"The Voices" de Marjane Satrapi
L'histoire : Jerry vit à Milton, petite ville américaine bien tranquille où il travaille dans une usine de baignoires. Célibataire, il n’est pas solitaire pour autant dans la mesure où il s’entend très bien avec son chat, M. Moustache, et son chien, Bosco. Jerry voit régulièrement sa psy, aussi charmante que compréhensive, à qui il révèle un jour qu’il apprécie de plus en plus Fiona - la délicieuse Anglaise qui travaille à la comptabilité de l’usine. Bref, tout se passe bien dans sa vie plutôt ordinaire - du moins tant qu’il n’oublie pas de prendre ses médicaments...
La critique Nelfesque : Après "Persepolis" et "Poulet aux prunes", Marjane Satrapi s'essaye à la comédie horrifique avec "The Voices". Une réussite par son côté comique que tout le monde a remarqué et mis en avant mais aussi, et surtout, pour son côté sensible.
Oui, "The Voices" est drôle. Les situations sont décalées, les plans originaux et l'univers coloré complètement déjanté. Toutes les critiques sont dithyrambiques à ce sujet (comme le prouve l'énorme bandeau moche sur l'affiche) et en lisant les avis des uns et des autres sur la toile on dirait même que cet aspect là du film a éclipsé le fond. Je ne sais pas si je suis un être à part ou une horrible psychopathe mais de mon côté, c'est avant tout l'aspect dramatique du film qui m'a le plus touchée. Je suis ressortie de cette séance profondément triste.
"Triste ? Mais t'es sérieuse ? Tu ne peux pas ressentir de l'empathie pour un serial killer ?" C'est en substance ce qui m'a été répondu lorsque j'ai donné mon avis sur ce long métrage. Certes Jerry est un psychopathe. Il tue des femmes et entend des voix. Mister Whiskers, son chat roux (trop mignon), le pousse à commettre des choses que la morale réprouve. Bosco, grand chien pataud, est quant à lui son opposé, essayant de tirer Jerry vers le haut en le ramenant à la raison. Tels l'ange et le démon sur ses épaules, ses animaux l'obsèdent mais ils sont aussi ses seuls et uniques amis. Jerry est malade, schizophrène comme sa mère avant lui. Il ne parvient à déceler la réalité des choses qu'uniquement sous médication. Ses médicaments le coupent de sa vie intérieure et lui montrent au grand jour la misère de sa vie réelle alors il décide de ne pas les prendre quitte à commettre l'irréparable et accuser son chat de toutes les mauvaises pensées.
Tout le film étant filmé avec les yeux de Jerry, on ne peut que ressentir de l'empathie pour cet homme. Une vie merdique, un manque de confiance en lui, un épisode traumatisant dans son enfance, des collègues moqueurs, un besoin d'amour flagrant... Cette histoire est pathétique et heureusement que le comique vient parfois dédramatiser l'ensemble car j'aurai versé ma larme encore plus souvent. Cette tristesse Jerry la porte en lui. Ryan Reynolds qui joue son rôle, interprète ce rôle d'homme pris entre deux feux à la perfection. Son changement de regard quand il trouve l'amour, son air perdu et désespéré quand il tue... rien que de l'évoquer j'en ai encore des frissons.
Je n'en oublie pas pour autant le côté complètement loufoque du film qui vient alléger l'ensemble. J'ai totalement adhéré à ce parti pris, certaines scènes étant de vrais bulles d'air dans cette existence angoissante. Et quand elle fait dans le léger, la réalisatrice ne fait pas les choses à moitié ! Quelle fin !
Vous l'aurez compris, je vous conseille vivement d'aller voir "The Voices" qui est toujours à l'affiche. Pour vous marrer certes mais aussi peut être pour ouvrir les yeux sur la vie des gens atteints de maladies psychologiques qu'il est bien plus confortable pour nos consciences de qualifier de "fous" et de les oublier. Un film que je me procurerai en DVD, assurément !
La critique de Mr K : 4/6. Une séance de cinéma bien sympathique et finalement très surprenante. Je m'attendais à une comédie noire très drôle, j'ai plus été marqué par le côté triste de l'entreprise avec une fin assez rude malgré l'ultime pied de nez final de la réalisatrice. Attention film unique entre sourire, frisson et révélations mélancoliques qui malgré quelques défauts pourrait fortement vous séduire.
Jerry (Ryan Reynolds) travaille dans une usine fabriquant des baignoires dans la petite ville américaine tranquille de Milton. Plutôt solitaire, il passe son temps à discuter avec ses animaux de compagnie un chien débonnaire et un chat plutôt déviant. C'est que Jerry n'est pas comme tout le monde, il a une pathologie lourde qui l'oblige à prendre des cachets et à aller voir régulièrement sa psy. Tout va basculer quand il va s'éprendre de la belle comptable d'origine anglaise… Son existence bien réglée va être bousculée, les voix vont se faire de plus en plus pressantes et les cadavres vont s'accumuler.
Ce film est un combiné de bien des genres, la réalisatrice passe vraiment à autre chose par rapport à ses productions précédentes. On flirte ici avec l'horreur pure, le fantastique, le thriller et la comédie à l'américaine notamment lors des passages avec les animaux qui parlent. Le traitement d'une histoire finalement classique et sans réelle surprise (d'où une bonne note mais pas fofolle) est étonnant et peut dérouter quelque peu le spectateur au début de la séance. J'ai trouvé d'ailleurs le démarrage un peu lent, heureusement la machine s'emballe bien dès la demi-heure passée et le métrage prend alors l'allure d'un gigantesque train fantôme entre rire, stupeur et larmes. Oui, il y a des passages vraiment poignants concernant le personnage principal et son enfance notamment.
Les acteurs sont excellent avec en premier lieu un Ryan Reynolds qui excelle dans ce rôle d'homme perdu, handicapé de la vie qui cherche le bonheur en semant le malheur sur son chemin. Son jeu est tout en finesse et en charme. Cela ne m'a que peu étonné après la petite claque que m'avait donné le film Buried où il campait un américain enterré vivant (à voir absolument). Ses partenaires féminines ne sont pas en reste avec une Gemma Arteton survoltée aussi vivante que morte et une Anna Kendrick touchante de naïveté, chavirée par l'amour qu'elle voue à Jerry. On se surprendrait presque à espérer une happy-end alors que très vite, on se doute du caractère funeste du final que Marjane Satrapi transforme en un feu d'artifice délirant (n'insistez pas, vous n'en saurez pas plus!).
Un bon moment de cinéma, aux plaisirs variés et une réalisatrice qui change totalement de genre. À voir.
The Voices : Bande annonce VOST [Ryan Reynolds... par Filmsactu