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Le Capharnaüm Éclairé
30 août 2013

"Les chiens de l'hiver" de Dan Simmons

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L'histoire: Professeur de littérature anglaise à l'université du Montana, Dale Stewart est aussi l'auteur d'une série de romans à succès: Jim Bridges, le roi de la montagne. Mais Dale se trouve aujourd'hui à un tournant crucial de sa vie: dépressif et suicidaire, il a vu sa femme puis sa jeune maîtresse le quitter, et va probablement perdre son emploi. Il éprouve alors le besoin de retourner dans l'Illinois, sur les lieux de son enfance, pour écrire un roman "sérieux" mettant en scène la bande de gamins dont il faisait partie à l'époque.

 

Mais à peine arrivé, Dale est victime d'une succession de faits bizarres. La maison qu'il a louée – celle de son défunt ami Duane, un garçon surdoué mort à onze ans déchiqueté par une moissonneuse-batteuse – lui paraît hantée. Des chiens noirs démoniaques rôdent autour de la maison et il reçoit sur son ordinateur de mystérieux messages en vieil anglais. Perdu entre la réalité et ses hallucinations, Dale va voir resurgir l'horreur...

 

La critique de Mr K: Retour vers un de mes auteurs préférés aujourd'hui avec ce Dan Simmons dégoté chez l'abbé (comme c'est original!). Avec ce livre, Dan Simmons nous fait partager son goût pour les récits d'épouvantes et le surnaturel. Ici, un écrivain lambda qui a connu son heure de gloire retourne dans son village d'enfance pour se ressourcer et essayer de se sortir de sa dépression chronique suite à ses déboires sentimentaux. Les souvenirs ressurgissent très vite et bientôt, des choses étranges commencent à se dérouler autour de lui: il communique avec ce qui semble être un esprit et des chiens bien inquiétants font leur apparition autour de la ferme qu'il a louée pour l'occasion.

 

Autant vous le dire de suite, ce livre est une très belle réussite. Le suspens est vraiment insoutenable et ce n'est vraiment qu'à l'ultime fin de l'ouvrage que tous les tenants et aboutissants sont livrés.

 

La première grande réussite de ce livre sont ses personnages avec en premier lieu, le héros (anti-héros?) Dale Stewart. En à peine deux chapitres, on se dit que c'est pas gagné pour lui et qu'il l'a en même temps un peu cherché. Séparé de sa femme et donc privé de ses filles qu'il adore, sa maîtresse le largue à son tour à cause de leur grande différence d'âge et de la lassitude. Rajoutez à cela, une carrière littéraire plutôt à l'arrêt et les premiers symptômes de la dépression, vous obtenez un personnage bancal, totalement borderline par moment. On sombre avec lui dans ses doutes, ses fausses vérités et vous verrez que les révélations sont légion! Très réaliste dans son traitement, le choc en est plus grand quand les éléments fantastiques commencent à se multiplier et à devenir inquiétants autour de lui. Je me suis attaché à ce personnage hors norme qui même s'il est loin d'être parfait reflète à merveille les contradictions de l'être humain et son goût pour la vie. Autour de lui, quelques personnages récurrents gravitent: l'étrange agente immobilière, une bande de skins-bouseux très agressifs envers Dale Stewart, la sex-symbol de l'école primaire devenue adulte et toujours aussi troublante, un shérif vindicatif au comportement suspect... Autant de personnages (et j'en oublie!) qui entretiennent le mystère dans ce roman vraiment envoûtant à l'ambiance parfois proche de la série Twin Peaks de Lynch.

 

L'autre point fort du livre est son histoire et le climax distillé par Dan Simmons. D'un simple histoire de maison hantée, on rentre ici dans une histoire plus large qui mélange allégrement souvenirs, hallucinations, expériences éprouvantes, moments futiles de bonheur, érotisme mortifère et réflexions intérieures du héros. L'ambiance est cotonneuse à souhait avec une touche de tension qui ne va que grandissante au fil des pages: du brouillard, de drôles de bruit, une ferme qui cache bien des secrets et que le narrateur-héros explore peu à peu, des habitants au comportement déviant, des flash-backs sur le passé de Dale qui font penser qu'il n'est pas si blanc que cela... On chavire définitivement dans le fantastique quand d'étranges chiens font leur apparition et semblent évoluer au fil du temps (taille, aspect, attitude...). Là dessus, se rajoute un mystérieux échange via DOS entre le héros et un inconnu qui semble en savoir beaucoup sur lui et qui s'exprime en vieil anglais, tout en mêlant à ses propos des références ésotériques sur le livre des morts égyptiens. Peu à peu, Dale est envahi par la paranoïa, la méfiance et la peur. On bascule alors avec lui de l'autre côté de la barrière qui nous sépare des aliénés mentaux. Le lecteur perdu mais cependant accroché, fait alors toutes sortes d'interprétations toutes plus folles les unes que les autres et au final, elles se sont toutes révélées fausses pour ma part! Le voile levé, j'ai été satisfait par une fin à la fois logique et ouverte.

 

Que dire sinon que j'ai dévoré une fois de plus ce livre de Dan Simmons. J'ai retrouvé son écriture à la fois exigeante et accessible. Évocatrice à souhait, sans lourdeurs inutiles, tout en étant suffisamment précise pour aborder des thèmes et des croyances assez pointues, elle embarque le lecteur vers les chemins de la félicité littéraire. L'intrigue se dévoile très lentement avec des bouleversements que l'on ne voit pas forcément venir et des interrogations qui se multiplient, j'ai vraiment été tenu en haleine pendant l'intégralité du roman. Stephen King peut bien être cité en quatrième de couverture: "Je suis époustouflé par ce qu'écrit Dan Simmons...". Je ne peux qu'abonder en son sens (pour une fois!) surtout quand on a lu d'autres chef d'œuvre du bonhomme avec notamment L'Échiquier du mal, Endymion ou encore Terreur. Ce livre est une vraie petite bombe que tout amateur du genre se doit d'avoir lu! À bon entendeur!

 

Lus, appréciés et chroniqués du même auteur:
- Ilium
- Olympos
- Terreur
- L'Homme nu

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Commentaires
P
J'ai terminé il n'y a pas une semaine le tome précédent de cette trilogie, "Les fils des ténèbres", où l'auteur s'attaque au vampire. Je n'ai été que moyennement convaincue, alors que je l'avais été bien plus par le premier tome "Nuit d'été" qui reprenait avec brio l'ambiance chaude de ces mois d'été lorsque j'étais petite, et les angoisses qu'on pouvait se créer étant môme. Moyennement convaincue parce que, si l'idée de base est originale, et plutôt bien traitée, Dan Simmons oublie le rythme et les bases de ce qui fait un bon récit et s'embourbe. Du coup, je ne vais pas tenter ce 3e tome tout de suite. Je vais attendre un peu. Mais comme j'aime beaucoup cet auteur, je finirai par le lire, je n'en doute pas.
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M
Je suis en plein dedans et pour le moment c'est top! ;)
M
Moi je le trouve bien plus finaud que le King mais peut-être ne suis-je pas le plus objectif quand je touche à du Simmons! ;)
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F
Alors moi c'est bizarre, autant j'accroche au Dan Simmons SF autant l'auteur de thrillers me laisse de marbre. J'ai lu ces Chiens de l'hiver il y a déjà un bail mais je me rappelle n'avoir pas vraiment aimé. Pas assez original à mon goût, trop stephenkingien ! :)
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