"Neige" de Maxence Fermine
L'histoire: À la fin du XIXème siècle, au Japon, le jeune Yuko s'adonne à l'art difficile du haïku. Afin de parfaire sa maîtrise, il décide de se rendre dans le sud du pays, auprès d'un maître avec lequel il se lie d'emblée, sans qu'on sache lequel des deux apporte le plus à l'autre. Dans cette relation faite de respect, de silence et de signes, l'image obsédante d'une femme disparue dans les neiges réunira les deux hommes.
La critique de Mr K: Dégoté chez l'abbé depuis déjà quelques temps, je me décidai à le lire entre deux nouvelles du recueil "Tout est fatal" de Stephen King que je chroniquerai bientôt. Beaucoup de blogueurs et blogueuses ami(e)s en disant le plus grand bien, j'en commençai la lecture confiant. Résultat, une heure après je relâchai l'ouvrage l'ayant terminé et apprécié au plus haut point. Ne soyez pas surpris par la brièveté de cette lecture, le livre est court (96 pages) et écrit en gros. Mais surtout, il est terriblement prenant!
Tout est résumé dans la quatrième de couverture, difficile d'en rajouter sans trahir le contenu et gâcher la découverte. On est ici dans le domaine du roman initiatique et la dimension humaine et universaliste de ce court récit est prégnante. Derrière le personnage de Yuko se cachent tous les jeunes gens à l'aube de leur vie d'adulte et de leur épanouissement personnel. Il est donc question ici de trouver sa voie et d'accomplir sa vie au sens noble du terme. Trouver sa voie professionnelle et donc la personne qui va agir comme un déclic et vous faire découvrir vos aspirations profondes. Mais cette histoire nous parle aussi du nécessaire accomplissement personnel par la rencontre avec l'être qui comblera notre besoin d'affection et d'amour. Yuko dans cette double quête rencontrera son maître à penser, l'ancien samouraï devenu poète Soseki, qui partagera avec lui sa science et ses émotions.
Ce livre est d'une beauté confondante. Bien que très court et avare en description, Fermine signe l'exploit de réussir à totalement nous immerger dans le Japon de l'époque grâce au ressenti des personnages. Les paysages, les phases de séduction et d'amour physique entre Yuko et la jeune femme de la fontaine, les rapports père-fils et élève-maître sont à couper le souffle tant leur brieveté scripturale va à l'essentiel et respire l'authenticité. La neige est omniprésente et pourrait même s'apparenter à une personne physique (personnification diraient les spécialistes) tant sa présence est forte et évocatrice. C'est beau, léger, poétique, très japonais en somme! Le déroulé ne ménage cependant pas le lecteur avec des rebondissements dramatiques mais le tout baigne dans une sorte de quiétude générale dans laquelle on se laisse couler sans aucune difficulté grâce à l'écriture simple, directe mais néanmoins très imagée de l'auteur.
Inutile d'en dire plus, ce livre est d'une beauté rare, le temps suspend son vol pendant sa lecture et on en ressort heureux et apaisé. Un must!