"Les Anges de New York" de R. J. Ellory
L'histoire : Frank Parish, inspecteur au NYPD, a des difficultés relationnelles. Avec sa femme, avec sa fille, avec sa hiérarchie. C'est un homme perdu, qui n'a jamais vraiment résolu ses problèmes avec son père, mort assassiné en 1992 après avoir été une figure légendaire des Anges de New York, ces flics d'élite qui, dans les années quatre-vingt, ont nettoyé Manhattan de la pègre et des gangs.
Alors qu'il vient de perdre son partenaire et qu'il est l'objet d'une enquête des affaires internes, Frank s'obstine, au prix de sa carrière et de son équilibre mental, à creuser une affaire apparemment banale, la mort d'une adolescente. Persuadé que celle-ci a été la victime d'un tueur en série qui sévit dans l'ombre depuis longtemps, il essaie obstinément de trouver un lien entre plusieurs meurtres irrésolus. Mais, ayant perdu la confiance de tous, son entêtement ne fait qu'ajouter à un passif déjà lourd.
Contraint de consulter une psychothérapeute, Frank va lui livrer l'histoire de son père et des Anges de New York, une histoire bien différente de la légende communément admise. Mais il y a des secrets qui, pour le bien de tous, gagneraient à rester enterrés.
La critique Nelfesque : Un nouvel Ellory sort en librairie le 15 mars prochain et j'ai eu la chance de le lire en avant première. Grande amatrice de la plume de cet auteur, j'en suis doublement ravie.
"Les Anges de New York" ne fait pas pâle figure au côté des autres romans d'Ellory aujourd'hui traduits en français ("Seul le silence", "Vendetta" ou encore "Les Anonymes"). Il est même clairement dans la lignée de "Vendetta"!
Nous sommes ici dans une histoire sombre et complexe, jonglant dans les méandres des souvenirs de Frank Parish et son enquête en cours. L'enquête est classique, un tueur en série sévit dans la ville et Frank est persuadé d'avoir le coupable sans les preuves qui vont avec. Il va alors tout mettre en place pour le faire tomber, allant jusqu'aux limites de la légalité et mettant sa carrière déjà fragile en péril. Sur l'enquête pure de ce roman, je n'ai pas été transportée. Tout s'imbrique comme par magie et c'est presque trop simple pour être attirant. Les coïncidences fusent, les convictions de Frank dominent et même son nouvel équipier, Radick, ne tique pas... Mouais... Heureusement, ce roman a deux facettes.
Il ne faut cependant pas s'attendre à lire un polar classique quand on se plonge dans "Les Anges de New York". Ici, bien avant l'enquête policière, c'est la psychologie et l'histoire familiale du personnage principal qui priment. Ellory est très fort à ce petit jeu et le lecteur s'attache toujours profondément à ses personnages. Ici, on ne déroge pas à la règle avec Frank Parish, personnage fouillé aux fêlures palpables. C'est avant tout son "enquête personnelle" qui séduit le lecteur, son chemin pour faire la paix avec le passé et changer ses comportements. Alors certes, les policiers alcooliques et fragiles sous des apparences dures sont assez courants dans les romans policiers mais j'ai rarement vu des personnages aussi aboutis, crédibles et attachants que ceux d'Ellory. Nous sommes ici dans le vrai roman de flics, celui où les magouilles côtoient la mafia et les nuits blanches l'alcool. Il y a un arrière goût de polar noir à l'image d'"Un amour fraternel" de Pete Dexter dans ce roman. Dès les premières pages, le lecteur ressent toute la force de l'écriture de cet auteur, une écriture magnifique qui nous transporte au delà du simple polar/thriller.
"Les Anges de New York", à l'image de "Seul le silence", est un roman qu'il faut lire avant tout pour ses personnages, pour leurs descentes aux enfers, pour leurs travers et pour leurs malaises. Ellory nous fait ressentir des sentiments que peu d'auteurs nous proposent dans le polar/thriller. Je suis une fois de plus charmée par Ellory et vous invite à sauter sur cet ouvrage dès sa sortie en librairie. De mon côté, je n'ai plus qu'à attendre le prochain...