"Apparition" de Graham Masterton
/image%2F0404534%2F20241104%2Fob_9089a8_apparition.jpg)
L'histoire: Chargé de restaurer une vieille demeure victorienne, David Williams y est confronté à d'étranges phénomènes: bruits mystérieux, lueurs inexplicables et surtout la présence de Brown Jenkin, un rat d'une taille monstrueuse qui rôde dans le grenier.
Il apprend bientôt que la maison était au siècle dernier un orphelinat et que tous les enfants y sont morts en l'espace de deux semaines. Épidémie? Ou bien les petits pensionnaires ont-ils été enlevés et tués au cours d'un rituel abominable?
Explorant le grenier, il découvre que celui-ci est en fait une porte sur le temps, qui permet de revenir en 1886, date à laquelle les Grands Anciens firent une première tentative pour reprendre le contrôle de notre planète.
Une seconde offensive se prépare...
La critique de Mr K: Lors de ma dernière lecture d'un Masterton (Magie des neiges), j'avais été grandement déçu. J'étais donc parti pour éviter d'en relire malgré un goût prononcé pour le genre épouvante-horreur que je trouve idéal pour se détendre entre deux lectures dites plus conventionnelles... Oui, oui, on est un peu bizarre au Capharnaüm Éclairé. Mais voilà, l'abbé a encore frappé et lors d'un passage innocent sur les lieux du crime pour trouver des éléments de décoration pour notre mariage, je tombai sur le présent volume que me tendit, la bouche en cœur, mon adorée. Crotte, flûte et mort au rat! Les Grands Anciens sont mentionnés et je ne peux que penser au maître du genre, HP Lovecraft qui m'a converti il y a déjà bien 20 ans au genre! Je décidai donc d'adopter ce livre afin de donner une dernière chance à cet auteur. Bien m'en a pris! Même si ce n'est pas un chef d'œuvre, il a rempli son office malgré un démarrage un peu mou du genou.
Sacré David! Dans le genre loser dans la vie il se pose là et ça ne va aller en s'améliorant. Sans le sou depuis son divorce compliqué, avec son fils Danny sur les bras, il se retrouve à devoir rénover une vieille demeure victorienne au passé des plus inquiétants. Grattement, frottement, lumière irréelle, cimetière d'enfants dans le jardin, la panoplie complète de la maison hantée et plus encore! Très vite, on sent bien qu'il se trame quelque chose et croyez moi, on n'est pas au bout de nos surprises!
Il faut bien avouer que les débuts sont tout de même laborieux. D'une extrême lenteur, le récit peine à s'installer d'autant que les personnages s'apparentent à des clichés ambulants notamment les personnages secondaires, au premier rang desquels celui de Liz, une jeune fille charmante comme tombée du ciel et dont la psychologie n'a pas plus d'épaisseur qu'un OCB bleu expert. L'écriture est sympathique mais sans plus et ça manque cruellement de suspens et de concret.
Heureusement l'auteur semble se donner un bon coup de pied au derrière à partir de 150 pages et l'on tombe alors dans une œuvre débridée à souhait où le gore et le mysticisme sombre ont la part belle. Fantômes du passé, voyages dans le temps, créatures innommables lovecraftiennes, cruauté gratuite et thriller psychologique se conjuguent à merveille et l'on comprend que l'auteur en avait gardé sous le coude. Ce mélange de SF, d'horreur et de drame intime forme une belle œuvre qui certes tarde à monter en pression mais se termine dans une pyrotechnie littéraire des plus flamboyantes et rarement descriptions m'auront autant marqué que celle du dernier acte. On tend vraiment vers Lovecraft par moment et j'ai adoré certains passages!
Les talents d'écrivains de Masterton ne sont plus à prouver et j'ai retrouvé l'enthousiasme qui m'accompagnait lors de mes premières lectures de cet écrivain. Mâtiné de références cultes (Poe, Lovecraft, un peu du King par moment), cet ouvrage est une excellent détente neurone, horrifique à souhait et à la chute assez surprenante. Avis aux amateurs!
Egalement lus et chroniqués au Capharnaüm éclairé:
- Le Portrait du mal
- Magie des neiges