"Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson" de Selma Lagerlöf
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L’histoire : Pour avoir voulu se jouer d’un tomte, sorte de lutin du folklore suédois, le jeune Nils devient pareil à sa victime, c’est-à-dire à peine plus haut que la main.
Voulant retenir son jars blanc, tenté par l’appel des oiseaux migrateurs, Nils oublie sa taille minuscule, et le voici emporté dans les airs.
S’ensuivent un voyage à travers la Laponie et la Suède, en compagnie des oies sauvages, et une série d’aventures mi-merveilleuses mi-réelles.
La critique de Mr K : Lorsque mes yeux se sont posés sur cet ouvrage lors d’un énième chinage, j’ai eu un gros flash-back vers mes jeunes années quand je regardais avec passion le dessin animé qui adaptait l’ouvrage originel de Selma Lagerlöf. L’occasion ne s’était jamais présentée jusqu’ici de pouvoir le lire. Le tort est désormais réparé et j’ai littéralement dévoré Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson qui se révèle être un bijou de fantaisie et de naturalisme. Il n'a pas pris une ride et le plaisir de lire est toujours aussi prégnant. Un classique !
Nils Holgersson est un jeune garçon qui en plus d’être fainéant et mal luné, aime par dessus tout jouer des tours pendables et embêter les animaux de la ferme de ses parents. Un jour, le garnement joue un mauvais tour à un lutin et se retrouve rapetissé. Le voila bien puni et il embarque dans un grand voyage en compagnie de Martin, un jars de la basse-cour qui veut partir à l’aventure avec un troupeau d’oies sauvages mené par la vieille et sage Akka. Direction la Laponie pour un long trajet migratoire qu’empruntent chaque année ces oiseaux aux longs cours. Ça va être l’occasion pour le garçon de prendre du plomb dans la tête, de s’amender et de découvrir le monde.
Véritable récit initiatique, ce conte conjugue à merveille naturalisme, découverte de soi et l’aventure avec un grand A. On se plaît tout d’abord à voyager, à s’émerveiller de la faune et la flore que l’auteure décrit avec passion et talent. Les animaux et leur vie sauvage, le temps changeant, les paysages magnifiques que l’écriture taillée dans la dentelle met en vie de manière remarquable. Le moindre détail, le moindre aperçu général nourrit l’imaginaire du lecteur qui est véritablement transporté ailleurs dans une terre mêlant richesse naturelle et culture.
Se mêle à ce carnet de voyage, des éléments de folklore tirant vers le merveilleux. Devenu lui-même une sorte de lutin, Nils peut communiquer avec les animaux dont il va se rapprocher. Cela donne de savoureux dialogues, des personnages denses et attachants. Les oies bien sûr, la relation si particulière entre Nils et son jars. J’ai aussi beaucoup aimé ce renard revanchard qui poursuit toujours sans succès ces oies qui lui échappent tout le temps. Au gré des escales et étapes, Selma Lagerlöf évoque des cités mystérieuses, d’étranges légendes qui reprennent vie et des pans entiers de l’Histoire culturelle de la Suède. Cela donne une profondeur insoupçonnée à l’ensemble et le merveilleux se révèle savoureux comme un bon caramel mou que l’on suçoterait pendant des heures.
L’écriture est d’une beauté confondante, les descriptions sont magiques et les différentes aventures donnent à lire des leçons de sagesse, des paraboles jubilatoires sur l’humain et sa relation à la nature. C’est encore plus d’actualité aujourd’hui qu’au moment de son écriture qui, rappelons-le, vient du XIXème siècle. Pas ampoulée mais dense et enlevée par moment, le plaisir de lire est optimum et au final on ressort ravi et sur un petit nuage.
Une superbe expérience pour une œuvre intemporelle, ce livre est assurément ma découverte de cette deuxième partie d’année. Un livre à lire absolument si ce n’est déjà fait.