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Le Capharnaüm Éclairé
23 juin 2012

"Le Grand soir" de Benoît Delépine et Gustave Kervern

le grand soir affiche

L'histoire: Les Bonzini tiennent le restaurant "La Pataterie" dans une zone commerciale. Leur fils ainé, Not, est le plus vieux punk à chien d'Europe. Son frère, Jean-Pierre, est vendeur dans un magasin de literie. Quand ce dernier est licencié, les 2 frères se retrouvent et décident de faire la révolution... à leur manière.

La critique Nelfesque: Depuis son passage à Cannes dans la sélection officielle "Un certain regard", j'avais fortement envie de découvrir au cinéma ce "Grand soir" des excellents Delépine et Kernen. Rajoutez à celà Poelvoorde et Dupontel, deux acteurs que j'aime beaucoup, au casting et je ne tiens plus.

A la vue de la bande annonce de ce film, on s'attend à passer un très bon moment et c'est le cas. Certaines situations sont à mourir de rire et Poelvoorde est on ne peut plus crédible en punk à chien quarantenaire. Ce dernier est un de mes acteurs favoris, excellent dans la comédie et tellement étonnant et émouvant dans des rôles plus intimistes et dramatiques. Une crête sur la tête, une paire de rangeos aux pieds, une envie de ne jamais se soumettre, on est loin de ses rôles habituels et pourtant on a l'impression qu'avec le personnage de Not, on n'a jamais été aussi proche de ce qu'il est vraiment. Je ne suis pas loin de dire que son rôle dans "Le Grand soir" est le meilleur de sa carrière (et pourtant je suis une droguée de Bernard Frédéric!). La scène du micro de la caisse centrale du supermarché est une vraie réussite.

"Le Grand soir" n'est pas une simple comédie. On n'en attendait pas moins venant de grolandais qui ont l'humour en étendard mais toujours avec une critique sociale sous-jacente qui fait que l'on rit la larme à l'oeil. Ici, il est question de la recherche de son identité, d'un choix de vie en marge de la société, de valeurs familiales et d'entraide, de superficialité... avec un poids supplémentaire: celui du regard des autres. Je parle de "poids" vue de l'extérieur puisque pour les punks il n'en est finalement pas vraiment un. C'est le genre de choses auxquelles ils ne prêtent pas attention. Et en y réfléchissant bien ils ont bien raison!

le grd soir 2

Not et Jean-Pierre sont au départ complètement opposés. Bien que frères de sang, ils ne vivent pas de la même façon et n'ont fait que passer l'un à côté de l'autre tout le long de leurs vies. Leurs parents (mention spéciale à Brigitte Fontaine qui tient son "rôle" (sur mesure) de maman punk/barrée à la perfection), propriétaires d'une Pataterie de zone commerciale de province sont à la fois beaufs et pathétiques. Ils n'ont pas vraiment aidé leurs enfants mais les aiment tout de même à leur manière, égoïstement, partant du principe qu'ils s'aideront eux-même. Au final ces deux hommes, de deux mondes différents, sont un peu paumés et se retrouvent à l'occasion du licenciement de Jean-Pierre, un beau pétage de tubes qui vaut le détour. Jusqu'auboutiste, Jean-Pierre va basarder sa vie en quelques jours et accompagné de Not, il va zoner entre Conforama, Carrefour et autres Darty.

le grd soir 3

Littéralement agressé par tant de publicité, le spectateur nage dans cet univers de consommation et de conformisme commercial jusqu'à l'écoeurement. La révolution de Not et Jean-Pierre, on la comprend, on la soutient et on voudrait bien finalement la faire avec eux. Pari gagné pour les réalisateurs qui signent là un long métrage sur le fil du rasoir qui émeut sans tomber dans le pathos et fait rire sans en oublier pour autant son cerveau avec des phrases chocs et des situations mettant en scène l'indifférence et l'absurdité de notre époque.

le grd soir

La critique de Mr K: 5/6, un très bon film que j'ai hautement apprécié. Mélange savoureux d'humour, de film social et de drame (certains passages sont assez poignants), on ne voit pas le temps passer dans cette zone commerciale du trou du cul de la France. Deux frangins que tout sépare vont partager leur vie et là, où la descente fait mal pour le personnage de Dupontel (perte de son emploi, de sa femme), le personnage de Poelvoorde a l'occasion de se rapprocher de ce frère si différent de lui. On assiste à l'alliance improbable du plus vieux punk à chien d'Europe et d'un commercial de seconde zone spécialiste en literie, ce qui donne lieu à des scènes bien réussie comme par exemple lorsque Not fait du porte à porte pour chercher du taf pour son frère.

Le film regorge de personnages secondaires aussi incongrus que touchant. Au premier rang, notre Brigitte Fontaine nationale qui fait "du Brigitte Fontaine" et se révèle à la fois décalée et touchante dans le rôle de cette maman perchée mais néanmoins inquiète pour ces deux grands couillons d'enfants. Le père marque forcément moins l'esprit du spectateur mais la composition tout en nuance de l'acteur est néanmoins impressionnante et le personnage très émouvant. Mais qui reprendra la Pataterie familiale? Parlons enfin, du chien de Not qui est mignon à croquer et attendrira la plupart d'entre vous.

le grd soir 1

Le film dans son aspect technique se rapproche du documentaire ce qui peut rebuter un certain nombre de personnes. Mais l'histoire se suit bien, pas de digression, les deux cinéastes grolandais vont à l'essentiel. Cette fulgurance est en parfaite adéquation avec l'esprit punk qui se dégage du film. Bref, un micro-ovni dans le paysage cinématographique français, un vent de fraîcheur et d'authenticité qui fait du bien et éclaire à sa manière notre époque plongée dans la sinistrose causée par la crise. Du bon et du beau cinéma.

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Commentaires
M
@MO: Terrible ce film en effet! Deux acteurs en état de grâce, et un discours radical qui nous change de la pensée unique ambiante! :)
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M
On reste...on reste...on reste....on reste...jusqu'à la fin...encore!!
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