"Un chat matin, midi et soir" de Syou Ishida

L’histoire : Moe n'aurait jamais imaginé qu'en franchissant la porte de la Clinique psychologique Nakagyô, à Kyôto, elle se verrait prescrire... un chat ! C'est pourtant le remède que le docteur Nike, secondé par son infirmière Chitose, donne à cette jeune femme de vingt ans à peine, inquiète à l'idée de perdre l'homme qu'elle aime. Kotetsu, un chat du Bengale, demande beaucoup d'attention. Parviendra-t-il à la détourner de ses angoisses et à lui redonner le sourire ?

Comme Moe, d'autres patients feront l'expérience de cette thérapie inédite, et trouveront peut-être en Shasha, petite boule de poils sautillante, ou Madame Michiko, aussi moelleuse et réconfortante qu'un mochi, le baume qui guérira leurs blessures.

la critique de Mr K : Lecture doudou mais pas seulement aujourd’hui avec Un chat matin, midi et soir de Syou Ishida sorti récemment et qui poursuit l’expérience Chats sur ordonnance que j’avais beaucoup apprécié l’année dernière déjà à la même époque. On retrouve les mêmes ingrédients et un petit supplément d’âme qui emporte l’adhésion pleine et entière d’un lecteur fasciné. Une sacrée lecture !

On suit donc plusieurs personnages qui vont de près ou de loin fréquenter la mystérieuse clinique psychologique cachée au fin fond d’une ruelle de Kyoto. L’adresse semble mouvante car les lieux apparaissent et disparaissent au gré des besoins. Une fois rentré, vous êtes accueilli par une beauté froide aux répliques glaçantes mais très professionnelle. L’infirmière vous laisse ensuite aller consulter le docteur Nike qui soigne uniquement ses patients avec des chats. Quel que soit le motif de votre venue, vous repartirez avec un charmant (ou pas) félin et vous devrez vous en occuper au mieux, noter ses habitudes etc... Le pire dans cette histoire, c’est que ça marche ! Peine de cœur, insatisfaction professionnelle, relations familiales compliquées… rien ne résiste au bon docteur qui saura sous ses airs désinvoltes vous prescrire LA bête qui favorisera votre guérison.

Les personnages sont redoutablement saisis à la mode nippone. Les situations simples, la répétition d’un quotidien parfois aliénant, tout cela dans un rythme lent, d’apparence simple mais bien plus fouillé qu’on peut le croire de prime abord. On se laisse porter doucement, dans une délicate ouate qui ne cache pas pour autant les épreuves et autres épines de l’existence. Il y a beaucoup d’introspection, de réflexions personnelles et intimes, les patients nous livrant leur parcours dans le programme félin qui leur est donné à suivre. Et puis, plus novateur sur ce deuxième tome, on s’écarte, l’auteur fait un pas de côté qui n’a d’autres but que nous apporter quelques éléments sur la clinique et ses praticiens. Des parallèles se créent, des zones d’ombre s’éclairent… enfin pas longtemps et l’on sent bien que la matière n’est pas prête d'être épuisée.

Il se dégage un profond bonheur et optimisme par moments, bien plus que dans Chat sur ordonnance. Il y a des pages pures emplies de bonheur à lire, de douces confidences et des relations hommes / chats tissées avec délicatesse, réalisme et profondeur. L’auteure est une chirurgienne de l’évocation des sentiments, dans leurs contradictions mais aussi dans leur fusionnement. On ne se lasse pas des situations qui se font et se défont devant nous, les mots glissent et pénètrent dans l’esprit, donnent à réfléchir et proposent une évasion sans borne.

L’écriture est millimétrée, alternant style japonais classique dans sa manière de poser les différents éléments et des moments plus cocasses lors des fameuses consultations. Cela donne à l’ensemble un goût unique pour une expérience vraiment magique. Un pur bonheur de lecture que je ne saurais trop vous conseiller.