"Personne n'en saura rien" de Sylvie Granotier
L'histoire: Mélusine, Jeanne, Irène... Aucune n'est ressortie vivante de l'arrière de cette camionnette qui sillonnait les côtes françaises. L'assassin n'a jamais été inquiété. Isabelle a seize ans quand elle croise sa route. Elle est prête à tout pour survivre.
Aujourd'hui, elle est seule à savoir qui se cache derrière ce gros type solitaire jugé pour viol sur mineure. Pourtant elle se tait et c'est lui qui a peur. La victime est-elle bien celle que l'on croit?
La critique de Mr K: "Personne n'en saura rien" est une histoire de face à face. Isabelle est une rescapée, elle a réussi à échapper à l'ogre des temps modernes Jean Chardin. Le procès commence et étonnamment les rôles semblent s'inverser entre la victime et le bourreau. Il est sur ses gardes et pétrifié alors que la jeune fille a un comportement peu commun entre silence et instrumentalisation. Le récit alterne donc scènes de procès et flashbacks, la vérité est peu à peu levée au fil des révélations successives...
Je suis plus que mitigé sur cet ouvrage qui m'a laissé de marbre. Pourtant il se lit vite et avec un certain intérêt. Ce dernier réside essentiellement dans le jeu de l'auteur consistant à lier les souvenirs épars des uns et des autres et le jugement en cours. J'ai particulièrement aimé les passages concernant Jean Chardin dont l'enfance porte en germe le monstre en devenir qui croît peu à peu en lui. Bien mené à défaut d'être original, le parcours de ce personnage tour à tour émeut, effraie et révulse le lecteur. En parallèle, nous vivons les derniers instants de quelques unes de ses victimes et rentrons dans la tête d'Isabelle. Là, je dois avouer que je m'en suis complètement désintéressé! Terrible quand même! L'auteur enfile cliché sur cliché, on navigue dans le commun et finalement l'accroche n'est pas là. On en viendrait presque à regretter qu'elle ait survécu. Bon... j'avoue que j'exagère un peu mais vu le rôle que lui a attribué Sylvie Granotier, je m'attendais vraiment à une figure beaucoup plus puissante et plus soignée dans sa caractérisation.
Là où le bât blesse c'est surtout sur la promesse non tenue par la quatrième de couverture! Le suspens n'a rien de sombre et d'intense, tout retombe comme un soufflé. On se doute dès la première moitié de ce qui se trame. D'ailleurs en relisant le résumé au dos, je me rends compte que tout est dit implicitement... Vraiment ballot pour un roman de la série Special Suspense! Raté à ce niveau là, il ne reste pas grand chose pour sauver ce volume qui ne m'a pas donné spécialement envie de découvrir davantage cette auteure qui en plus n'écrit pas de manière marquante. Il y a des passages vraiment fulgurants (toujours autour de Jean Chardin) mais le reste m'a semblé plat et sans rythme. Dommage, dommage car le thème et l'histoire me séduisaient sur le papier...
Au final, je considère cette lecture comme purement alimentaire et je ne peux vraiment pas vous la conseiller tant il se fait beaucoup de choses bien mieux et plus haletantes dans le domaine. Les forcenés du genre en tout cas feraient mieux de passer leur chemin!