Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Capharnaüm Éclairé
6 novembre 2024

"Nuit d'été" de Dan Simmons

 

L’histoire : Les pensionnaires d'un internat de l'Illinois sont les témoins d'une série d'événements mystérieux et terrifiants : l'un d'entre eux disparaît, des bruits incompréhensibles se font entendre, un soldat de la Première Guerre mondiale réapparaît...


L'enquête menée par un petit groupe de collégiens va les mener vers les bâtiments gothiques d'une ancienne école abandonnée, Old Central.


Et c'est, au cœur de l'été, le plus insoutenable des face-à-face qui commence : celui qui met aux prises l'innocence avec la plus monstrueuse terreur qu'on puisse imaginer...

 

La critique de Mr K : Je suis un fan inconditionnel de Dan Simmons, un auteur qui ne m’a que très rarement déçu. C’est un touche à tout, un conteur hors pair à l’imagination folle et au sens du récit hors norme. Avec Nuit d’été, on plonge dans une ambiance à la Stephen King période "Ça", Simmons nous offre un bon livre d’épouvante et un récit initiatique éprouvant pour ses jeunes héros. Bien que faisant 600 pages, le roman se lit d’une traite, sans aucun déplaisir et avec une addiction qui va grandissante.

 

Elm Haven, petite ville du Middle-West américain dans les années 1960. La vie y est paisible et la Guerre Froide semble bien lointaine. C’est la fin de l’année scolaire et les jeunes héros n’attendent qu’une chose : la liberté. Finit les cours, les devoirs, les profs pénibles… Bonjour les parties de pêche, le baseball, de Monopoly et les escapades à la campagne. La fin de l’année s’accompagne en plus de la fermeture de leur école, la gothique Old Central, qui après plus de 80 ans de bons et loyaux services (sévices ?) va fermer et laisser place à une nouvelle école construite un peu plus loin, plus moderne et plus conforme aux nouvelles normes pédagogiques et de sécurité.

 

C’est un soulagement pour Dale, Jim, Duane et les autres car ils n’en peuvent plus. Non qu’ils soient de mauvais élèves (enfin pas tous) mais cette école ne leur a jamais vraiment inspiré confiance avec ses encadrants étranges et parfois flippants, les bruits et odeurs émanant de la bâtisse et le calvaire de devoir aller au sous-sol pour soulager ses envies entre autres. Non vraiment, il faut que cela cesse et que débute l’été et les plaisirs qui l’accompagnent. Tout débute avec la disparition d’un jeune garçon ce fameux dernier jour, ce n’est que le début du commencement…

 

En effet, une menace plane sur la ville. L’école fermée, on pourrait se dire qu’ils ne risquent plus rien mais nos cinq jeunes héros vont très vite être confrontés à des événements et apparitions défiant la raison. Des morts qui semblent sortir de leur tombe, d’étrange présences invisibles, des fumées douées de vie propre, un camion d’équarrissage furieusement agressif qui cherche à éliminer l’un d’entre eux et bientôt des créatures innommables qui en ont après eux. Quelque chose ne tourne pas rond à Elm Haven et les gamins ne pourront compter que sur eux-mêmes tant les adultes semblent aveugles et sourds face à la terreur rampante qui s’abat sur la ville.

 

Cet ouvrage est un pur bonheur avec pour commencer une galerie de jeunes héros attachants au possible. Pas encore totalement rentrés dans l’adolescence, ils se complètent idéalement par leurs caractères et situations familiales bien différentes. Le lettré écrivain qui bosse à la ferme de son père, le petit enfant de cœur qui s’occupe de sa grand-mère impotente quand les parents ne sont pas là, le petit gars qui cherche à retenir l’attention de sa mère volage, la jeune fille "dite moche" qui vit dans sa caravane et possède le courage de trois garçons de son âge, le grand frère qui veille sur le petit dernier… autant de petits êtres mis remarquablement en mots et en vie et qui forment une petite bande qui doit faire face à quelque chose qui les dépasse. Pendant la première partie du roman, l’auteur s’attarde beaucoup sur leurs pensées, leur quotidien, leurs interactions le tout formant un beau panorama d’une communauté US des années 60 avec un background historique léger mais qui suffit à instaurer un climax parfait qui va être par la suite chamboulé.

 

Les entités et événements inexplicables qui surviennent sont particulièrement inquiétants et sont le prétexte pour l’auteur de nous rappeler nos peurs d’enfant. La peur du noir, de l’inconnu qui se cache dans les zones d’ombre, la peur de descendre à la cave avec cette satané ampoule qui ne s’allume qu’avec un cordon, les plombs qui sautent et qu’il faut changer, les inconnus qui traînent dans les rues et les animaux qui s’affolent sans que l’on sache pourquoi… Autant de situations archétypales mais diablement efficaces, qui s’ajoutent les unes aux autres pour déboucher vers un final dantesque qui ne laissera personne indemne.

 

On retrouve tout le talent de Simmons dans une écriture accessible, vive et virevoltante. On ne s’ennuie pas une seconde tant la tension va crescendo et les personnages sont des merveilles de caractérisation. J’ai clairement retrouvé le plaisir de lire que j’ai pu éprouver en lisant du Stephen King lors de ma prime adolescence avec des titres comme Ça, Simetière ou encore Shining. Un très bon crû donc et un livre à lire pour tous les amateurs du genre.

 

Lus et chroniqués du même auteur au Capharnaüm éclairé :
Ilium
Olympos
Terreur
L'Homme nu
Les Chiens de l'hiver
- L'épée de Darwin
- Revanche
- Le Styx coule à l'envers

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Suivez-moi
Archives
Publicité