"Les anonymes" de R.J. Ellory
L'histoire : Washington. Quatre meurtres. Quatre modes opératoires identiques. Tout laisse à penser qu'un serial killer est à l’œuvre. Enquête presque classique pour l'inspecteur Miller. Jusqu'au moment où il découvre qu'une des victimes vivait sous une fausse identité, fabriquée de toutes pièces. Qui était-elle réellement ? Ce qui semblait être une banale enquête de police prend alors une ampleur toute différente et va conduire Miller jusqu'aux secrets les mieux gardés du gouvernement américain.
La critique Nelfesque : Ah ! Un nouvel Ellory ! Pensez-vous bien que j'ai sauté dessus ! J'avais adoré "Seul le silence" au point de le prêter à qui me le demande dans mon entourage et à le conseiller chaudement sur les fora littéraires que je fréquente. J'ai réussi à en convertir plus d'un et j'aurai envie qu'encore plus de lecteurs découvrent cet auteur.
Mais que dire de "Les anonymes" ? Bien entendu, je ne peux pas m'empêcher de faire le rapprochement avec "Seul le silence", de chercher les ressemblances ou les sensations ressenties lors de ma précédente lecture. Autant le dire tout de suite "Les anonymes", ce n'est pas "Seul le silence". Nous ne sommes pas là dans le même registre ni dans la même construction d'histoire. Pour autant j'ai aimé ce nouveau roman et tant mieux si ça n'est pas une pâle copie de mon roman préféré de cet auteur !
Nous suivons là l'enquête de l'inspecteur Miller, coéquipier de Roth, dans une enquête qui va les mener bien plus loin que tout ce qu'ils avaient imaginé. Des meurtres surviennent, tout laisse penser qu'un tueur en série est à l’œuvre mais la vérité est tout autre. Parallèlement à l'enquête, nous faisons connaissance, dès les premières pages, avec le tueur. Nous apprenons son identité mais ce n'est que bien plus tard que nous comprendrons qui il est vraiment par ses révélations et son cheminement vers le but qu'il s'ait fixé. Ces différences de points de vue au niveau de la narration donnent une dimension plus intime à ce roman. Plutôt que de nous servir le tueur sur un plateau, Ellory choisi de nous faire connaître sa vie, ses craintes, ses doutes et sa vision du monde. Ainsi la même empathie que celle ressentie dans "Seul le silence" pointe le bout de son nez. Cet écrivain est vraiment très fort pour dépeindre les sensations de ses personnages et nous les rendre plus humains que de simples êtres de papier.
Ainsi nous connaissons le fin mot de l'histoire avant les héros de ce roman mais c'est une vraie jubilation de suivre leurs raisonnements et voir Miller approcher la vérité avec stupéfaction. La police piétine, les investigations tournent en rond et la frustration de l'inspecteur est palpable. Le moment où les deux protagonistes se rejoignent marque un tournant dans l'histoire et la marche de Miller vers la vérité est passionnante. D'autant plus que ce dernier est très touchant, pudique, fragile et inébranlable à la fois avec un passé juridique entaché par une affaire encore fraîche. Cette enquête est pour lui un nouveau départ, une occasion de montrer à tout le monde qu'il est un bon flic. Il s’accroche à elle comme à sa vie et ne ménage pas ses efforts.
Mais, malgré tout, qu'est ce qu'un simple flic face à des enjeux politiques? Ce roman nous mène là où on ne voudrait pas aller si notre monde était merveilleux. "Les anonymes" est un thriller à la construction assez classique mais la plume d'Ellory est toujours là, prète à nous cueillir à chaque page. Au final ce roman se révèle être un polar de qualité qui me fait aimer encore plus cet auteur. Et je l'aimais déjà beaucoup...