"Ceux qui sauront" de Pierre Bordage
L'histoire: Et si la Révolution française n'avait pas eu lieu? Voici le portrati d'une France qui ne fut jamais, où une minorité d'aristocrates continue, aujourd'hui, d'asservir les masses populaires, notamment en interdisant l'instruction. Jean, fils d'ouvrier, en fait la dure expérience lorsqu'une descente de police met un terme brutal aux cours qu'il suit clandestinement. Incarcéré, puis libéré par la Résistance, il devient un hors-la-loi. Clara, elle, est née du bon côté de la barrière. Pourtant, la vie dorée qu'on lui impose et les inégalités dont souffre son pays la révoltent. Deux personnages, un destin commun: changer le monde...
La critique de Mr K: Retour en uchronie avec le présent ouvrage de Bordage. Cela faisait déjà un certain temps que je tournais autour dans les librairies et la semaine dernière, j'ai craqué! Lu en deux séances, il est relativement cours (318 pages) et le style de Bordage toujours aussi porteur. C'est vrai qu'il est à classer dans mes auteurs favoris (Les guerriers du silence est un livre Culte, je ne le répèterai jamais assez) et son œuvre est prolifique, j'ai déjà beaucoup parlé de lui ici, là, encore ici, là aussi, ah et puis ici encore. Pour autant, Ceux qui sauront constitue plus une distraction ou une œuvre initiatrice pour les plus jeunes qu'autre chose... j'y reviendrai.
L'entrée en matière comme toujours impressionne. Bordage a l'art de planter un décor, une époque et des personnages en seulement deux, trois pages. L'immersion est totale et très vite on s'accroche et ceci jusqu'à la dernière ligne: description des deux mondes qui cohabitent en s'opposant, références uchroniques constituant un background riche et flippant (exemple: exécution de Jules Ferry en 1882 pour avoir tenté d'apporter au roi une demande de réforme pour que tous puissent accéder au savoir avec une école publique et gratuite), paysages improbables ou plus quotidiens sont remarquablement rendus et le tout, sans lourdeurs, à la manière d'un chocolat fondant sous le palais. Ca se déguste!
Comme je le disais plus haut, je suis tout de même ressorti de cette lecture légèrement déçu. Je pense que le facteur «âge» est important à prendre en compte. Je l'aurais lu à mes débuts d'amateurs de SF, j'aurais davantage apprécié. Mais voilà, j'ai lu un certain nombre d'uchronies et celle-ci fait tout de même pâle figure face à des oeuvres essentielles comme Le maître du Haut Château de K. Dick ou encore Fatherland de Harris, (ici chroniqué par Nelfe). Les personnages sont tout de même caricaturaux (on semble déjà les avoir rencontrés au détour de certaines lectures), les événements sont prévisibles et la fin laisse sur sa faim. Je n'ai pas une seule fois été surpris ou interloqué, dommage... c'est quelque chose que j'apprécie quand je lis.
Une lecture distrayante cependant que je recommande tout particulièrement aux plus jeunes ou à ceux qui veulent s'essayer à l'uchronie sans trop se prendre la tête.