"Les Emmurés" de Serge Brussolo
L'histoire: À l'origine, la mission de Jeanne était simple: s'installer quelque temps dans un immeuble où furent commis, des années plus tôt, plusieurs crimes inexpliqués, afin d'y écrire un reportage, si possible sensationnel...
Mais aussitôt franchi le seuil de l'étrange maison Malestrazza, la jeune femme va deviner que les maléfices ne sont pas uniquement dus aux fantasmes du voisinage. Est-il vrai que l'assassin habiterait toujours là, caché dans un appartement secret? Y-a-t-il, comme on le prétend, des cadavres emmurés aux différents étages? Et que lui veut au juste le fils de la concierge, ce gamin trop imaginatif, qui spontanément s'offre à lui faire découvrir les arcanes de la bâtisse?
La critique de Mr K: Trouvé une fois de plus chez l'abbé, ce livre est le troisième que je lis de cet auteur après Le Syndrome du scaphandrier et Bunker. Retour vers le roman noir avec celui-ci et le moins que l'on puisse dire... c'est que c'est réussi!
Pourtant ça partait mal avec une héroïne que je qualifiais directement de "moule" dès la dixième page tant je la trouvais agaçante. Pas très engageante la fifille, mi pleureuse mi victime, franchement j'avais envie qui lui arrive tout plein de choses bien désagréables afin qu'elle apprenne la vie... On peut dire que Brussolo a exaucé mon voeu à la puissance dix et je regrette un peu mon agressivité de départ. Dès que Jeanne pénètre dans l'étrange bâtisse, changement de ton, c'est le début de la descente aux Enfers. La quatrième de couverture m'avait fortement interpelé, je n'ai pas été déçu!
Sans trop révéler l'intrigue, sachez qu'elle va faire la connaissances de personnages bien branques avec en tête de liste la concierge (celle de Mr Jean me paraît bien sympathique d'un coup) et son fils. Ce dernier gagne en profondeur au fil du récit et il va falloir vous accrocher pour suivre l'auteur dans son délire bien glauque. Je m'imaginais comme Jeanne que la bâtisse serait vieille, sale, décrépite... que nenni! Mme Cliquet (la concierge) est une maniaque qui ferait passer ma belle-mère pour quelqu'un de non concerné par le ménage (c'est vous dire! Là vous êtes obligé de me croire...). Le milieu est aseptisé et les habitants qui persistent à y habiter (pas vraiment le choix financier de partir) ont des moeurs étranges et s'enferment chez eux à la nuit tombée. Pendant les 286 pages du recueil, nous allons explorer la maison de Malestrazza de fond en comble ainsi que les méandres de l'esprit humain. Rien de reluisant je vous assure!
On retrouve dans cet ouvrage tout le talent de Brussolo pour planter une situation, un décor et des personnages en quelques pages. À part les débuts pénibles de l'héroïne, tout s'emballe très vite et le mystère plane. Les éléments de réponse et les fautes pistes s'enchainent, le lecteur se perd à de nombreuses reprises, égaré volontairement par un auteur entier et sans concession. Certains passages sont d'une rare violence psychologique et Jeanne va passer par tous les états pour se transformer irrémédiablement en une autre elle-même. Le lecteur lui, est pantois devant tant de destruction intime et de révélations dantesques sur la réelle nature des événements qui se jouent dans cette maison. Attention, ayez l'esprit ouvert, la révélation est surprenante.
Une très bonne lecture, rapide (deux soirs), distrayante à souhait, parfois dérangeante. J'ai été abasourdi, ravi par la fin qui me convenait parfaitement. Troisième belle découverte donc avec cet auteur qui se révèle décidément efficace et abordable. Un petit bonheur bien déviant comme je les apprécie!