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Le Capharnaüm Éclairé
4 novembre 2014

"Les Neuf Cercles" de R.J. Ellory

L'histoire : 1974. De retour du Vietnam, John Gaines a accepté le poste de shérif de Whytesburg, Mississippi. Une petite ville tranquille jusqu’au jour où l’on découvre, enterré sur les berges de la rivière, le cadavre d’une adolescente. La surprise est de taille : celle-ci n’est autre que Nancy Denton, une jeune fille mystérieusement disparue vingt ans plus tôt, dont le corps a été préservé par la boue. L’autopsie révèle que son cœur a disparu, remplacé par un panier contenant la dépouille d’un serpent. Traumatisé par le Vietnam, cette guerre atroce dont « seuls les morts ont vu la fin », John doit à nouveau faire face à l’horreur. Il va ainsi repartir au combat, un combat singulier, cette fois, tant il est vrai qu’un seul corps peut être plus perturbant encore que des centaines. Un combat mené pour une adolescente assassinée et une mère de famille déchirée, un combat contre les secrets et les vérités cachées de sa petite ville tranquille. Si mener une enquête vingt ans après le crime semble une entreprise périlleuse, cela n’est rien à côté de ce qui attend John : une nouvelle traversée des neuf cercles de l’enfer.

 

La critique Nelfesque : Un nouvel Ellory en librairie, comment passer à côté quand on aime tant cet auteur ? La réponse est simple : on ne peut pas ! C'est donc avec plaisir que je me suis plongée dans cette nouvelle traduction pour laquelle j'aurai un avis plus nuancée que pour d'autres œuvres éditées par le passé.

 

Vous trouverez à la fin de ce billet, les liens menant vers mes autres chroniques des romans d'Ellory traduits en français à l'heure actuelle. D'ordinaire, je ne taris pas d'éloge et suis complètement envoûtée par la plume et les histoires que nous propose Ellory. "Les Neuf Cercles" n'est à mon sens pas à la hauteur des précédents mais cela n'en fait pas pour autant un mauvais roman. Bien au contraire !

 

Le background est bon. John Gaines, shérif de Whytesburg, est un vétéran de la Guerre du Vietnam. Avec ses fêlures, ses démons et ses souvenirs traumatisants, il va devoir prendre à bras le corps une enquête peu commune. Une affaire vieille de vingt ans refait surface lorsque le cadavre de la jeune Nancy est retrouvé dans un état de conservation étonnant. Cette adolescente de 16 ans au moment de sa disparition réapparaît soudainement sous forme de macchabée 20 ans plus tard comme si elle était morte hier. Passé l'étonnement et l'incompréhension, l'enquête s'annonce difficile lorsque les témoins d'hier ont depuis tous eu une vie et des souvenirs émoussés.

 

Sous certains aspects, ce présent roman m'a fait pensé à "Millénium 1 - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes" de Stieg Larsson. Fouiller dans le passé de la victime alors qu'avec le temps tout le monde a vieilli et que les indices ont disparus, revenir sur les lieux du meurtres alors que le temps a passé et que la société a évolué... Gaines n'étant en plus pas un enfant du pays mais un shérif nommé relativement récemment, il va devoir s'appuyer sur les aptitudes de ses agents et des autorités aujourd'hui à la retraite pour mener à bien son enquête.

 

Nous naviguons entre le présent de l'enquête de Gaines, ses souvenirs du Vietnam et ceux d'une jeune femme, amie de la victime au moment des faits. On se retrouve alors au côté de Nancy dans ses préoccupations d'adolescente, près de ses amours, de ses amis, dans ses soirées d'été chargées d'émotion et avec sa bande de copains qui nous rappelle à tous la nôtre. Ellory est toujours aussi bon pour mettre en place une ambiance faisant naître une vraie empathie des lecteurs pour ses personnages.

 

Mais pourquoi cette nuance alors ? A cause du personnage de Gaines et plus précisément de sa façon de mener l'enquête. Les allers-retours au Vietnam et la dureté de cette guerre est magistralement bien retranscrite. Le lecteur ressent les souffrances des anciens combattants, la difficulté de passer à autre chose quand on a la chance de revenir indemne physiquement d'une telle guerre... Là où le bât blesse selon moi c'est dans le côté très "terre à terre" que peut avoir Gaines dans sa gestion de l'avancée de l'enquête. Plus amateur que réellement bon shérif (pour sa défense, ce n'est pas le genre d'enquête dont on a affaire tous les 4 matins), il va là où le vent le mène et marche beaucoup à l'instinct, se persuadant de la culpabilité des uns ou des autres dès qu'il ressent le moindre doute. Ce personnage oublie très facilement que les apparences peuvent être trompeuses et qu'être un bon flic nécessite d'aller au fond des choses avant de conclure à la culpabilité d'un suspect. Il commet des erreurs, très souvent, n'en tire pas de leçons, ne s'excuse jamais et passe à la suite en se plantant sans cesse... Cette façon de faire m'a quelque peu gâché ma lecture alors que sous tous les autres aspects, "Les Neuf cercles" a tout pour me plaire...

 

Mais les romans d'Ellory c'est avant tout un climax, une capacité à faire de ses personnages des hommes et des femmes que l'on suit pour ce qu'ils sont, pour ce qu'ils ont vécu et pour ce qu'ils ressentent avant tout. Paradoxal me direz-vous de finalement aimer Gaines après ce que je viens d'en dire précédemment. Oui mais voilà, Gaines ne se résume pas à cette enquête et à sa position de shérif justement. Gaines est un homme au passé douloureux, veillant sur une mère malade et fatiguée, dans une ville du Mississippi où chacun veille sur son voisin, où les secrets peuvent être lourds et dans un Etat, voisin de la Louisiane, où le vaudou et la magie noire trouvent une légitimité encore actuelle. L'enquête n'est finalement qu'un prétexte pour Ellory à dépeindre la noirceur de l'âme humaine et aborder des sujets douloureux tels que les traumatismes de guerre et le deuil.

 

Je vous conseillerai donc tout de même de vous laisser tenter par "Les Neuf Cercles" même si pour moi d'autres romans de l'auteur sont à lire en priorité avant celui ci pour vraiment apprécier tout le génie du monsieur.

 

Egalement lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
- "Seul le silence"
- "Les Anonymes"
- "Vendetta"
- "Les Anges de New-York"
- "Mauvaise étoile"

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Commentaires
S
J'aime beaucoup cet auteur et j'avais beaucoup aimé Mauvaise étoile :-)
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