"Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" d'Harper Lee
L'histoire: Dans une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.
La critique Nelfesque: "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" a pour toile de fond une ville paumée d'Alabama, en pleine Amérique profonde. Ici il s'agit de Maycomb mais cela aurait pu se passer à n'importe quel autre endroit. A cette époque, c'est partout pareil, les noirs sont appelés "nègres" et ne sont bons qu'à faire la cuisine, le ménage, les corvées dans les champs... En aucun cas il ne faut qu'ils sortent de leur rôle d'esclave et il ne faut surtout pas qu'ils oublient ce pour quoi ils sont là. Certains les aiment bien, tant qu'ils restent à leur place, d'autres les traitent pire que des chiens. Certains les respectent mais c'est plus rare.
C'est pourtant le cas d'Atticus, avocat, personnage respecté et respectable. Pour lui, un homme est un homme, blanc ou noir. Par cette idée il n'est pas en accord avec les habitants de Maycomb et le jour où le bruit court qu'il va défendre un noir au tribunal, le racisme latent va prendre son envol.
L'histoire nous est raconté par Scout, fille d'Atticus, fraîche et attachante, qui n'a pas les mêmes préoccupations que les grandes personnes. Pour elle, la vie se résume à jouer dans le jardin avec son frère et son ami Dill, aller à l'école en courant devant la maison des Radley, essayer d'apercevoir Boo dans sa maison tout en en ayant peur... Son père les préserve de la bêtise humaine et les élève avec des valeurs de respect et de partage. La première moitié du roman ne parle pas du tout du procès mais des jeux d'enfants et de tout ce qui fait la vie de deux gamins de 9 et 11 ans. On s'attache aux personnages, candides et innocents.
La méchanceté des hommes va faire son entrée. Les injures commencent à poindre à l'école, les enfants sont arrêtés sur leur chemin par des adultes n'hésitant pas à leur dire ce qu'ils pensent de leur père. Scout et Jim sont alors mis au courant de l'affaire qui secoue Maycomb et nous rentrons dans la seconde partie du roman, beaucoup plus sombre que la précédente. Là se révèlent tous les préjugés de l'Amérique des années 30. Atticus est commis d'office pour défendre Tom Robinson. Il croit à son innocence et va tout mettre en oeuvre pour démontrer aux habitants de Maycomb qu'être noir ne fait pas d'un homme un assassin ou un violeur. Le procès est l'attraction de l'année et tous sont au tribunal. Que va décider le jury de ce procès? Vous vous en doutez... Mais l'histoire n'est pas terminée pour autant... Tom est-il vraiment coupable? Et quel mystère entoure la maison des Radley?
Un roman sur l'injustice et la bêtise humaine avec des sujets difficiles tels que le viol ou le racisme, cette lecture ne laisse pas indifférent, révolte même. On se demande comment une telle époque a pu exister... Le racisme faisait partie du quotidien et c'est celà qui est effrayant. Heureusement, la vision enfantine de Scout atténue la violence des pensées et ses préoccupations donnent de la fraicheur à cette histoire pesante. A quoi ressemble Boo Radley par exemple, cette homme qui ne sort jamais de chez lui et fait peur aux enfants par son absence?
Une belle leçon sur le droit à la différence.