"Le Pouvoir" de Frank M. Robinson

L’histoire : Professeur d'anthropologie dans une université de Chicago, Bill Tanner fait partie d'une équipe de recherche chargée par l'US Navy d'étudier l'endurance humaine, et plus précisément de déterminer quelles prédispositions permettent à certaines personnes de se montrer plus fortes, plus intelligentes, plus efficaces, plus aptes à survivre que d'autres dans des situations critiques.

Son collègue John Olson, cependant, pense que ces études ont un autre objet, tenu confidentiel. Il est persuadé qu'au sein même de leur groupe se cache un être doté de pouvoir surhumains, un être nous ayant dépassés sur l'échelle de l'évolution ; un mutant qui attend son heure pour dominer le monde...

La critique de Mr K : Retour sur une bonne lecture SF vintage aujourd’hui avec ce livre qui a tout d’une œuvre précurseuse tant les thématiques abordées sont aujourd’hui plutôt courantes. Écrit en 1956 puis "augmentée" par l’auteur lui-même par la suite, Le Pouvoir de Frank M. Robinson fait la part belle à la paranoïa. Imaginez-vous poursuivi par quelqu’un qui peut manipuler tout le monde et contrôler les esprits à distance ! C’est ce qui arrive à notre malheureux héros qui tombe de Charybde en Scylla d’un bout à l’autre de ce thriller survitaminé au dénouement délectable et à la lecture très plaisante.

Bill Tanner, docteur à la faculté reconnu de tous, travaille en parallèle dans un groupe de recherche ultra-secret où on expérimente sur des cobayes humains des tests extrêmes sur la résistance du corps humain. Sous l’égide de l’armée (on s’en doute -sic-), l’idée est de repousser les limites et on imagine à posteriori d’améliorer l’humain et en faire un super soldat. Bill est plongé dans ces recherches mais ne voit pas que quelque chose de plus grave semble se jouer en coulisse. Dans le comité des décideurs se cacherait un être doté de pouvoirs psychiques puissants et imparables. Lorsque son ami et collègue John tente de l’avertir, on le retrouve mort sans raison apparente à son bureau.

Il ne fait pas de doute pour Bill que sa langue trop pendue a coûté la vie à John et d’ailleurs la menace semble se rapprocher très vite de lui et de ses autres collègues. Du jour au lendemain le voila renvoyé de l’université car on ne le connais plus, ses références ont disparu. Son dentiste et son banquier ne se souviennent plus de lui comme si on effaçait progressivement son existence. D’étranges accidents se produisent dans son sillage et il frôle la mort à de multiples reprises alors que des gens hauts placés du projet disparaissent à leur tour dans des circonstances étranges. Pas de doute, Bill est devenu une cible. Il va tout faire pour découvrir la vérité et tenter d’échapper à un sort funeste.

L’ouvrage ne perd pas de temps dans une longue exposition, au bout d’un chapitre voila Bill lancé dans une course poursuite contre la montre d’une rare intensité. On retrouve la sensation éprouvée notamment par le personnage principal du Rapport minoritaire de Philip K. Dick. L’ambiance malsaine est terriblement rendue, notre héros se retrouve traqué et il ne sait jamais d’où peut venir la menace. Paranoïa extrême et nécessaire prudence se mêlent et donnent à lire des pages d’un suspens parfois insoutenable. Surtout que le héros mène en parallèle son enquête pour pouvoir dénicher ce fameux mutants qui veut supprimer toute trace de son existence ! C’est endiablé, sans temps mort et au final très bien construit. La fin est une belle réussite, je ne l’ai pas vu venir personnellement et cette petite pichenette finale est diablement efficace.

La caractérisation des personnage est plutôt réussie notamment pour les protagonistes principaux. Leur caractère, leurs motivations et leurs réactions sont crédibles malgré un sujet purement SF et fantastique. On s’y croirait vraiment et les émotions diverses se bousculent au portillon. On passe un peu par tous les états. L’ouvrage étant écrit en mode focalisation interne, on se met à la place de Bill immédiatement. L’immersion est totale, flippante et éprouvante. Il passe tellement de fois à côté d’une issue fatale qu'il en devient presque un miraculé. Il faut dire qu’il n’a pas les deux pieds dans le même sabot et qu’il sait danser avec la mort.

L’écriture, bien que commune, est efficace. On ne peut pas dire que ce soit de la grande littérature mais la construction est parfaite et le rythme soutenu constant. On passe donc un très agréablement moment et j’invite tous les amateurs à découvrir ce titre qui leur procurera beaucoup de plaisir de lecture, à n’en pas douter.

Comments

[Moryin]

Il me tente bien pour le coup ! Je me le note ! Belle critique qui donne envie 📖 merci !

[Mr K]

Merci beaucoup pour le compliment. Tu verras, c'est de la bombe. ;)