"Les compagnons du crépuscule: Le sortilège du bois des brumes" de Bourgeon
L'histoire: Celle-ci dura, dit-on, cent ans... Rien ne la distingue vraiment de celle qui l'a précédée, pas plus que de celle qui l'a suivie...
Comme la grêle ou la peste la guerre s'abat sur la campagne quand on s'y attend le moins. De préférence, lorsque les blés sont lourds et les filles jolies... La Mariotte est jolie. Du soir ou du matin, le crépuscule s'étire entre lumière et ombre, comme entre chien est loup. Le chevalier est loup. Ces deux-là méritaient un compagnon fidèle. Mais l'Anicet est lâche...
La critique de Mr K: Je vous invite aujourd'hui à une plongée en plein moyen-âge mâtiné de quelques éléments fantastiques issus de légendes celtiques. On suit dans ce premier volume de la série Les Compagnons du crépuscules, la rencontre entre les trois principaux protagonistes de l'histoire et leur quête aveugle vers un ailleurs imaginaire (le territoire des morts). Ce tome est surtout prétexte dans un premier temps à mettre en place les personnages, leur passé et leurs motivations. Un élément perturbateur intervient au milieu de ce volume mais ne vous attendez pas à une fin répondant à toutes les questions posées en postulat. Il faut pour cela poursuivre avec les épisodes suivants...
Trois personnages je vous disais précédemment. Il y a tout d'abord La Mariotte, jeune effarouchée au charme certain vivant dans la forêt à l'écart du village et de ses habitants qui les prennent, elle et sa grand-mère, pour des sorcières. Adepte de l'hédonisme pur, elle a le tort pour ses voisins de ne pas aller à la messe ce qui, en ces temps de menace (la guerre, l'épidémie de peste noire...), est une preuve de sorcellerie! Au début du récit, elle s'embrouille une fois de plus avec des jeunes du village aussi hypnotisés par sa beauté que rebutés par sa nature libérée. À leur tête, Anicet, bellâtre stupide d'une lâcheté confondante, pur fruit de son époque, partagé entre sa méfiance superstitieuse et une attirance pour ce beau brin de fille. Leur route va croiser le chemin d'un chevalier anonyme, au visage d'une laideur extrême (on apprend très vite le pourquoi du comment) qui va les entraîner à sa suite dans une quête quasi existentielle. C'est au cours de ce début de voyage qu'ils vont devoir traverser un mystérieux bois où se tapissent d'étranges créatures sorties tout droit des croyances païennes. Le choc va être terrible et drolatique à la fois.
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C'est une très bonne bande dessinée que celle-ci. L'époque est remarquablement retranscrite avec des dessins aussi précis qu'esthétiques. On est immergé immédiatement dans cette époque très difficile de notre histoire. Les personnages sont ciselés comme il faut pour qu'on s'y attache et, dès ce premier volume, on les cerne assez exhaustivement même si quelques pans d'ombre subsistent. Les dialogues sont savoureux car proches de l'ancien français. On retrouve donc la légèreté et la rudesse des propos des vilains et le côté ampoulé de ce mystérieux seigneur à cheval lorsqu'il parle. Le ton oscille bien souvent vers la comédie et l'on sourit beaucoup lors de cette lecture. Le basculement dans le fantastique dans la deuxième partie rajoute à l'ensemble une dimension quasi épique sans pour autant renier l'aspect comique de cette série.
Je vais essayer dans les mois à venir de me procurer les tomes suivants de cette série fort réjouissante que je ne saurais trop vous conseiller de découvrir tant on passe un bon moment entre quête historique et humour en compagnie de la Mariotte, Anicet et le chevalier défiguré.