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Le Capharnaüm Éclairé
1 mai 2010

"Maus" d'Art Spiegelman, la Shoah en BD

L'histoire: Art Spiegelman est le fils d'un des survivants des ghettos polonais. Maus, son livre, est l'histoire d'une souris dont le chat a décidé d'avoir la peau. La souris est le juif, le chat le nazi. Le destin de Maus est de fuir, de fuir sans espoir l'obsession d'un chat qui lui donne la chasse et lui trace le chemin de la chambre à gaz.

 

Mais Maus est également le récit d'une autre traque, celle d'un père par son fils pour lui arracher l'histoire de sa vie de juif entre 1939 et 1945 et en nourrir sa propre mémoire, se conformant ainsi à l'obligation de se souvenir.

 

La critique Nelfesque: Si vous n'avez pas encore lu cette BD, il FAUT le faire! Pour le "devoir de mémoire" qui est tellement à la mode, pour garder à l'esprit ce dont l'homme est capable, pour le découvrir (en ce qui concerne les jeunes lecteurs (enfin pas trop jeunes quand même parce que c'est éprouvant))...

 

Art Spiegelman nous raconte dans "Maus" l'histoire de son père, Vladek, survivant des ghettos polonais et d'Auschwitz, sous forme d'entretiens et de flash-back. Nous avons donc deux lectures: les souvenirs de Vladek et les relations entre lui et son fils.

 

 

L'invasion allemande et les persécutions nazies sont au centre de cette BD qui balaie l'Histoire du début de la Seconde Guerre Mondiale et l'invasion de la Pologne à l'effondrement du Troisième Reich et l'après-guerre. La survie par tous les moyens est un combat quotidien. Se cacher, se nourrir, aider sa famille relève du miracle dans ce territoire occupé où les chats (les nazis) traquent les souris (les juifs). Ces souvenirs sont entrecoupés de scènes "actuelles" entre Spiegelman et son père. Des scènes montrant leurs relations difficiles, le besoin de savoir de Spiegelman tout en ayant du mal à l'assumer. La difficulté de la génération suivante a été de grandir, de se construire avec l'horreur qu'a vécu leurs parents, avec devant leurs yeux des rescapés. Comment vivre quand ses parents sont marqués par la mort? Comment assumer d'avoir une vie meilleure que la leur?

 

 

Loin de vouloir idéaliser son père, Spiegelman le montre tel qu'il est, une caricature antisémite de juif pourtant bien réelle: une personne avare, comptant et recomptant, pour qui un sous est un sous et qui ne gache jamais rien, quitte à entasser des choses inutiles. A la lumière de tout ce qu'à vécu Vladek, on comprend cette obsession. Toutefois Art entretient des rapports difficiles et douloureux avec son père et montre de l'agacement face à ses réactions. Toujours cette difficulté de vivre dans les pas d'un survivant qui est très intéressante.

 

L'originalité de cette BD réside dans le fait que les hommes sont représentés par des animaux. Les Juifs sont des souris, les Allemands des chats, les Français, des grenouilles, les Américains des chiens, les Suédois des élans, les Polonais des cochons, les Anglais des poissons... Je pensais que ces représentations étaient ainsi faites pour que les scènes paraissent moins dures, moins humaines et en faisant des recherches j'ai appris que ce zoomorphisme faisait référence aux images de propagandes nazies qui représentaient les Juifs comme des souris et les Polonais comme des porcs.

 

 

Cette BD fait froid dans le dos. Nous connaissons tous ce passage de l'Histoire et pourtant nous continuons à être glacés d'effroi à la vue de ce que fut le quotidien de milions de personnes à cette époque. Avec cette BD, support très souvent connoté enfantin, une impression de proximité apparait. De part le ton employé par Art Spiegelman, respectueux, pudique mais en même temps précis, nous recevons cette intimité, ces détails en pleine face. Je me répète mais au même titre qu'il FAUT voir "Le pianiste", il FAUT lire "Maus" qui, une fois reposé sur votre table de chevet, restera gravé dans votre mémoire.

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Commentaires
A
Mon prochain achat avec Max. Je cours après ces deux-là (et un autre livre qui n'a rien à voir avec la 2GM, Risque Zéro de Pete Hautman). Depuis un sacré bout de temps. <br /> <br /> <br /> <br /> Très très belle chronique.
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S
de quand date cette bd
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N
@Luna: Je l'ai lu en intégrale donc je ne fais pas de différence entre les tomes mais il est clair qu'une fois cette BD lue, quelque chose change en nous.
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L
Cette BD est vraiment bouleversante, surtout le tome 2 je trouve...<br /> J'aime beaucoup le fait qu'il ne se contente pas de parler uniquement de la guerre mais parle aussi de l'après guerre et de la façon dont son père est marqué à vie. C'est quelque chose que je vois rarement.
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T
Une bd coup de poing... cultissime !
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U
Je suis tout à fait d'accord avec toi, il FAUT lire cette BD
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N
@Radicale, Michel et 100choses: On est beaucoup dans ce cas là. Quand une oeuvre vous touche, c'est bon de la partager :)<br /> <br /> @Grimmy: Il y a BD et BD. Mais souvent la BD est connotée "enfant", ce qui est loin d'être vrai...<br /> <br /> @mazel: Bon rétablissement ;)
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1
J'ai lu cette BD il y a quelques années, elle m'avait beaucoup marquée. Vraiment une série à lire.
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M
je ne lis pourtant pas beaucoup de bd, mais celle-là franchement est a recommander ! <br /> <br /> merci pour ton passage et ton soutien durant ma longue crise d'arthrose... qui semble vouloir enfin me lacher... au programme prochainement si pas de rechute : brocante Emmaüs, rayon livres...<br /> <br /> bonne fin de journée<br /> bonnes lectures,<br /> bises
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G
J'en rajoute : c'est un must ! Je ne regrette pas de l'avoir acheté et le relis detemps en temps.
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M
Un grand classique de la BD, tu as raison il ne faut pas passer à côté
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R
J'avais adoré cette BD, tu me donnes envie de la relire !
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N
@evertkhorus: Chouette j'ai convaincu quelqu'un! ;)
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E
Merci pour cette critique, je vais le lire donc!
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M
Lecture essentielle en effet à ranger aux côtés de "Si c'est un homme " de Primo Levi.
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