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Le Capharnaüm Éclairé
4 avril 2012

"La Malédiction des colombes" de Louise Erdrich

la maledictionL'histoire : L'homme répara le fusil et la balle glissa en douceur dans la chambre. Il l'essaya plusieurs fois, puis se leva et se tint au-dessus du berceau... L'homme épaula le fusil. Autour de lui, dans la pièce close, l'odeur du sang frais montait de toutes parts.

Depuis toujours, la petite ville de Pluto, Dakota du Nord, vit sous "la malédiction des colombes", qui dévorent ses maigres récoltes comme le passé dévore le présent. Nous sommes en 1966 et le souvenir de quatre innocents lynchés cinquante ans auparavant hante toujours les esprits. En écoutant les récits de son grand-père indien qui fut témoin du drame, Evelina, une adolescente insouciante, prend soudainement conscience de la réalité...

La critique Nelfesque : Quel bel ouvrage que ce roman de Louise Erdrich que j'avais découvert avec "Love Medicine" il y a quelques mois. Je n'avais pas été très emballée à l'époque mais ayant trouvé à l'auteur une très belle plume, j'ai voulu retenter l'expérience. Quelle riche idée ai-je eu là !

L'auteur nous emmène dans une saga familiale ayant pour point de départ un drame : le lynchage de quatre indiens innocents accusés du meurtre d'une famille entière de fermiers blancs. C'est par la voix d'Evelina, petite fille d'un témoin de cet évènement que Louise Erdrich commence à nous raconter l'histoire de la ville de Pluto. Tour à tour nous allons faire la connaissance des familles Milk, Harp, Peace et Coots. "La Malédiction des colombes" n'ai pas un roman facile à lire, c'est un roman qui se construit, de génération en génération, chaque élément évoqué ayant une importance dans l'histoire globale.

C'est un roman dur, traitant de sujets difficiles tels que la condition des indiens dans les réserves, le racisme, l'homosexualité dans les années 60, les mouvements sectaires et leurs dérives... mais c'est aussi un roman drôle avec des personnages "bonbons" tels que Mooshum, le grand-père farfelu d'Evelina, qui a sa manière bien à lui de vivre sa vie et raconter ses souvenirs. Autant de moments qui permettent aux lecteurs de lâcher un peu de leste et digérer le climat parfois nauséabond de l'époque.

L'écriture de Louise Erdrich est encore une fois magnifique, poétique et douce. On s'attache aux personnages, on apprend à les connaître et une part d'humanité se dégage de chacun d'entre eux, même le plus vil au premier abord revèle une fêlure. Le roman comprend plusieurs parties, chacune allouée à un personnage bien précis. Les témoignages s'accumulent, l'histoire s'enrichie, la toile se tisse de façon magistrale et nous laisse endeuillé à la fin du roman.

Au final, "La Malédiction des colombes" est une superbe fresque familiale, un hommage aux peuples aujourd'hui disparus et une ode à la tolérance et au respect. Je lirai sans nul doute d'autres romans de cette auteur.

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Commentaires
F
Je ne l'ai pas autant aimé que le laissait présager ma lecture au début mais c'est une histoire intéressante. Et tu as raison Mooshum est un personnage savoureux. Et pour ce qui est du style, pour avoir commencé en français et continué en VO, c'est la traduction qui fait toute la beauté du texte. C'est bien plus poétique en VF et j'aurais dû continuer dans cette langue.
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N
@Mélo: Je te conseille celui ci en tout cas. Plus que "Love medicine".<br /> <br /> Bonne découverte :)
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M
Ca fait un moment que je vois cette auteure sur les blogs. Il va falloir que j'essaie un de ces 4. :)
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N
@Joelle: C'est effectivement un roman à lire assez rapidement car les personnages sont nombreux et on navigue dans le temps. On peut s'y perdre c'est vrai.
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J
Pas de doute ... on sent bien que tu as aimé :) J'ai beaucoup apprécié Mooshum moi aussi ! Mais avec tous les personnages, les flash-back et les relations entre les familles, je me suis souvent perdue ... il aurait fallu que je mette moins de temps pour lire ce livre !
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N
@Leiloona: Ah ou tu n'avais pas fait le rapprochement? Et bien tu n'as plus qu'à découvrir cette oeuvre ci qui est à mon goût bien au dessus de "Love medicine".
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L
Ah ben tu ne vas pas me croire mais je n'avais jamais fait le rapprochement entre ce livre et Love Medicine ! :-o <br /> <br /> Les couvertures sont tellement différentes, celle-ci est tellement masculine que je pensais que c'était un homme qui avait écrit ce roman. <br /> <br /> Bon, comme j'ai aimé Love Medicine, il faut vraiment que je lise celui-ci !
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N
@Neph: J'ai entendu beaucoup de bien sur ce roman en effet. Je continuerai avec celui ci alors ;)
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N
J'ai adoré ce livre, et j'aime encore plus "La Chorale des maîtres bouchers", que je conseille donc si tu veux continuer ta découverte de Louise Erdrich !
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