"Café noir" ouvrage collectif
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Le contenu : Si vous plongez vos lèvres dans ce café noir de noir, vous risquez de plonger dans des miroirs vertigineux où la littérature noire se cherche elle-même. Du nord au sud de l’Europe, jusqu’à ses territoires les plus reculés, dans les îles et les exils, elles ont débusqué ce que la littérature avait à offrir de plus sombre au travers de neuf nouvelles : le secret, le mensonge, la jalousie, les corps oubliés et les corps retrouvés, les corps humains et les corps animaux, les meurtres de sang-froid et le sang encore chaud.
La critique de Mr K : Très bel ouvrage que ce recueil de nouvelles noires paru chez Agullo le mois dernier. Café noir offre des textes venus des quatre coins de l’Europe et propose une vision de la noirceur très diverse selon les pays et les mœurs qui en découlent. Neuf nouvelles plus ou moins courtes, neuf expériences, neuf textes plus ou moins marquants mais qui m’ont fait passer un excellent moment.
Une écrivaine rencontrant son éditeur qui refuse de publier son livre et lui dit sans ambage que c’est une bouse, une sculptrice et son mari qui vivent dans un appartement où flotte une odeur de putréfaction de plus en plus piquante, un homme montant à la ville pour retrouver son amante et qui nourrit une forte jalousie, une agression et un viol qui nourrissent des souvenirs obsessionnels, l’évolution de la Tchécoslovaquie post 45 au fil de l’histoire d’une propriétaire, un prisonnier et son bourreau dans une Géorgie déchirée, un marin et son fils prennant la mer pour une traversée métaphysique, un homme convoqué au commissariat pour une raison obscure, un groupe d’ami qui a implosé et des retrouvailles décalées suite au suicide d’un membre… Voilà le programme de ces neuf textes très différents dans leur forme et leur contenu. Le point commun : leur noirceur et l’exploration sans fard de la nature humaine.
Quel que ce soit le texte, vous pouvez être sûr que c’est efficace. On navigue vraiment en eaux troubles avec des personnages très humains soumis au trouble d’une situation ou de leur nature. Bien souvent, on ne sait pas trop sur quel pied danser, les auteurs aimant nous égarer pour mieux nous surprendre ou nous attraper. Bien que les contextes soient très différents, les éléments culturels aussi (on voyage vraiment à travers toute l’Europe), on retrouve à chaque fois l’idée de se concentrer sur un moment clef d’une vie, un élément de bascule qui révèle bien des vérités sur les personnages mais aussi sur l’humanité dans son genre.
On explore nombre de thématiques de manière à chaque fois approfondie malgré la brièveté des textes. L’art et l’inspiration, le souvenir et l’Histoire, l’amour et ses dérivés plus ou moins branques, les haines ancestrales et les relations nouvelles, la liberté aussi sous toutes ses formes et dans diverses situations. On aime se faire porter, dépasser voire bousculer par ces destins abrupts et profonds à la fois.
Les écritures de Rasha Abbas, Manos Apostolidis, Murat Celik, Zonitsa Garkova, Rakel Haslund-Gjerrild, Nino Sadghobelashvili, Shobasakthi, Katerina Tuckova et José Viale Mouthino diffèrent beaucoup d’un texte à l’autre mais on est séduit par chacune d’entre elles. Elles servent remarquablement le propos et offre un voyage de toute beauté. Percutant, poétique à l’occasion et crédible, voila un recueil qui fait mouche et qui ravira les amateurs. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !