"Axolotl roadkill" d'Hélène Hegemann
L'histoire: Mifti n'est pas une ado comme les autres. Livrée à elle-même, elle sèche les cours, elle fume, se noie dans l'alcool, prend de la coke et des ecstas. Avec ses amis, ils s'envoient des SMS, des mails, ils philosophent sur la vie, chantent des airs de Pink Floyd, feraient n'importe quoi pour s'impressionner.
L'anarchie totale, quoi.
La critique de Mr K: Axolotl roadkill a été écrit par Hélène Hegemann lorsqu'elle avait 17 ans! Vu son sujet et sa forme, il a fait scandale à sa sortie pour diverses raisons: la langue crûe et les accusations de plagiat de divers sites et blogs (les références sont notifiées dans la présente édition). Pour autant, cet ouvrage a été aussi salué comme novateur par certains critiques et s'est vu attribué le prix du premier roman au Festival International de Littérature de Cologne en 2010... Un vent sulfurisé souffle sur ce livre aiguisant ma curiosité et me poussant à entamer la lecture...
Mifti est une jeune junky menant une vie des plus dissolues. Drogues, alcools, soirées orgiaques... tout y passe. Elle vit dans un squat qu'elle partage avec des amis et des rencontres de passage. Écrit à la première personne du singulier, ce livre se veut un témoignage d'une jeunesse cramée et désabusée, celle de Mifti jeune-fille plutôt intelligente et brillante qui aurait eu une jeunesse difficile, une mère l'ayant abandonnée à 5 ans et un père absent qui ne se préoccupe pas de sa fille. Elle vire donc dans le grand n'importe quoi, brûle la chandelle par les deux bouts et peu à peu nous livre ses failles et ses aspirations. Je vous le dis tout de go, je n'ai pas du tout aimé ce livre et pourtant il avait tout pour me plaire par son thème et sa forme.
J'ai énormément lu sur le sujet de l'adolescence, de son mal-être et des déviances qui peuvent en découler. C'est un âge fascinant de changements et j'ai le plaisir (et parfois, il faut bien l'avouer le grand déplaisir) d'en côtoyer tous les jours au travail venant des classes populaires de la région. Mifti ne m'a pas du tout touché tant elle s'apparente à une pauvre petite fille riche qui se donne un genre, notamment au début du roman tant elle se donne des airs de toute puissance. Malgré des efforts de l'auteure pour nous la rendre sympathique dans la deuxième partie, je n'ai éprouvé aucune empathie pour elle, la trouvant finalement superficielle et imbue d'elle même. Certains me diront que c'est l'adolescence en elle-même qui veut cela mais ici à aucun moment je n'ai éprouvé de dégoût face à ce qu'elle est devenue, de commisération et d'attachement pour ce personnage météorite. Le personnage m'a plus énervé au final ce qui est bien dommage. J'ai largement préféré Junky de Burroughs que j'avais trouvé à la fois fulgurant et percutant sur le même thème.
Le style peut des fois rattraper un fond bancal et/ou médiocre. Il n'en est rien ici à mes yeux. Pour rendre compte du chaos intérieur de cette gamine, le style se veut chaotique. C'est bien dans l'intention mais dans la réalité, je trouve qu'Hélène Hegemann en perd ses lecteurs même les plus volontaires comme je l'étais moi-même au départ. Vous avez ici un amas de chroniques quotidiennes thrash, entremêlées de passages abscons et autres digressions pseudo-philosophiques. On en perd son latin et plus grave son intérêt. On se dit que ça doit bien mener quelque part mais il faut bien avouer que quand on referme avec soulagement l'ouvrage, il n'en est rien! Cruelle déception avec l'impression d'avoir été mené en bateau et d'avoir perdu son temps, le crime le plus grave à mes yeux quand il s'agit de littérature!
Vous l'avez compris, je ne vous conseille vraiment pas Axolotl roadkill tant je me suis ennuyé entre chroniques autodestructrices vaines voire ridicules et style décousu sans réel objectif à long terme. À bon entendeur...