"Mako" de Laurent Guillaume
L'histoire: Paris, la banlieue...
A la sortie d'un night-club, une jeune fille est victime d'une sauvage agression. Mako, policier de la BAC, taciturne et endurci, obsédé par l'idée d'en punir lui-même l'auteur, s'investit dans l'enquête au-delà de la raison.
Il déclenche une traque qui l'emmènera loin, aux confins de la folie, là où le bien et le mal se confondent. De l'enfer des trottoirs aux boîtes de nuit branchées, Mako hante les bas-fonds d'une société en perdition.
La critique Nelfesque: Ce premier roman de Laurent Guillaume est une petite tuerie! Foi d'amatrice de polar! La préface d'Olivier Marchal, le flic du 36 quai devenu réalisateur, est magistrale. Elle nous explique en quelques mots la vie de flic, loin de la facilité, de la lumière et des lois à suivre sans déroger. Le lecteur est tout de suite dans l'ambiance...
Vous allez le voir, j'ai adoré "Mako". Ce roman noir présente la face cachée de la police, le service de la BAC patrouillant de nuit, avec pour personnage principal un flic borderline. L'ambiance est noire. Mafia, vendetta, drogue, prostitution et fantômes du passé se côtoient avec une intensité rare. Le lecteur est ébranlé, poussé à bout et au final ce roman éprouvant est une vraie claque.
La réalité ici présentée est violente, sans fioriture ni chichi. Nous descendons avec l'auteur dans les bas-fonds de tout ce que la ville a de plus poisseux, de plus noir. Mako, personnage torturé, y sombre peu à peu et laisse entrevoir certains de ses démons. Il va frôler la ligne, la dépasser, décevoir ses coéquipiers... mais en ayant toujours en tête de faire justice. La sienne certes, une loi du Talion, mais son unique solution.
Mako, de son vrai nom Makovski, est un homme peu engageant il est vrai mais tellement attachant sous la plume de l'auteur qui a dans les veines une tendresse des flics de terrain! Sans concession, c'est un personnage droit dans ses bottes qui assume ses choix et va jusqu'au bout quoi qu'il advienne. Un homme blessé, au grand coeur, qui ne peut laisser le lecteur indifférent. Je parle principalement de Mako mais il y a aussi Pépé, flic qui prend sa retraite, vieux de la vieille qui sait voir au delà des apparences, Vincent, jeune recrue intégrée dans l'équipe de Mako et qui va apprendre son métier avec quelques désillusions...
Les scènes de violence sont décrites elles aussi sans artifices. Dans les premières pages, celle du viol de Lily, jeune étudiante en psychologie, la veille de ses examens est à la limite de l'insoutenable. Laurent Guillaume ne ménage pas le lecteur, il lui montre un monde dont on ignore tout, un monde que l'on croit connaître mais qui change les hommes qui y bossent, les pousse à se transformer, à voir les choses autrement pour survivre, sorte de mutation animale. Le ton également est cru. Les mots qui sortent de la bouche des flics ne sentent pas toujours la rose mais le décor est planté.
Dois-je rajouter que les amateurs de roman noir doivent lire cet ouvrage? Oui? Alors toi derrière l'écran, file chez ton libraire dégoter cette bombe!