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Le Capharnaüm Éclairé
20 février 2010

"J'ai voulu porter l'étoile jaune" journal de Françoise Siefridt

L'histoire: Le témoignage unique d'une jeune chrétienne, internée dans les camps français pour avoir porté l'étoile jaune.

 

C'est le jour même de l'ordonnance nazie imposant le port d'un insigne à tous les Juifs que Françoise Siefridt, une étudiante chrétienne de dix-neuf ans, décide d'arborer l'étoile jaune avec l'inscritpion "Papou", pour en dénoncer le caractère barbare et humiliant. Un geste de solidarité courageux qui lui vaut d'être aussitôt arrêtée par la police française. De juin à août 1942, au cours de son internement comme "amie des Juifs" aux camps des Tourelles puis de Drancy, Françoise Siefridt a tenu un Journal dans lequel elle rapporte les scènes poignantes dont elle a été témoin.

 

La critique Nelfesque: Voici là une lecture dure et éprouvante. Ce Journal de Françoise Siefried relate 86 jours de sa vie, privée de liberté et témoin "privilégié" d'un morceau de notre Histoire qu'il est encore aujourd'hui difficile de concevoir tant des actes abjectes et immoraux ont été perpétré. Jugés totalement injustes et injustifiés autrement que dans des cerveaux malades, des actes de résistance ont fort heureusement émergé çà et là. Certains en ont payé de leur vie, d'autres, comme Françoise Siefridt, ont été "seulement" arrêté. De cet internement ressort aujourd'hui ce Journal qu'elle a tenu sur un petit cahier d'écolier.

 

Cette jeune femme de 19 ans portait l'étoile juive "amie des Juifs". Pour ce délit, cet acte de soutien et de solidarité, elle a été arrêté. Son journal commence ici. S'en suit une incarcération au camp des "Tourelles" où Juifs, amis des Juifs et "politiques" (communistes pour la plupart) sont regroupés dans l'attente d'un transfert au camp de Drancy, l'antichambre d'Auschwitz. Ce journal, très court, de 68 pages ne laisse que très peu transparaître les émotions et protestations de cette jeune fille. Sans doute craignait-elle de se le voir retirer et risquer ainsi bien pires traitements.

 

C'est donc de manière pudique que cette étudiante  d'hypokhâgne relate les faits de cette étape précurseur des camps d'extermination. Une sorte de "no man's land" où règne la peur et le doute mais aussi l'espoir et l'attente. Sa foi ainsi que ses amitiés, malheureusement de courtes durées, avec ses compatriotes de coeur, l'ont aidé à traverser ce lourd moment dont certains ne sont pas revenus...

 

Le journal est précédé d'une longue préface qui, bien que remettant dans le contexte le témoignage de Françoise Siefridt, se révèle être lourd et indigeste. Voulant vraiment lire ce livre du début à la fin, j'ai dû me faire violence pour ingurgiter 81 pages remplies de dates et de noms propres. Toutefois, celles-ci mettent l'accent sur les réactions de l'Eglise Catholique de l'époque et permettent de nous éclairer sur les textes officiels souvent occultés ou très vite balayés.

 

La postface, quant a elle, décripte le Journal en ressituant certains personnages présents dans ce dernier et nous apporte quelques éléments de réponse sur la vie de Françoise Siefridt. Très intéressant. Les annexes sont aussi, à mon sens, très utiles.

 

"J'ai voulu porter l'étoile jaune" est donc un livre/témoignage qu'il est bon d'avoir lu pour ne pas oublier et continuer de résister face aux mouvements extrémistes menant inévitablement à des actes lugubres et inhumains. Et ce partout dans le monde.

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Commentaires
N
@Marie: Oui, je me souviens de ton post sur ton blog au retour du festival. Je la garde dans un coin de ma tête. Pour l'instant je ne l'ai pas vu dans le coin.
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M
Une pièce à voir si elle passe près de chez vous, c'est Résister c'est exister, sur des "petits" et "grands" actes de résistance... Je l'ai vue à Avignon et revue quand elle a été joué en région parisienne à l'automne.
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N
@heclea: Oui il a été proposé à différents endroits. C'est pour ça qu'on le retrouve sur pas mal de blog :)
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H
On dirait qu'il ne laisse pas indifférent... C'était un partenariat ?
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N
@vince: Il est vrai que la mode est au "go ahead" (ou pire "ouverture" à tire l'arigot ^^) mais il est toujours bon de se retourner vers le passé pour apprendre des "erreurs" de nos pères ou tout simplement prendre conscience de ce qu'on l'on perd dans certains cas (acquis sociaux par exemple).<br /> Et puis perso la seconde guerre mondiale est une période qui me passionne autant qu'elle m'effraie.
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V
je crains que l'histoire n'est plus beaucoup de place dans notre monde..Surtout celle là..Vos posts sont toujours aussi éclairants en tout cas!
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