"Pourquoi j'ai mangé mon père" de Roy Lewis
L'histoire:
Approchez Homo sapiens! Ce livre vous fera hurler de rire! Faites la connaissance d'une famille préhistorique: Édouard, le père, génial inventeur qui va changer la face du monde en ramenant le feu; Vania, l'oncle réac, ennemi du progrès; Ernest, le narrateur, un tantinet benêt; Edwige, Griselda et autres ravissantes donzelles...
Ces êtres délicieux font le monde autour d'un feu en dégustant des os à moelle. Regardez-les découvrir l'amour, s'essayer à la drague, se battre avec l'évolution...
Situations rocambolesques, personnages hilarants d'un monde où l'homme est pourtant déjà homme: batailleur, jaloux, ingrat et aussi rétrograde.
La critique de Mr K:
Voila un petit livre (182 pages) bien malin et que j'ai lu sans pouvoir m'arrêter! En deux soirée, j'en avais fait le tour et franchement, je m'en suis payé une bonne tranche. À la fois drôle et réflectif, c'est avec plaisir que j'ai suivi cette famille de pithécanthropes (Homo erectus).
Les personnages sont particulièrement bien caractérisés avec une répartition des rôles bien précises, voir caricaturales. Mais bien souvent c'est d'un renforcement des traits que surgit l'humour et c'est exactement le cas ici. Il y a Édouard le père, l'inventeur du clan qui pousse toute sa petite famille à accepter et provoquer le progrès, ses cinq fils tous très différents, les femmes de la tribu et un de mes personnages préférés: oncle Vania. Figure du réactionnaire, réticent à toute espèce d'amélioration, ayant peur des conséquences des trouvailles de son frère et qui régulièrement déclame sa maxime personnelle "Back to the trees"! Ceci en référence à la situation des hommes avant l'évolution! Hilarant et contrepoids idéal à l'enthousiasme du reste de la tribu, ce personnage de grand ronchon m'a séduit de la première à la dernière ligne.
Mais le comique de ce livre réside essentiellement dans le style adopté par le narrateur (un des fils, l'intello) qui adopte un vocabulaire soutenu digne des meilleurs anthropologues et qui contraste avec la rudesse des conditions de vie de nos hommes des cavernes. Beaucoup d'anachronismes donc et surtout de situations loufoques! Ce serait trop long de toutes les exposer ici (puis ça gâcherait le plaisir de la découverte!) mais j'ai particulièrement apprécié la découverte de la fabrication du feu qui entraîne le premier incendie de forêt criminel de l'histoire de l'humanité ou encore la scène de drague des quatre garçon face aux quatre filles d'un fou furieux, patriarche d'une autre tribu! J'en ai pleuré tant l'auteur se lâche et l'on retrouve quelques éléments de difficulté auxquels sont confrontés tous les jeunes mâles boutonneux du monde! Les filles étaient déjà des chieuses à l'époque et les mecs de gros lourdauds! No comment Nelfe!
Enfin, il y a une dimension philosophique à cet ouvrage. Réflexion sur la science et le progrès certes mais surtout sur la nature humaine. Bien que drôle dans son ensemble, cette oeuvre m'a semblé faire écho à ma vision pessimiste de l'homme avec une fin bien thrash que je ne dévoilerai pas ici. Et oui, la fin m'a cloué mais finalement s'avérait la seule logique si l'on suit le développement humain à travers les âges. Je vous rassure, on s'en remet mais l'on retrouve l'idée que l'intérêt particulier et la méfiance de l'étranger l'emporte sur le principe d'universalisme et de partage... Un livre que je vous invite à découvrir tant il s'apparente à un miroir de notre espèce, de ses affres mais aussi de ses joies.