"La Princesse noire" de Serge Brussolo
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L’histoire : Capturée puis vendue comme esclave par des pillards vikings, Inga est achetée par une étrange châtelaine surnommée "la Princesse noire". Quel est le secret de cette femme solitaire qui règne en maître sur un manoir en ruine où elle recueille des enfants infirmes abandonnés par leurs parents ?
Inga sent qu'un mystère plane sur les lieux. Les adolescents dont elle a la garde chuchotent de biens curieuses histoires à propos d'une créatures qui hanterait les sous-terrains. Un assassin qui, tel l'ogre des contes, viendrait à chaque nouvelle lune prélever son tribut de chair fraîche. Qui se cache sous le masque d'un dieu barbare pour commettre ses crimes en toute impunité ? Quelles manigances se trament dans le secret des oubliettes ? Et que veut exactement la princesse noire ? A quoi lui sert tout ces enfants dont personne ne veut ?
La critique de Mr K : Retour dans l’univers de Serge Brussolo avec la chronique du jour consacrée à La Princesse noire, un ouvrage bien plaisant que l’on peut ranger dans la catégorie thriller médiéval. J’aime beaucoup cet auteur qui ne m’a que très rarement déçu et avec ce titre, on s’approche de la perfection grâce à un suspens haletant, des fausses pistes et révélations en cascade et des personnages complexes à souhait. Inutile de vous dire que j’ai mis un temps record pour le lire.
Inga a été capturée lors d’une expédition viking, la voila devenue esclave et vendue sur un marché à une mystérieuse dame en noire. Cette dernière la traite plutôt bien et après un long périple à travers les froides forêts du Nord, notre héroïne se retrouve servante dans un vieux manoir peuplé d’enfants hirsutes que la châtelaine a sauvé de la mort à laquelle ils étaient voués. En effet, dans les peuplades nordiques, tout signe de faiblesse ou d’infirmité est considéré comme un mauvais présage et les enfants sont alors abandonnés, "exposés" comme on disait.
Inga doit prendre très vite ses marques dans cet univers clos et inquiétant. Malgré son statut, elle possède une certaine liberté mais n’est-ce pas qu’un leurre ? Les jeunes âmes perturbées qui peuplent ces murs sont-ils si innocents ? Qui sont ces autres enfants aveugles enfermés dans les caves et qui se font décimer les uns après les autres par une mystérieuse créature ? Que penser du serviteur monstrueux très attaché à sa maîtresse et qui ne s’exprime que par grognements ? Et la dame en noire, qui est-elle vraiment ? Que semble-t-elle craindre de la part des villageois de la localité en face ? Inga va bien malgré elle se retrouver plonger dans une intrigue qui remonte à plusieurs décennies et qui ne va pas cesser de la surprendre elle et le lecteur prisonnier de ces pages.
On connaît tout le talent de l’auteur pour nous proposer des personnages riches et fouillés. On ne déroge pas à la règle ici. Il faut s’accrocher, ne pas trop s’attacher aux protagonistes car il faut bien du temps avant qu’ils livrent toutes leurs facettes. À chaque fois qu’on pense avoir mis le doigt sur une vérité, elle s’avère fausse ou tronquée. Comme l’héroïne, on tâtonne littéralement dans le noir et franchement la fin m’a cueilli. Brussolo joue à merveille sur les quiproquos, les faux-semblants et les émotions contradictoires de ces protagonistes à qui il mène la vie dure. Quel pied !
L’aspect historique est très bien rendu avec une immersion totale dans ces temps reculés où la superstition et / ou la foi gèrent la vie de tous les jours. On partage des moments d’intimité et de réjouissances notamment lors des passages se déroulant au village, on en apprend un peu plus sur les us et coutumes viking, leur mutation en peuple sédentaire. La vie est rude et simple à cette époque, malheur aux bannis ou aux êtres différents. Certains passages sont d’une grande cruauté mais le reflet réaliste et impitoyable d’une époque plongée dans bien des aspects dans l’obscurantisme.
L’écriture de Serge Brussolo fait merveille à nouveau avec un rythme endiablé, une accessibilité, une simplicité et une profondeur qui forcent l’admiration. Quel plaisir de lecture de bout en bout ! À lire absolument pour tous les amateurs du genre.
Egalement lus et chroniqués au Capharnaüm éclairé du même auteur :
- "Le Syndrome du scaphandrier"
- "Bunker"
- "Les Emmurés"
- "Avis de tempête"
- "La Main froide"
- "Pélerin des ténèbres"
- "La Fille de la nuit"
- "La Mélancolie des sirènes par trente mètres de fond"
- "Le Livre du grand secret"
- "Trajets et itinéraires de l'oubli"
- "Le Nuisible"
- "Le Murmure des loups"
- ''Le Cycle des ouragans"
- ''L'Armure de vengeance"
- "Procédure d'évacuation immédiate des musées fantômes"
- "La Captive de l'hiver"