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Le Capharnaüm Éclairé
3 décembre 2024

"Messe noire" d'Olivier Barde-Cabuçon


L’histoire : Une nuit de décembre 1759, le corps sans vie d'une jeune fille est retrouvé sur la tombe glaciale d'un cimetière parisien. Pas de suspect, et pour seuls indices : une hostie noire, un crucifix et des empreintes de pas. Un panneau placardé sur la grille d'un autre cimetière donne le ton : "Interdit à Dieu d'entrer dans ce lieu". La tension est à son comble dans la capitale.

 

Sartine, le lieutenant général de police, craint une résurgence des messes noires sous le règne du très contesté Louis XV. Volnay, le commissaire aux morts étranges et son non moins étrange compagnon, le moine hérétique, se trouvent rapidement confrontés à des forces obscures et manipulatrices. Toujours aussi mal vu du pouvoir en place, sous la férule d'un Sartine plus méfiant que jamais, le duo d'enquêteurs ne pourra compter que sur lui-même pour démasquer les ordonnateurs du rituel satanique.

 

La critique de Mr K : Très belle découverte que ce livre qui s’inscrit dans une saga qui suit les enquêtes du commissaire aux morts étranges écrite par Olivier Barde-Cabuçon. Messe noire est le deuxième volume d’une série qui pour le moment en compte 9. Vu le plaisir de lire que m’a proposé ce titre, les autres vont rapidement être dévorés quand j’aurai mis la main dessus.

 

Volanay est le fameux commissaire aux morts étranges, un homme chargé de résoudre des affaires sensibles qui échappent souvent à l’entendement ou du moins à l’esprit de l’époque. Il a pour adjoint, partenaire, un moine hérétique qui n’est qu’autre que son père. Le premier est froid, distant, inflexible. Le second est féru de philosophie et de bons mots. C’est aussi un bon vivant, son statut de moine n’étant qu’une sécurité héritée d’un passé nébuleux dont l’auteur révèle un peu la teneur au fil de cette histoire. L’alchimie entre les deux est parfaite. Malgré leurs différences, ils ont ensemble le souci de rechercher la vérité quelle qu’elle soit et aussi déviante soit elle parfois.

 

1759, le corps d'une très jeune fille est découvert dans un cimetière parisien, un corps profané comme il peut l’être lors de cérémonies occultes où l’on cherche à contacter les démons voire le premier d’entre eux ! Les deux enquêteurs sont dépêchés sur place. Les indices sont maigres mais des pistes commencent à poindre. Leur supérieur, le lieutenant général de police Sardine, un homme complexe et redoutable attend les résultats et leur adjoint une femme, Hélène, pour les "aider" dans leurs investigations. L’enquête peut démarrer et elle ne sera pas de tout repos.

 

Je me suis fait embarquer immédiatement par ce roman policier très très bien troussé, à commencer par une intrigue qui nous surprend toutes les vingt pages avec des révélations qu’on n’avait pas vu venir. C’est bien simple, comme nos deux héros, il ne faut se fier à personne et à aucun indice. C’est tortueux, malin et il est impossible d’en deviner la fin avant l’ultime chapitre. C’est aussi addictif qu’un page turner, ici à la sauce XVIIIème siècle.

 

Ce dernier est remarquablement transcrit avec un souci du respect historique de tous les instants. Du background général aux petits détails de la vie quotidienne, tout est juste, arrive à point et surtout ne surcharge jamais la lecture. L’examen d’un corps pour les besoins de l’enquête, les échelons hiérarchiques des forces de l’Ordre, les mouches et leur travail de fourmi (mouches = informateurs rémunérés), les pratiques liées à la religion et à la mort, les mœurs de la cours et la quête de l’attention du roi (un passage m’a fait savoureusement penser au superbe film Ridicule), les repas de fêtes gargantuesques, l’extrême pauvreté du peuple et la lente montée des tensions qui vont mener à la Révolution de 1789 sont autant d’éléments historiques parmi plein d’autres qui donnent une couleur réaliste à ce roman prenant comme jamais.

 

On s’attache aussi très vite aux personnages qui sont loin d’être de simples caricatures. L’empathie fonctionne à plein régime à leur endroit et l’on ne nous épargne rien de leur situation et de leurs atermoiements (et ils sont nombreux). Derrière le masque des apparences se cache des êtres en souffrance, guidés cependant par des appétits divers et variés. Rajoutez là-dessus des suppôts de Satan aussi mystérieux qu’insaisissables et vous obtenez une galerie de personnages dont on se souviendra.

 

De plus, c’est très bien écrit, dynamique, accessible et exigeant à la fois. Que ça fait du bien d’être caressé dans le sens du poil tout en élevant son érudition. Gouleyant, frais et jubilatoire à la fois, voila un roman qui fera date chez moi. Foncez !

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Commentaires
L
Tu en parles si bien cela donne très envie de s'y plonger ! Merci beaucoup pour cette découverte qui va directement dans la wishlist
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M
Depuis je m'en suis trouvé trois autres de la série d'occaz. T'as pas fini d'en entendre parler ici! ;)
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