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Le Capharnaüm Éclairé
9 mars 2025

"Les Contes bleus du chat perché" de Marcel Aymé


L’histoire : Delphine et Marinette sont devenues bien imprudentes. Elles ouvrent la porte au loup, recueillent un cerf en fuite puis invitent les bêtes de la ferme dans la maison transformée en Arche de Noé...
Un canard part en voyage et ramène une panthère aux yeux d'or.
Un mauvais jars mord les jambes des fillettes, qui se réveillent un matin transformées en âne et en cheval. Il se passe des choses bien étrange dès que les parents sont partis.

 

La critique de Mr K : Superbe plongée en enfance avec cet ouvrage qui s’apparente clairement à une Madeleine de Proust. J’ai lu et adoré ces contes quand j’étais tout gamin sous les conseils conjoints de mes géniteurs et de ma grand-mère et je me souviens encore de cette expérience malgré mon jeune âge à l’époque. Je ne devais pas avoir plus de neuf ans et qu’est-ce que j’avais pu être emporté par les aventures de Delphine et Marinette. À la faveur d’un passage dans une boutique de seconde main, je suis donc tombé sur ces Contes bleus du chat perché de Marcel Aymé (les rouges aussi, ce sera pour plus tard) et des décennies plus tard, ils me font toujours autant d’effets.

 

Ce recueil est composé de huit contes qui mettent en scène Delphine et Marinette, deux enfants vivant dans la ferme de leurs parents. Ces derniers sont "à l’ancienne", sévères mais non dénués d’amour (ce qui m’avait échappé lors de ma première lecture d’ailleurs). La particularité de cet univers c’est la présence foisonnante des animaux qui peuvent discuter avec les humains. Tout le monde se comprend donc pour le meilleur et parfois le pire. Chaque conte met aux prises les gamines à un problème, souci qui va mettre à mal l’allégeance qu’elles doivent à leurs parents, la Morale au sens large et les pulsions enfantines qui les animent. Il y a un côté fables de la Fontaine en bien déjanté parfois, des fins pas toujours heureuses où même la Mort pointe son nez.

 

Huit contes, huit situations. Le loup serait devenu gentil et souhaiterait rentrer dans la maison pour jouer avec Delphine et Marinette, un cerf poursuivi par les chasseurs qui se réfugie à la ferme et un chien de chasse qui fait une crise de foi, un éléphant très très encombrant, le canard de la ferme revennant de son tour du monde avec une nouvelle amie appartenant aux grands fauves, un jars retors et agressif, Delphine et Marinette se réveillant transformées en animal (en l’occurrence un âne et un cheval), un mouton malin enlevé par un soldat partant au front et enfin, des cygnes qui s’improvisent placeurs d’orphelins… Autant d’historiettes décalées sur lesquelles flottent un doux vent de nostalgie et une sagesse qui traverse les âges.

 

Je trouve que ces récits n’ont pas vieilli ni perdu de leur force. Il y a un ton unique, une malice, un second degré qui m’a davantage parlé que dans ma jeunesse. Les histoires s’enchaînent avec un plaisir renouvelé pris par le sens du rythme, le minimalisme des descriptions et la caractérisation au cordeau des personnages. On se prend d’affection immédiatement pour certains d’entre eux. Les deux petites filles évidemment naïves et malignes à la fois, le chat intelligent et feignasse (mon préféré) mais aussi toutes les autres bêtes qui soutiennent leurs jeunes amies souvent embarquées malgré elles dans de sérieuses galères. Les figures tutélaires des parents filent toujours la frousse notamment quand on sait qu’ils doivent rentrer et qu’il y a une bêtise (souvent grosse) à réparer.

 

Une excellente lecture donc, un bonheur à cultiver, partager et discuter avec les plus jeunes. Je pense que Little K n’y coupera pas. Si par contre vous n’avez jamais tenté l’aventure, foncez, ça vaut son pesant d’or !

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