"Moby Dick" de Herman Melville
L'histoire: Mystérieux bateau, le Péquod est commandé par un homme étrange : le capitaine Achab. Brusque, farouche, appuyé sur une jambe d'ivoire, il n'a qu'une idée retrouver et tuer de ses mains Moby Dick, l'immense baleine blanche qui l'a blessé. Sur toutes les mers du globe, la poursuite est semée d'embûches : tempêtes, noyades et accidents. Soudain, le terrible géant blanc surgit des profondeurs. Qui gagnera? L'homme ou le monstre?
La critique de Mr K: Après Terreur de Dan Simmons, je reprends à nouveau la mer avec un livre considéré comme un classique de la littérature en langue anglaise. Comme beaucoup, je connaissais l'histoire sans avoir lu l'ouvrage originel et je m'étais contenté jusque là de la version cinématographique de John Huston avec un Gregory Peck impérial, campant avec majesté et brio un capitaine Achab plus possédé que jamais.
Ce qui frappe en premier c'est la modernité de la langue. L'écriture date de 1851 mais les pages se tournent sans qu'on s'en rende compte et le plaisir de lecture est quasi immédiat. Le style est imagé et très évocateur, on plonge littéralement dans l'univers des expéditions de baleiniers de l'époque. Nous ne sommes pas dans un simple récit de chasse aux cétacés, c'est une véritable aventure humaine qui nous est présentée ici grâce à l'intermédiaire du jeune Ishmaël qui va participer à son premier voyage sur un bateau de ce type. Bien qu'opposé fondamentalement à la pêche à la baleine, j'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir car les personnages sont remarquablement rendus par Melville: le jeune novice qui va grandir et acquérir une certaine maturité, le harponneur d'origine «sauvage» au cœur innocent et aux rites étranges (Queequeg, mon personnage préféré du livre avec Achab), les officiers de second ordre aux tempéraments opposés et leurs fidèles lieutenants, et bien sûr, le désormais mythique capitaine Achab, certainement l'unijambiste le plus célèbre de la littérature, assoiffé de vengeance, pourchassant à travers les mers et océans du globe le mythique cétacé lui ayant ôté une de ses jambes.
Malgré ses indéniables qualités et son histoire prenante, quelques scories sont venues entachées cette lecture au demeurant plutôt agréable. Ainsi, certains chapitres sur les 135 qui constituent Moby Dick s'apparentent davantage à des cours magistraux qu'à du roman pur et dur. Là où un Jules Verne va distiller des connaissances scientifiques au gré des péripéties et autres rebondissements, Melville fait dans le catalogue pesant et indigeste: description du navire, biographie d'un personnage, énumération de tous les cétacés et de leurs caractéristiques... Personnellement, je recherchais avant tout le souffle épique d'une histoire plus qu'une leçon sur le milieu marin (tout le contraire en fait du talent déployé par Dan Simmons dans Terreur qui mélangeait idéalement récit et apport culturel). Je ne m'en cacherai pas, j'ai «sauté» des chapitres entiers de Moby Dick pour retrouver le récit et franchement, je ne pense pas être passé à côté d'éléments essentiels pour la bonne compréhension de l'histoire.
Que ces dernières lignes ne réfrènent pas votre envie de découvrir cet œuvre qui reste unique de part sa puissance évocatrice et ses personnages cultes. On passe tout de même un sacré bon moment.