquel il appartient. A voir au cinéma cependant pour quelques scènes choc vraiment efficaces!