"Les Neuf dragons" de Michael Connelly

L'histoire: Harry Bosch, dépêché sur une affaire de meurtre dans le quartier chinois de L.A., soupçonne des activités de racket des triades locales. Préoccupé par l'enquête, il n'a pas regardé le message vidéo envoyé par Maddie, sa fille de 13 ans qui vit à Hong Kong. Vision d'horreur: elle est otage des triades. Harry pensait pouvoir tout affronter, mais sa fille est son point faible… et les caïds le savent!
La critique de Mr K: Cela faisait un peu plus de deux ans que je n'avais pas lu de Connelly et plus spécialement une aventure d'Harry Bosch, un de mes inspecteurs favoris avec le personnage d'Adamsberg de Fred Vargas et l'écossais Rebus de Ian Ranking. Long time no see certes, mais il faut dire que la bibliographie de cet auteur américain n'est pas inépuisable et qu'avec celui-ci j'en suis à mon 14ème de la série. Un hasard heureux a voulu une fois de plus que je tombe sur Les Neuf dragons qui manquait à ma collection. Il ne m'a pas fallu bien longtemps pour entamer ma lecture…
C'est avec grand plaisir que l'on retrouve Harry aux prises avec un meurtre d'un vieux boutiquier chinois. Après les premières constatations et le visionnage d'heures entières de bandes vidéo, la piste du racket organisé saute aux yeux et dans ce domaine les triades chinoises ne sont jamais très loin dans ce quartier de la Cité des Anges. L'étau se resserre sur un putatif coupable… C'est alors que la fille de Bosch est enlevée à Hong Kong, lieu de villégiature de son ex femme devenue joueuse de poker professionnelle dans un grand casino de la voisine Macao. Ni une ni deux, le policier s'envole pour l'Asie pour retrouver sa fille. Il en est certain, elle est toujours vivante! C'est le début d'une course poursuite éprouvante qui ne verra son déroulement que dans les ultimes pages de cet ouvrage.
La première partie de ce roman est classique et s'inscrit dans la tradition des opus précédents. On suit pas à pas l'enquête d'Harry. Ce dernier a un nouveau partenaire (Ignacio) qui se révèle traumatisé par une balle qu'il a pris lors d'une arrestation. Il en fait donc le moins possible et la tension est palpable avec Harry qui vit littéralement pour son métier qu'il considère comme sa passion, la mission de sa vie. Par contre, le chef a changé et apporte son soutien à son inspecteur remuant. Comme à son habitude, Connelly étale avec délice tous les détails de l'avancement de l'enquête: les premières constatations, l'autopsie, l'étude des projections de sang (pas de Dexter pour autant!) et c'est vraiment pas à pas qu'on progresse, au rythme des enquêteurs. Il y a moins de moments de pause avec Harry dans sa maison surplombant la vallée, moins d'atermoiements sur ses états d'âmes. Il faut dire qu'il subit moins de pression de la part de sa hiérarchie que dans les récits précédents.
C'est sans compter l'enlèvement de sa fille qui survient un peu avant la moitié du livre. Pétage de plomb, décisions rapides à prendre, toutes ses certitudes s'effondrent et il va devoir rechercher l'être cher dans une ville qu'il connaît très mal et où il va se retrouver confronter à Eléanore, son ex qu'il n'a cessé d'aimer et qui a refait sa vie à l'autre bout du monde. Il a cependant besoin d'elle car même s'il est déjà venu à Hong Kong pour voir sa fille Madeline, la barrière de la langue et sa méconnaissance des lieux jouent contre lui. Beaucoup plus pressant, la deuxième partie de ce roman virevolte entre vieilles rancœurs et non-dits et course contre la montre dans la métropole asiatique fourmillante de vie. C'est l'occasion pour Connelly d'étaler sa science de la description et ses grandes qualités pour créer une ambiance. C'est bien simple, on s'y croirait! La lecture se révèle toujours aussi facile et addictive. Et pourtant…
J'ai été en effet quelque peu déçu par cet opus. Tout d'abord, même si on se prend au jeu, j'ai trouvé l'histoire et ses rebondissements plutôt classiques et sans surprise, une première avec cet auteur. La montée de l'intrigue et la pression qui l'accompagne même s'ils sont bien rendus ne m'ont pas autant captivé que d'autres ouvrages de référence de cet auteur. On tombe un peu dans le banal. Et puis, il y a quelques éléments qui ne tiennent pas debout, des motivations peu crédibles et des actions qui semblent impossible à réaliser et qui restent sans explication plausible. Là encore, Connelly m'avait habitué à mieux. Je rejoins donc ici les réserves que j'ai pu lire ici ou là dans certaines chroniques du web.
Pour autant, on passe un bon moment et c'est toujours une joie de retrouver Harry et ses démons. Espérons que dans ses prochaines aventures, Connelly retrouve toute sa maestria et revienne à ce qu'il sait le mieux faire: des livres addictifs et profonds qui nous interrogent sur l'humain et le monde qui l'entoure. Ce serait dommage de gâcher la destinée d'un personnage aussi attachant qu'Harry Bosch.
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