"Mémoires de la forêt T4 : La saison des adieux" de Mickaël Brun-Arnaud
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L’histoire : Autour de la famille Renard, on s'active aux préparatifs de l'anniversaire des quatre-vingts ans de la librairie de Bellécorce quand soudain, une branche craque. C'est le premier signe d'une terrible maladie : le croquebois. Pour en venir à bout, une seule solution : couper l'arbre. Mais, ça, Ernest Renard ne peut s'y résoudre. Le vieux chêne abrite les souvenirs et les œuvres de sa mère, Anouchka. S'il disparaît, c'est aussi elle qui s'en ira encore un peu plus. À moins que l'arbre des souhaits, un pommier magique dont Anouchka lui avait parlé quand il était petit, n'accomplisse un miracle. Sa quête à travers la forêt lui réservera bien des pépins, et la vie à croquer.
La critique de Mr K : Offert à la fille de notre meilleur pote, ce volume a fini par revenir par chez nous pour que nous puissions à notre tour lire l’ultime volet de la série jeunesse des Mémoires de la forêt qui a fait mouche à chaque tome. La saison des adieux de Mickaël Brun-Arnaud sonne donc la fin des aventures des habitants de Bellécorce, petite bourgade animalière où il fait bon vivre malgré les épreuves que la vie réserve. Ce fut une fois de plus une belle lecture et la conclusion est à la hauteur de ce qui a pu précéder.
Nous faisons un petit bond dans le temps et nous retrouvons à Bellécorce pour fêter les 80 ans de la librairie de la famille Renard. Archibald a passé la main à Bartholomé pour se consacrer à l’écriture et ce dernier se débrouille comme un chef pour gérer la boutique. Papa de deux garçons (Ernest et Lothaire), il vit cependant seul depuis la mort prématurée de sa femme Anouchka. La fête va pouvoir battre son plein au cœur du chêne accueillant la librairie quand des craquements lugubres se font entendre, l’arbre est en souffrance et le diagnostic est sans équivoque : le croquebois. L’arbre est condamné à plus ou moins brève échéance. Cela remue tout de monde, tout particulièrement Ernest qui va voir tous ses souvenirs et notamment les œuvres de sa mère (artiste peintre au grand talent) disparaître. Il décide de partir à la recherche d’un mystérieux arbre à vœu qui pourrait bien résoudre le problème. Ce sera de nouveau un voyage initiatique qui va lui apprendre beaucoup de choses.
C’est un véritable enchantement de retourner dans cette communauté isolée. L’ambiance douce, la bonne camaraderie, les petites douceurs que l’on offre pour goûter… tout y est pour passer un bon moment. Le temps a passé et il est bon de prendre des nouvelles des uns et des autres. Il y a bien sûr de la mélancolie et parfois même de la tristesse face à l’évolution de la maladie de certains ou la disparition pure et simple d’autres personnages de la saga. Certains tiroirs se referment, d’autres s’entrouvrent laissant planer des mystères sur certains personnages que l’on pensait connaître parfaitement. On retrouve d’ailleurs en fin d’ouvrage des arbres généalogiques forts jolis (toujours les sublimes illustrations de Sanoe, toujours fidèle au poste), outils intéressants et assez jubilatoires pour remettre en perspective les quatre volumes lus.
Mais les épreuves sont là, le voyage d’Ernest est l’occasion pour lui de s’interroger sur qui il est, sur sa famille et la perte irréparable de sa maman. Courageux mais encore jeune, on frémit en le suivant, lui le petit renardeau qui ne veut pas oublier. D’ailleurs un fardeau supplémentaire va le rejoindre et c’est finalement à deux que la quête va se poursuivre. De rencontres en rencontres, de révélations en révélations, le chemin va le mener vers des leçons de sagesse toujours justes et à propos. En parallèle, l’auteur intercale d’étranges récits journalistiques autour de l’arbre à vœux et des flashback autour de personnages clefs des premiers ouvrages. La construction est donc plus labyrinthique qu’à l’habitude mais très bien pensée, amenant le lecteur à élever son imagination et à faire des ponts entre les différents volumes. C’est très malin et réjouissant à souhait.
L’ouvrage se lit une fois de plus d’une traite avec un plaisir non feint, la langue se déguste mot après mot, phrase après phrase, page après page avec délice et gourmandise. On referme l’ouvrage un peu triste de se dire que c’était la dernière fois qu’on mettait les pieds à Bellécorce mais ce fut bon et il me tarde de partager cela avec Little K quand elle saura lire et aura l’âge requis.
Déjà lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm Éclairé :
- Mémoires de la forêt tome 1 : Les souvenirs de Ferdinand Taupe
- Mémoires de la forêt tome 2 : Les carnets de Cornélius Renard
- Mémoires de la forêt tome 3 : L'esprit de l'hiver